Le katoaga - Persée
- ️Pechberty, Dominique
- ️Thu Mar 31 2016
Le katoaga
par Dominique PECHBERTY
Wallis et Futuna sont parmi les rares îles polynésiennes à avoir conservé vivantes des coutumes qui ailleurs ont progressivement disparu lors des contacts répétés avec les Occidentaux. La christianisation même, efficiente à partir de la moitié du xixe siècle, n'a pas anéanti ces coutumes 1. Au contraire, par un sursaut de vitalité, ces coutumes se sont adaptées. On ne fête plus les dieux antiques dont les symboles ont disparu mais un nouveau Dieu, et l'enthousiasme pour le célébrer est le même. Il ne s'agit pas d'un folklore à l'usage des touristes, ni de la reconquête d'un patrimoine culturel pour retrouver une identité perdue.
Lors des fêtes, katoaga, les valeurs essentielles de la culture wallisienne trouvent une occasion de consécration. Le mot katoaga est formé de katoa et de 'aga. Katoa signifie « se réunir, ensemble, entier », et 'aga « le lieu, l'endroit où se passe l'action ». Le katoaga est un grand rassemblement coutumier et l'occasion d'échanges cérémoniels. Le prétexte de ces rassemblements peut être de trois ordres : les fêtes religieuses, profanes ou privées. Les fêtes religieuses sont réparties tout au long de l'année dans chacune
des paroisses de l'île 2. Les fêtes profanes peuvent être le 14 juillet, le 29 juillet 3, ou lors de la nomination d'un nouveau ministre, ou d'un nouveau chef. Les fêtes privées ont lieu à l'occasion des mariages, communions, décès...
Ces fêtes ont un caractère rituel et possèdent une étiquette rigoureuse qu'il faut observer. Elles exigent beaucoup d'organisation, aussi sont- elles préparées longtemps à l'avance ; souvent de trois semaines à un mois avant. De même, d'une année sur l'autre, il faut prévoir les puaka (cochons) à nourrir, les 'ufi (ignames) et les kape 4 à planter. Elles regroupent plusieurs kolo (villages) et parfois plusieurs palokia (paroisses ou districts). Comme ce genre de fête peut intéresser tout un district, il faut définir quel est le village qui va organiser la cérémonie du kava, quel est celui qui préparera « l'apéritif » et qui fournira l'essentiel du katoaga. Il faudra également faire répéter les chants et les mee (danses) qui pourront être créés à cette occasion. Les 'alikifa'u (ministres 5), le faipule (chefs de district), les pulekolo (chefs de village) se réunissent en fono (conseil) pour discuter de l'organisation de la fête. Ces décisions sont reportées au fono du