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L'écriture polémique/poétique de Georges Bernanos dans « Les Grands Cimetières sous la lune » - Persée

  • ️Mingelgrün, Albert
  • ️Mon Apr 25 2016

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Page 544

L'écriture polémique/poétique

de Georges Bernanos dans

« Les Grands Cimetières sous la lune »

Albert Mingelgrün

Je commencerai cet exposé par une mise en situation qui ne se veut qu'un rappel chronologique et bibliographique, avant d'en venir aux précisions relatives à mon projet particulier.

On se souviendra que Bernanos qui s'est fixé aux Baléares, à Palma de Majorque, en octobre 1934, a tenu un journal sur la situation espagnole dès mai 1936 et que c'est en juin de la même année que paraît un premier article dans la revue dominicaine Sept, publiée à Paris. On sait qu'il sera d'abord favorable à Franco, un de ses fils s'engageant même dans les Phalanges, mais qu'il changera rapidement du tout au tout. Quant au texte des Grands Cimetières sous la lune(l), il sera composé de janvier 1937 à avril 1938, date de sa mise en librairie. Les conséquences les plus visibles de cette publication sont l'éloignement et la rupture définitifs de Bernanos avec l'Action Française et le classement de son auteur « à gauche » après la qualification « de droite » que lui avait value La Grande Peur des bien-pensants (1931). Je renverrai en la matière aux considérations de Paul Sérant (Les dissidents de l'Action Française, Paris, Copernic, 1978) et de Serge Albouy (Bernanos et la politique, Toulouse, Privat, 1980), je signalerai enfin l'ensemble le plus complet à ce jour sur les G.C. procuré par la Revue des Lettres Modernes, Études bemanosiennes, 1972, n° 13.

Pour résumer rapidement les 250 pages de ce livre dans l'édition de la Pléiade, je rappellerai qu'à sa Préface en deux temps : méditation de l'écrivain sur lui-même et exaltation de l'esprit d'enfance, succèdent les trois parties où s'entrelacent quelques thèmes essentiels, indéfiniment martelés : l'horreur et le désespoir devant la répression franquiste menée avec la complicité du clergé majorquin, la proclamation que cette violence est le symptôme d'une crise profonde de la civilisation occidentale, la réflexion sur les destins antithétiques de Hitler et de Jeanne d'Arc,

(1) Désormais abrégé en G.C. Paris, Bibliothèque de la Pléiade, in Essais et écrits de combat, I, 1971.