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Kamel Morjane — Wikipédia

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Kamel Morjane
Illustration.
Kamel Morjane en mai 2008.
Fonctions
Ministre tunisien de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration et des politiques publiques
14 novembre 201827 février 2020
(1 an, 3 mois et 13 jours)
Président Béji Caïd Essebsi
Mohamed Ennaceur (intérim)
Kaïs Saïed
Chef du gouvernement Youssef Chahed
Gouvernement Chahed
Prédécesseur Abid Briki (indirectement)
Successeur Mohamed Abbou
Chef du gouvernement tunisien
(délégation)
23 août13 septembre 2019
(21 jours)
Président Mohamed Ennaceur (intérim)
Gouvernement Chahed
Législature Ire
Coalition Tahya Tounes-Ennahdha-Machrouu Tounes
Prédécesseur Youssef Chahed
Successeur Youssef Chahed
Ministre tunisien des Affaires étrangères
14 janvier 201027 janvier 2011
(1 an et 13 jours)
Président Zine el-Abidine Ben Ali
Fouad Mebazaa (intérim)
Premier ministre Mohamed Ghannouchi
Gouvernement Ghannouchi I et II
Prédécesseur Abdelwahab Abdallah
Successeur Ahmed Ounaies
Ministre tunisien de la Défense
17 août 200514 janvier 2010
(4 ans, 4 mois et 28 jours)
Président Zine el-Abidine Ben Ali
Premier ministre Mohamed Ghannouchi
Gouvernement Ghannouchi I
Prédécesseur Hédi M'henni
Successeur Ridha Grira
Biographie
Date de naissance 9 mai 1948 (76 ans)
Lieu de naissance Hammam Sousse, Tunisie
Nationalité tunisienne
Parti politique Néo-Destour/PSD /RCD puis Al Moubadara puis Tahya Tounes
Conjoint Dorra Morjane
Diplômé de Faculté de droit de l'université de Tunis
ENA de Tunis
Institut de hautes études internationales (Genève)
Université du Wisconsin à Madison
Académie de droit international de La Haye
Profession Fonctionnaire international
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Kamel Morjane (arabe : كمال مرجان), né le 9 mai 1948 à Hammam Sousse, est un fonctionnaire international et homme politique tunisien.

Ministre de la Défense de 2005 à 2010 puis ministre des Affaires étrangères de 2010 à 2011, il est ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l'administration et des politiques publiques de 2018 à 2020. En 2019, il assure, pendant trois semaines, les pouvoirs de chef du gouvernement par délégation.

Juriste de formation (maîtrise en droit public de la faculté de droit de Tunis), diplômé de l'École nationale d'administration et de l'Institut de hautes études internationales de Genève (IUHEI), il est également diplômé de l'université du Wisconsin et de l'Académie de droit international de La Haye[1].

Après avoir été assistant en droit international à l'IUHEI de 1976 à 1977, il intègre en 1977 le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), au sein duquel il assume de hautes responsabilités, tant au siège de Genève que sur le terrain à Djibouti et en Égypte. Il retourne en Tunisie pour la première fois en 1989, alors qu'il est directeur des services du personnel du HCR, pour rejoindre le cabinet du ministre des Affaires étrangères où il met en place le programme de formation des jeunes diplomates qui servira de base à la création de l'Institut diplomatique[2].

Dix mois plus tard, considérant cette expérience comme non concluante, il répond à l'appel du nouveau haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, le Norvégien Thorvald Stoltenberg, qui le nomme à la tête de la direction Asie du Sud-Ouest, Afrique du Nord et Moyen-Orient immédiatement après l'invasion du Koweït en août 1990. En juillet 1994, au milieu de la crise des Grands Lacs, avec le génocide au Rwanda, il est muté à la direction Afrique. En septembre 1996, il est nommé ambassadeur, représentant permanent de la Tunisie auprès de l'Office des Nations unies à Genève. À ce titre, il préside notamment l'organe de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce en 1998 et le comité du budget et des affaires administratives et financières de la même organisation[1].

Il est ensuite désigné le 13 novembre 1999 par le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan comme son représentant spécial pour la République démocratique du Congo, avec rang de secrétaire général adjoint, assurant ainsi la mise en place de la MONUC et le début de la pacification de ce grand pays africain[3].

Il retourne à Genève en octobre 2001 comme Haut Commissaire assistant pour les réfugiés, chargé des opérations. Il est membre du comité consultatif de l'ONU sur la sécurité humaine[4].

