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Université et quartier historique d'Alcalá de Henares - UNESCO World Heritage Centre

  • ️UNESCO Centre du patrimoine mondial

Brève synthèse

Le bien : « Université et quartier historique d'Alcalá de Henares » est situé dans la Communauté autonome de Madrid, à 30 km de Madrid, la capitale. Le bien couvre une zone de 79 ha et inclut un ensemble magnifique d’édifices historiques, comme l’exceptionnel Colegio Mayor de San Idelfonso ou le monastère de St Bernard. Le quartier universitaire commence sur la Plaza Cervantes (anciennement Plaza Mayor) et s’étend jusqu’à l’est de la ville médiévale. Les anciennes fortifications médiévales qui l’entouraient furent en partie détruites, pour être prolongées autour du nouvel l’aménagement urbain. Le tracé est basé sur des principes d’urbanisme humanistes, avec deux axes principaux et une place centrale (aujourd’hui Plaza de San Diego) sur lequel s’élèvent les principaux bâtiments universitaires. L’enceinte médiévale fortifiée abrite en son centre l'Iglesia Magistral (cathédrale), d’où rayonne le réseau de rues qui plonge ensuite dans les anciens quartiers juifs et arabes. Au nord-ouest se trouve l’enceinte ecclésiastique, fermée par ses propres murailles, avec le palais de l’archevêché en son centre. Le centre historique compte plusieurs bâtiments protégés en vertu de la législation espagnole.

La ville trouve son origine dans la ville romaine de Complutum. Elle s’étendit pendant le Moyen Âge et prospéra au XVIe siècle  grâce à la fondation de l’université. Le concept de cette ville, son urbanisme et ses dispositions font partie du projet conçu par le fondateur de l’université, le Cardinal Cisneros. Il avait acheté des terres à l’est de la ville médiévale dans le but de fournir les infrastructures nécessaires à l’exécution de son projet universitaire, un projet portant sur des collèges, des résidences, des hôpitaux et des machines d’imprimerie qui contribuèrent tous à la réussite intellectuelle exceptionnelle de l’université d’Alcalá pendant des centaines d’années. Juxtaposée à la ville médiévale, la nouvelle ville fut convertie en un modèle exceptionnel incarnant le modèle augustin de la cité de dieu ainsi que la manière dont elle était planifiée et les bâtiments dont elle était dotée. Le rêve de la Civitas Dei devint réalité, atteignant les plus hauts niveaux de réussite intellectuelle de cette époque dans le domaine des sciences, de la langue et de la littérature, personnifiée par son fils le plus illustre, Miguel de Cervantes, dans son œuvre universelle « Don Quixote ».

Alcalá de Henares fut conçue dans le strict but d’être le siège d’une université. Ce fut la première ville de ce type dans l’histoire et elle devint un modèle de ville universitaire pour les Amériques et l’Europe. Alcalá exporta son prestige et sa forme d’organisation : un microcosme où des ordres religieux, les citoyens de la ville, le monde académique, l’éducation et le savoir vivaient tous ensemble. C’est également un exemple unique de l’architecture se rapportant à la maison d’Autriche, caractéristique dans le centre de l’Espagne  pendant la période baroque.

Critère (ii) : Alcalá de Henares fut la première ville conçue et construite uniquement en tant que siège d’une université, et devait servir de modèle à d’autres centres d’érudition en Europe et aux Amériques.

Critère (iv) : Le concept de ville idéale, la cité de Dieu (Civitas Dei), fut pour la première fois transcrit dans la pratique à Alcalá de Henares, à partir de laquelle il rayonna largement dans le monde entier.

Critère (vi) : La contribution d’Alcalá de Henares au développement intellectuel de l’humanité s’exprime par sa matérialisation du concept de Civitas Dei, par les avancées linguistiques qui y virent le jour, notamment en ce qui concerne la définition de la langue espagnole, et par le chef-d’œuvre de son plus célèbre fils, Miguel de Cervantes Saavedra, Don Quixote.

Intégrité

L’université et quartier historique d'Alcalá de Henares ont conservé les valeurs ayant fait d’Alcalá une création qui devait être imitée plus tard pendant des siècles.

Le tracé urbain en forme de grille et la conception de l’université, le réseau de rues de la ville médiévale, avec sa Calle Mayor comme artère principale, ainsi que les arcades baroques, sont tous dans un état de conservation exemplaire. Qui plus est, la majeure partie des bâtiments qui furent construits lors de la création de l’université ont conservé ou récupéré leurs utilisations d’origine, qu’elles soient universitaires, religieuses, civiles ou résidentielles.

