Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival (...) - ActuaBD
- ️Didier Pasamonik - L’Agence BD
Il s’est éteint la nuit dernière d’une crise cardiaque à l’âge de 76 ans. Beaucoup d’entre ceux qui aujourd’hui se disent « spécialistes de bande dessinée » sont redevables à ce vaillant bretteur qui, jusqu’au bout s’est employé à populariser et à crédibiliser le 9ème art.
Il avait fait ses débuts chez Hachette en 1955, comme documentaliste puis comme directeur du service iconographique. De 1973 à 1989, il avait été directeur éditorial des éditions Dargaud. Il a été directeur des rédactions des mensuels Pilote, Charlie Mensuel, Lucky Luke Magazine, Le Journal de Fulgur, Spot B.D., Pogo-Poco, puis directeur général de Gautier-Langereau (1989-1990) et cofondateur des éditions Bagheera (1990-1998).
Il fut également scénariste de bande dessinée (des séries avec Gigi, Brocal-Remohi, Serres, Fahrer, …) notamment une Histoire de l’Islam et une Bible qui a reçu l’imprimatur du Vatican.
![Disparition de Claude Moliterni, fondateur du Festival d'Angoulême](http://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L450xH337/Moliterni-nov-05-85383.jpg?1727809325)
Claude Moliterni en novembre 2005
Photo : D. Pasamonik
Un ardent propagandiste du Neuvième Art
Il fut de toutes les batailles pour la connaissance et la reconnaissance de la bande dessinée. Il fut des premiers clubs de bande dessinée en France dans les années soixante, le CELEG et la SOCERLID.
Il organisa la première grande exposition de B.D. en France en 1965 : Dix Millions d’Images, à la galerie de la société photographique Montalembert où il exposa Burne Hogarth et Milton Caniff.
Mais son premier grand coup d’éclat fut la réalisation, sous sa direction, avec le concours de Pierre Couperie, Proto Destefanis, Edouard François, Maurice Horn et Gérald Gassiot-Talabot de la marquante exposition Bande dessinée et figuration narrative (1967) au Musée des arts décoratifs, présentée ensuite au Museu de arte de Sao Paulo, à l’Institute of Contempory Arts à Londres, à la Kunsthalle de Berlin, au Musée d’art moderne d’Helsinki, aux Musées royaux d’art et d’histoire à Bruxelles, ainsi qu’à la Stadsbibliotheek d’Anvers. Son catalogue reste une référence pionnière pour l’étude de la bande dessinée.
Pionnier des études sur la bande dessinée et des Festivals de BD
À la suite de ce succès énorme, il contribua à ou initia plus de 200 expositions de B.D. à travers le monde entre 1968 et 2005. Il exposa Charles Schultz, Hugo Pratt, Will Eisner, Moebius, Druillet… La plupart étaient ses amis.
Il fut notamment le fondateur et directeur de Phénix, revue d’études sur la B.D. (1966-1977) et l’auteur d’une des premières histoires de la bande dessinée. Il fut, avec Patrick Gaumer, le coauteur du Dictionnaire mondial de la bande dessinée aux éditions Larousse et le fondateur du site d’information sur la bande dessinée BDZoom.com.
Surtout il fut l’introducteur des festivals de BD en France. Il fut le fondateur de la Convention de la B.D. de Paris (1969-2003), le cofondateur du Festival International d’Angoulême qu’il co-dirigea entre 1972 et 2005, cofondateur du festival international de Lucca (1965-1992), cofondateur du festival B.D. de Chambéry (1967-2005), cofondateur du festival d’Ajaccio (1984-1994), cofondateur de la biennale Expocartoon à Rome (1993-2004), cofondateur du mouvement en faveur du Centenaire de la B.D. (1996), cofondateur de 100 Millions d’images au Musée d’art contemporain de Lyon (1996-2001)…
Récemment, il avait fondé le Premier Carrefour du 9° art et de l’image à Aubenas (2007).
![](http://www.actuabd.com/local/cache-vignettes/L450xH335/Mardikian-Moliterni-Groux-2-02f78.jpg?1727809325)
Les trois fondateurs du Festival International d’Angoulême : Jean Mardikian, Claude Moliterni et Francis Groux
Photo : DR
Ces échanges internationaux ont permis l’évolution de la bande dessinée sur notre continent et ailleurs. Angoulême avait accueilli Harvey Kurtzman, Burne Hogarth et Will Eisner dès 1975, Osamu Tezuka dès 1982… Cette émulation a favorisé l’émergence d’une bande dessinée plus adulte, un échange de connaissances que Moliterni consignait dans ses travaux. Bon exemple dans le lien .
Une telle longévité dans la promotion de la bande dessinée lui a valu, comme toujours, des critiques. Il reste qu’il fut un pionnier capital et que sans son énergie, son enthousiasme et son ouverture d’esprit, la bande dessinée francophone ne serait pas ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Il était titulaire des insignes d’Officier des Arts et Lettres, de Chevalier de l’Ordre du Mérite National, et Chevalier de la Légion d’Honneur.
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