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Les rassemblements de sommeil des Hyménoptères et leur interprétation - Persée

  • ️Grassé, Pierre Paul
  • ️Tue Nov 09 2021

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Bulletin de la Société enlomologique de France

Communications

Les rassemblements de sommeil des Hyménoptères et leur interprétation

par Pierre-P. Grasse

Découvrir l'essence même du phénomène social est le but ambitieux que bien des biologistes se sont assigné. Si divergentes que soient leurs opinions, ils sont pourtant d'accord pour reconnaître que la complexité des sociétés hautement organisées oppose à l'analyse des obstacles jusqu'ici insurmontés. Aussi les manifestations sociales les plus simples retiennent-elles de plus en plus l'attention des chercheurs et certains, tels Allee et ses élèves, bornent à elles seules leurs investigations.

Les rassemblements temporaires qui se forment sous l'empire de stimuli in¬ dépendants du milieu sont compris par beaucoup d'auteurs comme des phé¬ nomènes sociaux élémentaires, isolés en quelque sorte à l'état pur.

Que, selon l'opinion la plus répandue, la «sociabilité » soit la conséquence d'une impulsion ou appétition interne qui conduit l'animal vers ses semblables ou que, selon Rabaud, une attraction agissant de l'extérieur entre individus d'une même espèce ou de plusieurs espèces les maintienne groupés, dans les rassemblements temporaires l'une ou l'autre de ces causes serait seule à inter¬ venir (x).

Un examen quelque peu approfondi révèle que de tels rassemblements n'ont pas toujours la même valeur ni les mêmes causes. Il est vraisemblable que plusieurs d'entre eux sont sans rapport avec la vie sociale.

Les rassemblements temporaires formés par les Insectes se répartissent en 3 grandes catégories. Les premiers concernent les migrations, les seconds se constituent à l'approche de la mauvaise saison et persistent jusqu'au retour de la belle saison, les troisièmes suivent le rythme nycthéméral et n'excèdent pas la durée du sommeil. De parti pris, nous laissons de côté les sociétés fa¬ miliales, temporaires ou permanentes, que forment les Ghenilles ou d'autres larves issues d'une même ponte (Vanesse de l'ortie, Hyponomeute, Bombyx cul-doré, Processionnaires, Tenthrède du poirier....), parce qu'elles représen¬ tent à elles seules un type de société, relativement complexe, au sein de la¬ quelle les individus participent souvent à une tâche commune.

Ici, nous n'étudierons que les rassemblements temporaires de sommeil. Ils sont connus chez les Odonates, les Hyménoptères, les Lépidoptères et peut-

il) Nous acceptons la distinction faite par Rabaud (1929) entre les sociétés et les foules. Ces dernières ont été définies comme il suit par Picard (1933) : «Tout rassemblement au sein duquel ne se manifeste aucune attraction des individus les uns pour les autres cons¬ titue une simple foule. Les êtres subissant, chacun pour leur compte, l'influence de quelque action du milieu, s'accumulent, convergent vers le même point. »