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C. T. Allmand, Henry V - Persée

  • ️Contamine, Philippe
  • ️Thu Mar 29 2018

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Un portrait de Henri V d'Angleterre Bon connaisseur du xve siècle franco- anglais, С. Т. Allmand reconsidère en quelques pages la figure de Henri V Lan- castre1. Sur sa vie, deux narrations contemporaines, dont les auteurs, on ne saurait l'oublier, étaient stipendiés par la monarchie anglaise : les Henrici Quinti Angliae régis gesta, de Chapelain, et la Vita Henrici Quinti, de l'humaniste italien Tito Livio. Tous deux s'accordent pour penser que, dans la lutte contre les Valois, Henri V avait Dieu et le droit pour lui, d'où ses victoires. Sauf de rares notes discordantes, l'historiographie anglaise, jusqu'au xixe siècle, resta étroitement fidèle à cette opinion. Pour W. Stubbs encore, Henri V était un modéré, « de loin le plus grand roi dans la Chrétienté » de son temps : « En lui les mourantes énergies de la vie médiévale s'enflammèrent pour un court moment ». Il faut attendre les œuvres de J. H. Ramsay {Lancaster and York, 1892) et de J. H. Wylie {The Reign of Henry the Fifth, 3 vol., 1914-1929) pour trouver une vue moins hagiographique du personnage. C. T. Allmand, quant à lui, ne s'écarte pas sensiblement du jugement porté sur Henri V par E. F. Jacob {The Fifteenth Century, 1399-1485, 1961). Comme ce dernier, il insiste sur la piété du roi, sa volonté de défendre l'orthodoxie religieuse, son sens de la justice, sa force de conviction, ses talents de propagandiste. Un problème capital, celui de sa motivation. Trois hypothèses principales peuvent être retenues pour expliquer la reprise de la guerre contre la France : pure et simple ambition, effort pour détourner l'attention de la nobility sur la précarité de sa position dynastique, ou bien défense de son droit, en toute bonne foi. C'est cette version officielle que C. T. Allmand tente de réhabiliter, tout en ajoutant — un peu rapidement à notre gré — que, dès la mort de Henri V, en 1422, « les signes des échecs futurs étaient pleinement visibles ».

1. C. T. Allmand, Henry V, The Historical Association, Londres, 1968, 26 p.