LE CAPITAL DES MOTS - ISMAËL BILLY - Le Capital des Mots.
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Sous ses bras repliés, sa tête est nue,
Ses mains se croisent, ses pouces...
Ses pouces sont blancs et tout est bien.
Dès l'averse, ses bras se resserrent,
Ses ongles se plantent durement,
Ses yeux divaguent et s'abrutissent
De larmes de nacre, et tout est bien.
Son costume est d'eau, et d'argile,
Ses bras sont blancs, doux aussi
Sont ses mains, qui se ferment là,
Ses mains sont deux, et tout est bien.
Il fait chaud un jour, il pleut après,
Il luit quelque tempête de grêlons,
Ses mains sont fermées, les étoiles
S'allument chacune, et tout est bien.
Sous la terre, il est un abri plus chaud,
Plus tendre aussi, que les douceurs
Des femmes. Limon et glaise et eaux,
La terre est tiède, fidèle, et tout est bien.
Les femmes ont pleuré une fois ; et deux,
Trois fois elles l'ont pleurée ces femmes.
Quand une fois, deux fois, trois fois,
Il a pleuré ses femmes, et tout est bien.
Éparpillé dans les lisières
Au son des grésils hivernaux,
Pluie des rouges ballons,
Pluie des pierres et des grésils,
Les grésils de l'hiver, rouges
Sont les pierres qui soufflent
Sous les grésils d'hiver.
Revenus des accroches,
Les pluies sont froides par ici,
Dans les lisières les pluies
Sont froides et le vent est gris.
Il y a ma main qui te touche,
Dans une simple main fermée,
Se cachent les ballons rouges
Et les pluies froides, froides,
Raides mes mains qui cherchent,
Qui te cherchent, ta main cherche
Les ballons rouges qui tombent
Dans des averses froides,
Sous les grésils hivernaux,
Les pluies sont froides,
Ma main est rouge, les ballons
Rouges tombent des pluies,
Dans les lisières humides ici
Le vent est roide, le vent est gris.
Mes pieds dans les tourbières,
Et ma main qui te cherche,
Là sont mes mains qui te cherchent,
Et les ballons qui tombent rouges,
Et rouges sont les gouttes,
Qui tombent de nuages d'alcool,
Mes mains sont rouges dans la terre.
Mes pieds foulent tes mains, la terre
Est rouge, oui rouge est la terre
Que foulent mes pieds qui te cherchent,
Dans des grésils d'hiver mes mains,
Trouvent sous les ballons rouges
Des grésils qui soufflent, les rouges
Accroches de tes doigts qui cherchent
Mes mains par la terre des tourbières
La terre des lisières, sont ta maison
Sous mes doigts la terre est meuble
Acide et noire, rouges sont mes mains
Qui te trouvent dans les lisières, les pluies,
Sous la terre, dans la tourbière, endormie,
Nos mains s'accrochent et le vent est gris.
Il y a l'usine aux eaux usées,
Déversées des canaux.
Émanées de la terre,
Des senteurs d'herbe grasse.
Les grands ormes se soulagent,
Ils écoutent la rivière claironner.
Ils stridulent au plus haut,
Les grillons des berges sèches.
Un bien petit garçonnet,
Se couvre de glaise humide.
Les ouvriers, des bois
S'approchent essoufflés.
Il y avait des ballons et des sucreries,
Et des craies de toutes les couleurs.
Un moustique, rêveur,
Ne sais pas quoi faire du tout.
On écoute et on prospecte,
Dans les fourrés,
On recherche un fou,
Peut-être un curé.
Mais il n'y a émanées de la terre,
Près des canaux de l'usine,
Que des senteurs claironnantes,
Et des ormes gras,
Et des grillons humides,
Des ouvriers sucrés,
Et des moustiques un peu fous.
Il y a aussi ce garçonnet endormi,
Dans la glaise refermée,
Un demi-sourire aux lèvres ravies,
Sous les eaux usées.
ISMAËL BILLY
Ismaël BILLY est né en 1987, à Lyon.
Héritier d'une double culture franco-égyptienne, il se tourne très tôt vers l'écriture.
Il a écrit un conte poétique pour enfants, le Sélénastreau à paraître prochainement.
Efflorescences, publié aux Éditions du Menhir, est son premier ouvrage