Le bien reflète d’une manière appropriée l’importance attachée à la création de la première ville universitaire dans l’histoire et là a représentation de la Civitas Dei dans la période baroque. En outre, le  quartier compte 785 bâtiments au total, dont 465 sont protégés à l’intérieur du plan urbain, c’est-à-dire que 60% d’entre eux sont classés et déclarés présenter un intérêt historique.

En conséquence, malgré la fermeture de l’université entre 1836 et 1976, les dommages subis pendant la guerre civile, et l’absence de protection pendant une partie du XXe siècle, jusqu’à ce que l’État espagnol déclare en 1968 que ce quartier avait une valeur historique, Alcalá a conservé son intégrité dans son ensemble.

Authenticité

Malgré les nombreuses vicissitudes qu’il a subies ces 160 dernières années, le bien a conservé un haut degré d’authenticité dans son tissu urbain et de nombreux édifices historiques, parmi lesquels des bâtiments institutionnels représentatifs et des bâtiments résidentiels protégés, l’authenticité étant préservée en ce qui concerne les matériaux et la forme. 

Lorsque l’université fut fermée en 1836, la plupart des bâtiments étaient utilisés à d’autres fins, comme casernes, prisons et bureaux de l’administration. Toutefois, étant donné qu’ils furent occupés de manière continue au fils des années, ces bâtiments furent conservés sans subir d’altérations majeures.

La protection juridique du bien et la réouverture de l’université déclenchèrent également un processus intensif de récupération qui lui permit de retrouver l’authenticité de sa fonction au bout d’un siècle et demi. La plus grande partie des édifices d’importance historique sont encore une fois utilisés pour abriter des institutions universitaires, une utilisation pour laquelle ils furent construits à l’origine. De plus, les couvents de la ville sont encore utilisés à des fins religieuses, comme le sont certaines institutions de protection sociale.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le centre de la ville historique d’Alcalá bénéficie du plus haut niveau de protection juridique depuis qu’il a été déclaré avoir une valeur historique en 1968. La 1985 Ley de Patrimonio Histórico Español (la loi sur le patrimoine de l’État espagnol) et la 1998 Ley de Patrimonio Histórico de la Comunidad de Madrid (loi sur le patrimoine historique de la Communauté autonome de Madrid) protègent toutes deux le quartier historique dans son ensemble et des bâtiments individuels qui figurent sur des listes spéciales.

De plus, en 1984, le Conseil municipal a établi des règlements qui furent complétés en 1991 par le Plan General de Ordenación Urbana (loi d’urbanisme) et qui ont finalement abouti au Plan Especial de Protección del Casco Histórico (plan spécial de protection pour le centre-ville historique) adopté en 1998.

Ce plan spécial établit des règlements concernant des travaux de consolidation, restauration, rénovation et restructuration selon le niveau de protection du bâtiment : monumentale, globale, structurelle et environnementale. Dans chaque cas, les types de construction et de matériaux du bâtiment doivent être respectés. En outre, les règlements relatifs à la construction de nouveaux bâtiments dépendent des édifices historiques qui doivent être récupérés, et des restrictions concernant la hauteur, l’utilisation prévue du bâtiment et des conditions esthétiques, ainsi que l’emplacement de la publicité et d’autres installations sur les constructions. Des dispositions sont également prévues pour la réalisation d’une étude archéologique méthodique pour toute intervention dans le quartier historique.

Pour le financement d’interventions dans le quartier historique, Alcalá s’appuie sur un Consortium constitué du Conseil municipal, de l’université et de la Communauté autonome de Madrid. Elle dispose également de ses propres ressources financières et de celles provenant d’administrations régionales et de Fonds européens.

Le plan de gestion du quartier historique prendra également en considération des aspects concernant la mobilité, le tourisme, les équipements, les infrastructures et le schéma urbain, en intégrant des interventions déjà réalisées. La régulation de ces actions vise à prévenir les menaces potentielles dues à la mobilité urbaine, à la surexploitation et au dépeuplement du quartier historique. Les propositions de projets sont établies selon un plan d’investissement et seront suivies à l’aide d’un programme basé sur un groupe précis d’indicateurs. De plus, il existe un plan pour donner une nouvelle forme à de nombreuses constructions réalisées dans les années 1970.