Interview avec Jan Hrebejk | Euro Cinema | French - Eurochannel
Interview avec Jan Hrebejk (réalisateur)
Haut et Bas est votre premier film qui se déroule dans le présent.A-t-il été difficile pour vous d’écrire une histoire qui ne se situe pas dans le passé ?
Nous avons écrit le scénario très naturellement. Petr Jarchovský m'a parlé d'un reportage sur les réfugiés qu'il a vu à la télévision, qui racontait l'histoire d'un enfant perdu. Je me suis souvenu de l'histoire de mon ami, un tchèque vivant à Los Angeles, à propos de son émigration il y a trente ans. Nous avons ajouté quelques histoires vraies que nous avons vécues ou dont nous avions entendu parler, et nous avons inventé le reste. Nous avons donc fondamentalement assemblé tout ça lorsque nous avons travaillé sur le scénario de notre film Pupendo.
Bien qu'ayant un soupçon de comédie, vos thèmes sont toujours très sérieux : (Big Beat, portant sur les années 50 totalitaires, Terrier Interne, sur l'occupation en 1968, Pupendo, la normalisation des années 70). Dans Haut et Bas, c’est le racisme et la xénophobie.
Nous ne nous sommes jamais dit : « Maintenant, nous allons faire un film sur l'Holocauste ou l'Occupation ». Nous avons toujours été intrigués par un certain personnage ou une certaine histoire. C'était le cas pour Haut et Bas. Nous cherchons toujours quelque chose d'attrayant dans nos histoires et, au final, ce sont les personnages dont nous racontons l'histoire qui sont les plus attractifs. L'histoire tourne autour de nos petits personnages. D'une certaine façon, c'est une vue commune du monde. Nos héros ne façonnent généralement pas leurs histoires, ils en sont plutôt les victimes.
Pourquoi avez-vous donné à un rôle à Václav Havel qui était alors président ?
Le couple birman de notre film a été inspiré par le travail de ma femme pour Amnesty International. À l'époque, elle travaillait sur une exposition de photographies sur la Birmanie tenue sous l'égide du président Václav Havel. Je savais que sa modeste participation dans le film pourrait contribuer à sa crédibilité.
Pouvez-vous catégoriser votre nouveau film ou décrire votre inspiration ?
Personnellement, le courant du cinéma britannique représenté par Secrets etMensonges de Mike Leigh et Billy Elliot de Stephan Daldry est proche de mon style. C'est la cinématographie contemporaine que j'admire, et j'ai un type de discours similaire. Je considère également que les travaux de Woody Allen et de Miloš Forman sont remarquables. Cependant, notre principale source d'inspiration est ce que nous voyons autour de nous, et non pas ce que nous voyons au cinéma.
Comment avez-vous choisi la musique pour Haut et Bas ?
L'auteur de la musique est mon ami de longue date et collaborateur Aleš Březina, qui a aussi fait la musique de Divided We Fall. Nous avons toujours admiré la musique du film de Goran Bregovic, et grâce à son assistant Slobodan Dedejič, qui a longtemps travaillé avec Emir Kusturica, nous avons pu rencontrer les meilleurs musiciens serbes.
Il y a toujours d'excellents acteurs dans vos films. Est-ce le cas de votre nouveau film ?
En plus de Jan Tříska (une grande vedette du cinéma tchèque des années 1960 qui vit maintenant à Los Angeles), il y a Petr Forman, le fils de Miloš Forman, et l'actrice slovaque Emília Vasaryova, apparue dans Un jour un chat, qui a été primé à Cannes en 1964.
Où le tournagea-t-ileu lieu, et quelle méthode avez-vous utilisée ?
Le photographe Jan Malíř et moi-même avons filmé dans de vrais appartements et dans les rues du centre de Prague cette fois. Souvent dans un style semi-documentaire dans des conditions normales. Nous avons été inspirés par Traffic de Steven Sonderburg, que je considère personnellement comme l'un des meilleurs films de ces dernières années, en termes de styles de couleurs.
Une partie du film se déroule en Australie. Comment était-ce de travailler là-bas ?
La famille Forman, qui vit à Brisbane, nous a beaucoup aidés. Le frère de Miloš Forman et sa famille y vivent depuis la fin des années 1960. Certaines scènes ont été filmées dans leur arrière-cour. Et le vieil homme qui apparaît vers la fin du film n'est pas Sir Peter Ustinov dans son dernier rôle, mais Pavel Forman dans son premier rôle.