Suivant l'exemple de son père Kantaoui Morjane, militant de la première heure du Néo-Destour et gouverneur de Kasserine[5] puis de Sousse[6] sous la présidence de Bourguiba, il adhère à ce même parti dès l'âge de quatorze ans, tout en étant actif au sein de l'Organisation de la jeunesse scolaire et du mouvement scout tunisien. Plus tard et alors qu'il est étudiant, il est élu membre de la commission administrative de l'Union générale des étudiants de Tunisie puis président de la cellule du Parti socialiste destourien au sein de la faculté de droit et secrétaire général du Bureau national des étudiants destouriens.

Après l'expérience non concluante de 1989, il regagne la Tunisie pour la deuxième fois, le 17 août 2005, lorsque le président de l'époque, Zine el-Abidine Ben Ali, le nomme ministre de la Défense[7]. Le 14 janvier 2010, il hérite du portefeuille des Affaires étrangères détenu jusque-là par Abdelwahab Abdallah[8],[9]. Abdelwaheb Jemal est brièvement l'un des trois secrétaires d'État qui le secondent, les deux autres étant Saïda Chtioui et Abdelhafidh Harguem.

Deux jours après la fuite du président Zine el-Abidine Ben Ali en Arabie saoudite, Kamel Morjane lui livre un passeport diplomatique, arguant son statut d'ancien président de la République, ainsi qu'à sa femme Leïla et ses deux enfants mineurs. Une semaine plus tard, il annule ces passeports à la suite des poursuites judiciaires initiées contre l'ancien couple présidentiel par le ministère de La Justice[10].

Sa reconduction à son poste, et celle d'autres ministres, au sein du « gouvernement d'union nationale » conduit par Mohamed Ghannouchi, cristallise la colère d'une partie de la population qui exige la formation d'un gouvernement excluant les personnalités de l'ancien parti présidentiel[11], le Rassemblement constitutionnel démocratique, dont Kamel Morjane est alors membre : il siège en effet au comité central du parti à partir du congrès du Défi, tenu du 30 juillet au 2 août 2008[12], et intègre son bureau politique le 26 janvier 2010[13].

Kamel Morjane quitte finalement le RCD le 20 janvier 2011[14] puis présente sa démission du gouvernement d'union nationale le 27 janvier[15]. Le 1er avril, son nouveau parti, L'Initiative, est légalisé[16] ; il obtient cinq sièges à l'assemblée constituante lors des élections du 23 octobre 2011. D'autre part, il présente ses excuses pour son silence durant l'ère de Ben Ali[17]. Le 1er décembre 2013, il fusionne avec d'autres partis, principalement Al-Watan de Mohamed Jegham, au sein d'Al Moubadara dont il devient le président[18] et qui remporte trois sièges à l'Assemblée des représentants du peuple lors des élections législatives de 2014[19].

Le 13 septembre 2014, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle[20], qu'il dépose le 20 septembre[21] ; il remporte finalement 1,27 % des voix et se classe sixième parmi les 26 candidats[22],[23].

Le 13 juillet 2016, il fait partie des signataires de l'accord de Carthage, document censé ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement d'union nationale[24].

Le 5 novembre 2018, il est désigné ministre de la Fonction publique dans le gouvernement de Youssef Chahed[25],[26]. Le 12 novembre, les députés de l'Assemblée des représentants du peuple accordent la confiance à sa désignation[27],[28]. En novembre de la même année, il est désigné membre du conseil d'administration du fonds de la Paix de l'Union africaine[29].

En avril 2019, il est proposé pour être le candidat de son parti à la prochaine élection présidentielle[30]. Le 22 mai, il annonce la fusion d'Al Moubadara avec Tahya Tounes[31] et se voit nommé président du conseil national de Tahya Tounes le 24 mai à la suite de la signature officielle de l'accord de fusion[32]. Le 22 août, le chef du gouvernement Youssef Chahed, candidat à l'élection présidentielle du 15 septembre, lui délègue ses pouvoirs selon les termes de l'article 92 de la Constitution[33],[34].

Le 3 décembre 2010, quelques jours avant le début du soulèvement populaire conduisant à la révolution tunisienne, Kamel Morjane s'exprime devant la Chambre des conseillers au sujet des informations publiées par WikiLeaks et dénonce certains télégrammes en les qualifiant de « reproduction de mensonges et de calomnies »[35].

Dans ces derniers, l'ambassade des États-Unis à Tunis évoque les abus de pouvoir de l'entourage familial du président, le qualifiant de « quasi-mafia »[35].

