Le marais de l’Archevêché - Persée
- ️Mathieu, Georges
- ️Wed Apr 12 2023
MELANGES
Le marais de l’Archevêché.
Un petit marais de soixante hectares environ, situé à l’ouest des jardins de l’Archevêché, inquiéta toujours les jurats de Bordeaux au point de vue de l’état sanitaire de la ville. Il était limité au nord et au sud par le Peugue et la Devèze.
Un jeune chartreux, Biaise de Gascq, ayant affecté, en 1608, une somme considérable à la fondation d’un nouveau monastère de son ordre à Bordeaux, le cardinal François de Sourdis1 le seconda puissammént et choisit le terrain : il eut l’idée géniale d’établir les Chartreux dans ce marais de l’ouest qu’il était encore plus urgent d’assainir que ceux du nord. Il sut faire fructifier supérieurement la généreuse initiative de Biaise de Gascq.
En effet, la Chartreuse étant fondée, le cardinal de Sourdis fut fatalement amené à la relier au palais et aux jardins de l’Arche¬ vêché et à pratiquer dans ce but «l’épuisement des Palus, depuis son jardin jusques à la dite Chartreuse»2. Le chroniqueur Jean Darnal fait un tableau terrifiant de ces palus : «C’estoit, dit-il, des lieux inaccessibles, pleins de fossés et abismes d’eau, où on ne pouvoit aller ny à pied ny à cheval, exhalant tous les matins et les soirs, des vapeurs espesses. »
Le cardinal creusa des canaux, fit de belles allées, des prairies et des aubarèdes. Il transforma ce cloaque en «un des plus récréatifs lieux de France », que beaucoup de gens, au dire de Darnal, «jugent plus beau que les Tuilleries de Paris 3. » Sourdis fit du Peugue et de la Devèze4 les collecteurs principaux du dessèchement. Il employa la seule méthode rationnellé, celle de Conrad Gausse'n 5 et des autres ingénieurs hollandais : des fossés secondaires recueil¬ laient les eaux, les portaient au Peugue et à la Devèze, qui se