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Mali: signature de l'accord de paix, sans les principaux groupes rebelles

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  • ️Sat May 16 2015

Des représentants du gouvernement malien, de mouvements armés et de la médiation internationale ont signé vendredi après-midi à Bamako l'accord de paix conclu à Alger, en l'absence cependant des principaux groupes de la rébellion à dominante touareg.  

Le document a été signé par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, trois représentants de groupes pro-gouvernementaux, ainsi que deux membres de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion).

Mais les trois principaux groupes rebelles, Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et branche rebelle du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) n'assistaient pas à la signature, comme annoncé.

L'accord a par ailleurs été signé par des représentants de plusieurs pays et organisations au nom de la médiation internationale : Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Nigeria, Tchad, Union africaine (UA), ONU, Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), Organisation de la coopération islamique (OCI), Union européenne et France.

La cérémonie, qui a débuté avec une heure et demie de retard sur l'horaire annoncé, a rassemblé autour du président malien Ibrahim Boubacar Keïta une dizaine de ses homologues africains. Parmi eux, le Zimbabwéen Robert Mugabe, par ailleurs président en exercice de l'UA, qui a longuement été applaudi par l'assistance, ainsi que le Nigérian Goodluck Jonathan, le Ghanéen John Dramani Mahama et le Rwandais Paul Kagame. Etaient également présents des chefs de gouvernement et représentants de plusieurs autres pays, ainsi que les ex-présidents maliens Moussa Traoré et Dioncounda Traoré.

La paix pour le nord du Mali ?

L'accord vise à instaurer une paix durable dans le nord du Mali, qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960. En 2012, il a été transformé en sanctuaire et en base d'opérations jihadiste, jusqu'au lancement de l'opération militaire française Serval en janvier 2013.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a tenu à souligner l'importance de ce moment malgré tout le travail qui reste à accomplir : « Nous avons bon espoir que cette cérémonie d’aujourd’hui nous amènera vers cet objectif que le président de la République du Mali a assigné à cette action de la communauté internationale et nous sommes conscients que les responsabilités qui échoient à la médiation seront assumées pleinement par tous les membres de la communauté internationale réunis au sein de ces deux structures, a-t-il déclaré. J’aurais un dernier mot pour les populations du Nord. Nous les appelons à se joindre massivement à ce sursaut collectif de la nation malienne et à ce sursaut collectif de la communauté internationale en leur disant simplement : mettez fin à l’effusion de sang, retrouvez-vous dans ce magnifique élan pour la construction de la République du Mali de demain. »

L'accord paraphé par la CMA, mais pas signé

Le texte avait été paraphé par le gouvernement malien et ses alliés le 1er mars à Alger, après huit mois d'intenses négociations. La CMA l'a paraphé jeudi, au bout de deux mois et demi de pressions et d'atermoiements, après avoir prévenu qu'elle ne viendrait pas le signer vendredi à Bamako. Mais, deux représentants de groupes de la CMA sont venus apposer leur signature au bas du document: Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun de la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) et Younoussa Touré, de la Coordination des Mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR2). Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, la CPA a annoncé avoir suspendu M. Ag Mohamedoun en raison de sa présence à la cérémonie de signature.

Au moment de la signature, preuve que la paix restait une perspective lointaine, sur le terrain, des affrontements opposaient des groupes pro-gouvernementaux aux rebelles près de Ménaka (nord-est), selon une source militaire au sein de la Minusma et la Coordination des mouvements de l'Azawad sans autre détail.

Hervé Ladsous, chargé des opérations de maintien de la Paix aux Nations unies a rappelé qu'il était impératif que l'ensemble des belligérants signataires ou pas de l'accord respectent les accords de cessez-le-feu et renoncent à la violence : « J’appelle toutes les parties à rétablir le cessez-le-feu immédiatement et à reprendre le dialogue pour le consolider, a-t-il insisté. Je regrette qu’une des parties au conflit, qui a paraphé l’accord [jeudi] à Alger, ne soit néanmoins pas présente aujourd’hui. Nous avons confiance dans le fait que les parties restantes se rallieront bientôt à cette paix afin que le Mali puisse renouer enfin avec la stabilité politique et le développement économique et social. Afin que ce premier pas nous mène à l’établissement d’une paix durable, il nous semble que quatre notions vont devoir gouverner les prochaines étapes : le dialogue doit continuer avec les groupes qui ne sont pas ici aujourd’hui, la possibilité qu’ils signent l’accord de paix à une date ultérieure doit rester ouverte et le fait que seules certaines des parties aient signé l’accord de paix aujourd’hui ne peut en aucun cas servir de prétexte à la reprise d’opérations militaires contre les non-signataires. »

La cérémonie a été maintenue contre vents et marées par Bamako et la médiation internationale conduite par l'Algérie malgré les violations répétées du cessez-le-feu depuis deux semaines.

Le centre de conférences de Bamako est bondé...

Mali: autour de la cérémonie d'accord de paix

David Baché