Le monde du travail épris de courts
- ️Sonya Faure
- ️Sat May 18 2002
Critique
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Ouvreuses et doubleurs, ouvriers d'abattoir à volailles ou décorateurs de gâteaux de fête des Mères... Neuf fictions de cinq minutes, neuf manières d'aborder le travail ou le non-travail (le dixième et dernier court sélectionné, le Joug de Damien Odoul, n'est pas diffusé). Comme chaque année depuis 1993, l'Adami a chargé dix jeunes réalisateurs de tourner en une journée sur un thème imposé : «Je veux travailler.» Cinq (parfois trop petites) minutes qui parlent toutes de cassures et de frustration, où les plombs sautent et le vernis craque : de l'envie soudaine d'assommer la DRH (le Gros de Didier Bivel) au désir inavouable de voir son amie s'en sortir moins bien que soi (Bien fait de Jean Biras).
Dans Du coeur à l'ouvrage de Sylvia Calle, les candidats à l'embauche se lancent dans une compétition grotesque pour tracer le plus rapidement possible des «maman chérie» sur des tartelettes de fête des Mères.
Fonctions annexes de Pierre Pinaud jette un regard tendre sur les désillusions d'une «comédienne», ouvreuse depuis six ans, sans audition depuis la même période. Plus violemment, tout en émotion contenue, Germain de Delphine et Muriel Coulin aborde la résignation de deux ouvriers écrasés par la lumière aveuglante et les carcasses d'un abattoir de volailles. Version parodique du ça peut vous arriver de TF1, ça vous pend au nez de Marie Brand invente une téléréalité où les spectateurs votent pour le candidat qui décrochera du travail : «Un jour, ce chômeur longue durée, ça sera vo