Maldives: Abdulla Yameen remporte l'élection présidentielle
- ️@rfi
- ️Sun Nov 17 2013
Abdulla Yameen a remporté ce samedi 16 novembre le second tour de l'élection présidentielle aux Maldives. Cette courte victoire - 51,3% des voix selon des résultats quasi définitifs - contre le favori Mohamed Nasheed, constitue un succès pour la vieille garde politique qui s'est rassemblée derrière Abdulla Yameen, demi-frère de l’ancien dictateur Maumoon Abdul Gayoom, qui a dirigé les Maldives pendant trente ans.
C'est une grosse défaite pour l’ancien président Mohamed Nasheed, qui avait déjà été poussé vers la sortie il y a un an et demi par des policiers mutins. C’est lui qui avait été le premier président démocratiquement élu en 2008 après les 30 de dictature de Maumoon Abdul Gayoom.
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C’est aussi lui qui était en tête du premier tour de cette élection, avec 47% des voix. Un premier tour qui a dû être organisé deux fois, car le résultat avait d’abord été annulé par une Cour suprême dominée par des juges nommés durant l’administration Gayoom.
Le second tour a eu lui aussi du mal à se tenir, mais au final l’élection est arrivée à son terme, sous la pression des Occidentaux qui accusaient les autorités de faire obstruction à l’élection pour des raisons politiques.
Au vu du score obtenu par l’ancien président Nasheed au premier tour, bien supérieur à celui de ses adversaires, il partait grand favori mais tous se sont unis contre lui. C’est donc Abdulla Yameen qui remporte la présidentielle.
Mercredi dernier, les 53 membres du Commonwealth avaient expulsé les Maldives de leur commission disciplinaire, pour qu'elle puisse entamer une enquête sur le chaos politique en cours dans le pays.
Abdulla Yameen : un parcours controversé
Député, ancien ministre du Commerce et de l’Emploi, Abdulla Yameen est surtout le demi-frère de Maumoon Abdul Gayoom, qui a régné sans partage sur le pays pendant trente ans avant d’être battu aux élections de 2008 par Mohammed Nasheed, sur lequel il vient donc de prendre, par demi-frère interposé, une éclatante revanche.
Mais il avait déjà bien savonné la planche de son successeur en installant ses partisans dans la police et à la Cour suprême : la police qui en se mutinant avait poussé Nasheed vers la sortie il y a un an et demi, et la Cour suprême qui a fait de cette présidentielle un véritable feuilleton en annulant un premier tour qui avait vu Nasheed récolter 45%, puis en reportant un premier puis un second tour.
Le parti de Nasheed affirmait pendant la campagne que voter pour Yameen, c’était remettre en place le pouvoir autoritaire de son demi-frère Gayoom. Mais Gayoom, s’il est toujours le chef du Parti du peuple maldivien, a maintenant 75 ans. Et son demi-frère doit convaincre la communauté internationale qu’il n’est pas l’homme de paille de l’ancien dictateur.
L’objectif aujourd’hui pour les dirigeants de l’archipel est surtout d’éviter les violences qui il y a un an et demi lors du départ de Nasheed avait fait chuter les réservations de touristes, dont toute l’économie des Maldives dépend.