Il est concerné par une plainte pour détournement d'argent public et abus de pouvoir, liée à l'affaire de mise à disposition de fonctionnaires au profit du RCD, déposée par 25 avocats tunisiens contre lui et neuf autres figures du RCD : Mohamed Ghariani, Abdallah Kallel, Ridha Chalghoum, Abderrahim Zouari, Zouheir M'dhaffer, Chédli Neffati, Abdelaziz Ben Dhia, Hamed Karoui et Abdelwahab Abdallah[36].

Il est entendu le 21 avril 2011 par le juge d'instruction du tribunal de première instance de Tunis qui décide de clore l'affaire en ce qui le concerne ; les avocats interjetant appel[37], il est laissé en liberté[38]. Il fait cependant l'objet d'une interdiction de quitter le territoire et se voit refusé, le 24 août, sa demande d'annulation de la procédure par le même tribunal. Cette interdiction est finalement levée le 3 février 2014[39].

Kamel Morjane est père de deux enfants[8]. Il est marié depuis 1979 à Dorra, fille de Bouraoui Ben Ali, pilote de ligne, auteur de deux livres sur l'aviation[40] et la science[41] et cousin du président Zine el-Abidine Ben Ali[42].

  1. a et b « Biographie de Kamel Morjane, ministre de la Fonction publique », sur businessnews.com.tn, 5 novembre 2018 (consulté le 5 novembre 2018).
  2. Samy Ghorbal, « Kamel Morjane, la force tranquille », sur jeuneafrique.com, 10 septembre 2014 (consulté le 3 novembre 2014).
  3. « Kamel Morjane à la Fondation Temimi : l'autre facette, dans l'action humanitaire internationale », sur leaders.com.tn, 12 mai 2015 (consulté le 14 mai 2015).
  4. (en) « Kamel Morjane », sur un.org, 17 août 2017 (consulté le 21 octobre 2017).
  5. « Qui est Kamel Morjane ? », sur directinfo.webmanagercenter.com, 4 novembre 2014 (consulté le 6 novembre 2015).
  6. Ridha Kéfi, « Le sens d'un remaniement », sur jeuneafrique.com, 5 septembre 2005 (consulté le 9 décembre 2017).
  7. « Remaniement partiel du gouvernement », sur babnet.net, 18 août 2005 (consulté le 21 octobre 2016).
  8. a et b « Biographie de Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères », sur businessnews.com.tn, 15 janvier 2010 (consulté le 16 janvier 2010).
  9. « M. Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères », sur leaders.com.tn, 15 janvier 2010 (consulté le 16 janvier 2010).
  10. « Tunisie : Morjane, Ben Ali et l'affaire du passeport », sur jeuneafrique.com, 27 septembre 2011 (consulté le 9 décembre 2017).
  11. Delphine Minoui, « "Que la révolution tunisienne porte ses fruits" », sur lefigaro.fr, 23 janvier 2011 (consulté le 3 août 2011).
  12. « Liste des membres du comité central du RCD », sur babnet.net, 2 août 2008 (consulté le 9 décembre 2017).
  13. « 1re interview de Kamel Morjane : son analyse, ses révélations et le rôle qu'il compte jouer », sur leaders.com.tn, 4 février 2011 (consulté le 5 février 2011).
  14. « Tunisie - Les ministres de Ben Ali quittent le gouvernement », sur lepoint.fr, 27 janvier 2011 (consulté le 31 janvier 2011).
  15. (en) « Tunisian foreign minister Kamel Morjane resigns », sur theguardian.com, 27 janvier 2011 (consulté le 31 janvier 2011).
  16. « Tunisie - Kamel Morjane obtient le visa pour son parti L'Initiative », sur businessnews.com.tn, 1er avril 2011 (consulté le 9 décembre 2017).
  17. « Kamel Morjane présente ses excuses pour son silence durant le régime de Ben Ali », sur tunisienumerique.com, 16 juin 2011 (consulté le 10 janvier 2019).
  18. « Tunis : Fusion entre quatre partis politiques », sur leconomistemaghrebin.com, 31 juillet 2014 (consulté le 9 décembre 2017).
  19. « Tunisie : que devient Kamel Morjane, ministre des Affaires étrangères sous Ben Ali ? », sur jeuneafrique.com, 18 juillet 2018 (consulté le 3 septembre 2018).
  20. « Présidentielle : Kamel Morjane officiellement candidat », sur leaders.com.tn, 13 septembre 2014 (consulté le 3 novembre 2014).
