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Châteauneuf-sur-Loire. Découvertes inédites sur la grande salle du château - Persée

  • ️Tournadre, Franck
  • ️Sat Oct 26 2019

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374 Actualité chapiteau, certaines nervures de feuilles étant soulignées en noir, sur un fond rouge. D’autres feuilles du chapiteau ont fait apparaître un traitement des nervures en gris très clair ou blanc, se détachant sur un fond bleu. Une autre subtilité décorative est également apparue sur certaines feuilles de chêne ornant le tailloir du chapiteau, où les nervures sont soulignées en rouge (fig. 11). Aujourd’hui ces rares décors nécessitent une intervention afin d’être préservés. Leur découverte, ainsi que celles de la fenêtre et des autres vestiges visibles à l’intérieur de l’îlot, confirment une fois de plus l’intérêt archéologique de l’ancien bourg abbatial de Villemagne et l’opportunité d’y intensifier les recherches. Frédéric Mazeran, architecte du Patrimoine

1. F. Mazeran, «Villemagne l’Argentière. Maison du

XIIIe siècle, dite ‘ Hôtel des Monnaies’ » , Bull. mon.,

2007, t. 165, p. 292-296. 2. R. Godin, Villemagne-l’Argentière. Maison particulière, baie romane sculptée polychrome. Intervention conservatoire d’urgence, Rapport, juin 2010.

Loiret

Châteauneuf-sur-Loire. Découvertes inédites sur la grande salle du château.

Petite ville située à 20 km à l’est de l’agglomération orléanaise, Châteauneufsur-Loire possède les vestiges d’un château autrefois très important, implanté au milieu d’un vaste parc public qui s’étend jusqu’au fleuve. Le principal bâtiment qui subsiste abrite l’Hôtel de ville depuis son rachat par la commune en 1925. Possession des rois de France depuis le XIe siècle, Châteauneuf fut une résidence capétienne très appréciée, notamment en raison de l’attrait de la Loire et du vaste massif forestier qui borde la ville au nord. Reconstruit sous Philippe le Bel, qui y séjourna de nombreuses fois, puis embelli par Louis Ier d’Orléans à la fin du

XIVe siècle, le château fut peu à peu délaissé jusqu’à la reprise en main du domaine par Louis Phélypeaux de La Vrillère en 1653 1.

Ce dernier engagea dès lors une longue campagne de reconstruction des bâtiments et d’aménagement des jardins, qui a bouleversé radicalement la topographie et la physionomie du château médiéval, dont n’a été conservée qu’une aile, celle de l’ancienne salle d’apparat. Des analyses dendrochronologiques menées sur les charpentes et les planchers du bâtiment ont apporté un éclairage nouveau sur cette aile médiévale, presque oubliée dans l’enveloppe du château classique 2. Cette découverte de premier ordre, qui intervient trente ans après la dernière étude du château par Jean Mesqui 3, a motivé un réexamen de tout l’édifice, en particulier des façades et des caves, dont les études archéologiques ont été commandées par la Conservation régionale des Monuments historiques et la commune de Châteauneuf-sur-Loire 4.

Présentation

Une gravure de Claude Chastillon 5 représentant Châteauneuf avant les grands travaux menés par de La Vrillère révèle l’ampleur du château médiéval, tel qu’il apparaissait encore au début du

XVIIe siècle (fig. 1). Limité par une monumentale terrasse soutenue par un haut mur à contreforts, l’ensemble comportait deux parties principales : un long corps de logis relié au sud-ouest à une grosse tour circulaire construite par Louis d’Orléans 6 ; une enceinte polygonale flanquée de tours rondes et bordée de deux ailes, dont l’une était déjà ruinée à l’époque. C’est dans cette cour du «vieux château » que se détache au côté d’une petite chapelle la silhouette d’un imposant édifice : «la grande salle » 7.

Aligné selon un axe nord-sud, le bâtiment est désormais bordé au nord par une adjonction du XIXe siècle et au sud par un pavillon en retour et une rotonde achevée en 1689 8 (fig. 2 et 3). L’édifice mesure un peu moins de 32 x 14,60 m hors oeuvre. L’élévation du mur gouttereau atteint 11 m Cl. F. Tournadre. Fig. 2 -Châteauneuf-sur-Loire, château, vue générale du sud-est.