Fouilles de Yeha - Persée

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FOUILLES DE YEHA

par FRANCIS ANFRAY

A l'est d'Axoum, la région d'Adoua, dans la province du Tigré, apparaît sous un aspect particulier, Le grès et le basalte y dominent. Un puissant appareil éruptif, produit d'une crise intense de volcanisme, compose un paysage farouche. Au flanc des collines et au creux des vallons, des lopins de terre ont cependant permis le développement de la vie rurale. Les eaux de ruissellement au temps des pluies et des sources pérennes entretiennent des ilôts de verdure. On y voit des hameaux. Dominé par un amphithéâtre de sommets qui s'élèvent jusqu'à 2.500 mètres, le village de Yeha s'adonne à l'élevage et à l'agriculture. La population compte environ quinze cents habitants. Les maisons s'égaillent au milieu d'une végétation clairsemée. Chaque mardi, un marché anime la place centrale. Des ruines antiques, et principalement les hauts murs d'un temple sur une eminence rocheuse, donnent à ce village un caractère hors du commun. (Fig. 1).

Ce temple date du cinquième ou du quatrième siècle avant J.C Cest l'édifice le plus ancien qu'à ce jour on connaisse en Ethiopie et, assez étrangement, le mieux conservé. Cela peut tenir au fait que la région depuis des siècles n'a pas été ébranlée par des tremblements de terre, au fait aussi que la maçonnerie est d'une qualité rare et que ses pierres n'ont jamais eu à être employées pour d'autres constructions comme cela est arrivé dans les sites axoumites par exemple.

Connaissance du site

C'est dans la relation du voyage d'Alvarez en Ethiopie qu'on trouve la première mention du village que le Portugais visite en 1520 et qu'il appelle Aba- fazeh, du nom d'Abba Afsé, un moine de réputation qui au sixième siècle s'établit à Yeha. En 1769, le 5 décembre, le site reçut la visite de l'Ecossais James Bruce, ou plutôt la région. Le village même, il ne fit que l'apercevoir. "At three o'clock in the afternoon we ascended what remained of the mountain of Yeeha; came to the plain upon its top; and, at a quarter before four, passed the village of that name, leaving it to the S.E. and began the most rugged and dangerous descent we had met with since Taranta." l Le village historique ne retint pas autrement son attention. *

A l'aube du dix-neuvième siècle (1810), le voyageur anglais Sait découvrit à Yeha des inscriptions de type sudarabique, 2 avant même que l'existence de telles inscriptions eut été constatée en Arabie où d'ailleurs on notera, au début leur "caractère abyssin".3 L'une des inscriptions de Sait est en haut relief. Elle est toujours à Yeha. D'autres ont été trouvées depuis, (en relief ou gravées), d'ordinaire encastrées dans la maçonnerie de maisons villageoises.