  21. « Tunisie : le dernier chef de la diplomatie de Ben Ali candidat à la présidence », sur huffpostmaghreb.com, 13 septembre 2014 (consulté le 3 novembre 2014).
  22. « Tunisie : les électeurs ont voté pour le premier tour de la Présidentielle », sur information.tv5monde.com, 23 novembre 2014 (consulté le 24 novembre 2014).
  23. Sandro Lutyens, « Campagne électorale : trois stratégies de communication dévoilées de candidats perdants », sur huffpostmaghreb.com, 15 décembre 2014 (consulté le 22 décembre 2014).
  24. « L'accord de Carthage signé, Béji Caïd Essebsi félicite les Tunisiens », sur businessnews.com.tn, 13 juillet 2016 (consulté le 14 juillet 2016).
  25. « Remaniement : liste des nouveaux membres du gouvernement Chahed », sur kapitalis.com, 5 novembre 2018 (consulté le 5 novembre 2018).
  26. « Remaniement ministériel : qui sont les nouveaux ministres », sur huffpostmaghreb.com, 5 novembre 2018 (consulté le 5 novembre 2018).
  27. « Tunisie : l'ARP vote la confiance aux nouveaux membres du gouvernement », sur espacemanager.com, 12 novembre 2018 (consulté le 12 novembre 2018).
  28. Frida Dahmani, « Tunisie : l'Assemblée approuve le remaniement de Youssef Chahed », sur jeuneafrique.com, 13 novembre 2018 (consulté le 13 novembre 2018).
  29. « Kamel Morjane désigné membre du conseil d'administration du fonds de la Paix de l'Union africaine », sur leaders.com.tn, 23 novembre 2018 (consulté le 23 novembre 2018).
  30. « Kamel Morjane candidat d'Al Moubadara à la présidentielle de 2019 », sur businessnews.com.tn, 8 avril 2019 (consulté le 8 avril 2019).
  31. « Fusion entre Tayha Tounes et Al Moubadara : les partis concluent une entente de principe », sur huffpostmaghreb.com, 22 mai 2019 (consulté le 24 mai 2019).
  32. « Fusion Al Moubadra - Tahya Tounes : en attendant le « grand rassemblement » », sur kapitalis.com, 25 mai 2019 (consulté le 1er juin 2019).
  33. « Youssef Chahed délègue ses pouvoirs à Kamel Morjane », sur businessnews.com.tn, 22 août 2019 (consulté le 22 août 2019).
  34. « Le chef du gouvernement Youssef Chahed délègue ses pouvoirs à Kamel Morjane le temps de la campagne électorale », sur huffpostmaghreb.com, 22 août 2019 (consulté le 22 août 2019).
  35. a et b « Wikileaks : les précisions utiles du ministre tunisien des Affaires étrangères, M. Kamel Morjane », sur leaders.com.tn, 9 décembre 2010 (consulté le 3 novembre 2014).
  36. « Le groupe des 25 avocats fera encore parler de lui avec une nouvelle série de plaintes », sur businessnews.com.tn, 1er août 2011 (consulté le 13 août 2011).
  37. Abou Aymen, « Arrêt des poursuites judiciaires à l'encontre de Kamel Morjane », sur turess.com, 24 avril 2012 (consulté le 25 avril 2012).
  38. « Kamel Morjane interrogé et maintenu en état de liberté », sur turess.com, 22 avril 2011 (consulté le 25 avril 2012).
  39. « Kamel Morjane n'est plus interdit de voyage », sur directinfo.webmanagercenter.com, 4 février 2014 (consulté le 3 mars 2014).
  40. Bouraoui Ben Ali, Les ailes des hommes, Paris, Pharos/Jacques-Marie Laffont, 2005 (ISBN 978-2-756-90021-6).
  41. Bouraoui Ben Ali, Réécrire l'histoire des sciences, Sousse, Dar El Maaref, 2013.
  42. Samy Ghorbal, « Kamel Morjane sur tous les fronts », sur jeuneafrique.com, 2 mai 2005 (consulté le 9 décembre 2017).
  43. « Décrets et arrêtés », Journal officiel de la République tunisienne, no 3,‎ 8 janvier 2008, p. 75 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF]).
  44. « Décrets et arrêtés », Journal officiel de la République tunisienne, no 15,‎ 19 février 2008, p. 741 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF], consulté le 7 mai 2017).
  45. « Ordre du 7-Novembre », Journal officiel de la République tunisienne, no 92,‎ 17 novembre 2009, p. 3493 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF], consulté le 10 juillet 2017).