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Champagne light pour le nouveau beauf.

  • ️Florence AUBENAS
  • ️Mon Jan 01 1996

Portrait

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Cabu, 57 ans, crée le nouveau beauf, qui porte catogan et barbe naissante, vote court terme et n'a qu'un ennemi: l'ancien beauf.

C'est un des hommes de l'année et, ma foi, il trouve ça normal.

S'étonne même d'avoir attendu la consécration si longtemps. Est-ce que, oui ou non, ces branleurs de journalistes ne passent pas leur temps à rendre hommage à des types que ni ne lui arrivent pas à la Santiag? Alors que lui, l'époque, il la sent. La hume. La tient bien dans la main, comme son téléphone portable. Mais attention: il l'a façonnée aussi, l'époque. Et aux avant-postes, pas le genre à attendre que les modes arrivent en charter des Etats-Unis. Lui, il est dans la com'.

Et puisque c'est son année, il va offrir sa tournée. Champagne light pour tout le monde. Si, si, reprenez-en, il a une combine pour l'acheter directement chez le propriétaire. De toute façon, c'est pas aujourd'hui qu'on va faire des orgies: je vous rappelle qu'il y a encore quinze jours, c'était la grève générale. Faut savoir être solidaire, merde.

Il lève son verre. Le voilà. «Mon nouveau beauf».

En 1995, pour ses 30 ans, le «beauf», ce personnage du dessinateur Cabu, a changé d'allure. Il y a quelque temps déjà, au Canard enchaîné, où le caricaturiste travaille depuis 1982, on s'était plaint que cet antihéros, portant moustache en étendard et survêtement pour armure, commençait à dater un peu. Alors, le beauf vient de changer de coiffure, de métier, de femme, de loisirs. Comme nous tous. A moins que ce ne soit l'inverse.

Comme tous les personnages de l'année, le beauf a droit à sa biographie. Si on ne la lui déroulait, il la ferait faxer

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