Roland Mousnier. 14 mai 1610. L'assassinat d'Henri IV. Paris, librairie Gallimard, 1964. (Trente journées qui ont fait la France, 13.) - Persée
- ️Barbiche, Bernard
- ️Mon Nov 26 2018
Roland Mousnier. 14 mai 1610. L' 'assassinat oVHenri IV. Paris, librairie Gallimard, 1964. In-8°, x-412 pages. [Trente journées qui ont fait la France, 13.)
Le vendredi 14 mai 1610, à la faveur d'un embarras de voitures dans lequel le carrosse d'Henri IV se trouvait pris rue de la Ferronnerie, un certain François Ravaillac frappa le roi de France de trois coups de couteau à la poitrine. Arrêté, interrogé, l'assassin déclara n'avoir point de complices. Une enquête montra qu'il disait vrai et qu'il était bon catholique, d'une piété fervente. On établit aussi que c'était un homme aux nerfs malades, à l'esprit mal formé, à l'imagination déréglée, un obsédé, « victime d'un flot d'images tumultueuses », et qui en avait laissé grandir une, celle du meurtre. Dès lors, une question se pose : comment Ravaillac, ce dévot, a-t-il pu enfreindre le cinquième commandement de Dieu : « Tu ne tueras point »? Où a-t-il trouvé qu'il y a des moments, des circonstances où il est permis à un particulier de tuer un chef d'État? M. Mousnier explicite le raisonnement qu'a dû faire le meurtrier en construisant le syllogisme suivant, qui constitue la trame de son livre : dans certaines circonstances, il est permis de tuer un roi ; Henri IV se trouve dans ces circonstances ; donc il est permis de tuer Henri IV. Car Ravaillac n'était pas un cas particulier ; divers témoignages montrent qu'au contraire il y avait, à l'époque, dans le royaume de France, beaucoup de « Ravaillac en puissance ». A travers l'assassinat d'Henri IV, c'est donc un beau problème de psychologie collective qui s'offre à l'historien, et c'est ce problème que M. Mousnier a magistralement étudié dans le treizième volume de la collection « Trente journées qui ont fait la France ».