L'élevage des volailles en Bresse - Persée

L'ÉLEVAGE DES VOLAILLES EN BRESSE

PAR JEAN MEUNIER

Tout d'abord1 une remarque s'impose: le terme «volailles» s'applique plus particulièrement aux poulets de Bresse. Certes, toutes les espèces qu'on rencontre ordinairement dans la basse- cour y sont élevées (oies, canards, pigeons, dindes, pintades). Mais le poulet, qui réussit admirable ment, est la véritable spécialité de la Bresse et constitue, à lui seul, au moins les neuf dixièmes de l'élevage total 2.

La renommée des volailles de Bresse est établie de longue date. Aussi haut qu'on puisse remonter dans l'histoire, il est question de cet élevage qui rencontra en Bresse des conditions naturelles si avantageuses. Dans les « terriers » du Moyen Age figurent fréquemment des redevances de « gélines ». Les seigneurs et certains ecclésiastiques se réservent, par le droit du colombier, l'élevage des pigeons, volatiles vagabonds et maudits par les vilains. Vers le milieu du xvie siècle, les « coqs d'Inde » sont introduits

1. La question n'a jamais été spécialement traitée de manière détaillée; au point de vue géographique, une bonne étude d'ensemble a été donnée par M. M. Peyre dans son mémoire sur les plaines bourguignonnes et comtoises (Etudes Rhodaniennes, III, 1927). Les statistiques sont malheureusement fort rares. On trouvera des indications utiles dans Y Histoire de la Bresse louhannaise, par L. Guillemaut; 2 vol., Louhans, Romand, 1892; dans la Bresse louhannaise, Bulletin de la Société d'Agriculture paraissant depuis 1888, ibid. ; surtout dans la Volaille de Bresse, par L. Duc, article publié par l'Office agricole de l'Est-Central, Lyon, 1923. — Mes remerciements vont à M. Braye, professeur d'agriculture de Mâcon- Louhans; à M. Duc, directeur des Services agricoles de l'Ain; aux marchands volaillers et aux éleveurs, dont les précieux renseignements, tant écrits qu'oraux, m'ont été d'un grand secours. 2. Une statistique du Ier novembre 1929 fixe à 412.000 le nombre des gallinacés existant dans l'ancien arrondissement de Louhans. Mais il convient de n'avoir qu'une confiance limitée dans ce chiffre, établi peut-être un peu hâtivement.