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À la table des élites bordelaises du XVIIIe siècle - Persée

  • ️Meyzie, Philippe
  • ️Sat Mar 12 2016

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Philippe MEYZIE*

A LA TABLE DES ELITES BORDELAISES

DU XVIIP SIÈCLE

« Les Bordelais semblent être grands amateurs de théâtre ; mais, d'après ce que j'ai appris, leur distraction et leur luxe consistent surtout dans la bonne chère et les dîners1. » C'est ainsi qu'en 1804 Adriaan Van der Willigen, voyageur hollandais de passage, vante les plaisirs de la table bordelaise. Cette évocation de la cuisine est un trait récurrent des récits de voyageurs séjournant dans la ville. Or, le jugement de Van der Willigen concerne le début du XLXe siècle, fin de l'âge d'or bordelais2. Il est donc intéressant de porter notre regard sur la table des élites bordelaises à son apogée, c'est-à-dire entre les années 1720 et 1770. Sous le terme d'élites, nous n'entendons pas uniquement les plus riches personnages de la ville, mais tous ceux qui possèdent un prestige social et une notabilité importante. Négociants et nobles, même désargentés, seront donc au cœur de notre étude sur les goûts alimentaires et les manières de table.

Cette approche du thème de l'alimentation sous l'angle des choix culinaires permet, comme le souligne Jean-Louis Flandrin, de « chercher quels rapports les goûts d'un peuple, d'une époque, d'un groupe ont entretenus avec les autres caractéristiques de sa culture et avec ses fondements matériels3 ». Dans le Bordeaux du XVIIP siècle, quelles sont donc les caractéristiques essentielles et

Agrégé d'histoire, allocataire-moniteur à l'Université Michel-de-Montaigne- Bordeaux-III, Philippe Meyzie prépare une thèse sur « les goûts alimentaires, les manières de table et la société dans le Sud-Ouest aquitain (XVIIP-milieu du XIXe siècle) ».