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cri

cri

n.m. [ de crier ]

1. Son perçant émis avec force par qqn sous l'effet d'une émotion : Elle poussa un cri de terreur hurlement pleur

2. Parole prononcée à voix très haute en signe d'appel, d'avertissement : On entendait les cris des blessés dans les décombres lamentation, plainte

3. (Surtout au pl.) Ensemble d'éclats de voix, de paroles exprimant hautement un sentiment collectif : Le public répondit par des cris d'approbation clameur

4. Son ou ensemble de sons émis par les animaux et caractéristique de chaque espèce : Le cri de la chouette est le hululement.

À grands cris,

en insistant vivement.

Cri du cœur,

expression spontanée d'un sentiment profond.

Dernier cri,

ce qui se fait de plus moderne, de plus récent : Cette caméra numérique est le dernier cri de la technologie. Des robes dernier cri.

Pousser les hauts cris,

protester avec indignation.

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CRI

(kri) s. m.

Voix poussée avec effort, de manière à être entendue au loin ; et, par extension, d'abord les voix inarticulées que nous arrache la douleur ou une passion violente, et ensuite les voix confuses, les sons indistincts d'une multitude qui demande une chose ; enfin, par exagération, les paroles emphatiques ou trop enflées d'un orateur ou d'un poëte.

Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatants [CORN., Cid, IV, 3]

Un grand peuple, seigneur, dont cette cour est pleine, Par des cris redoublés demande à voir la reine [ID., Pomp. V, 6]

Elle jeta des cris, elle versa des pleurs [ID., Médée, I, 1]

Tout le peuple à grands cris demande Nicomède [ID., Nic. V, 4]

Comment, bourreau, tu fais des cris ? [MOL., Amph. I, 2]

Elle se mit à faire des cris effroyables [HAMILT., Gramm. 10]

Il lui baisa la main, fit des cris [SÉV., 400]

Qui frappe l'air, bon Dieu, de ces lugubres cris ? Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? [BOILEAU, Sat. VI]

Que produira l'auteur après de si grands cris ? La montagne en travaille enfante une souris [ID., Art poét. III]

Nos Grecs n'ont répondu qu'avec un cri de rage [RAC., Andr. V, 3]

La moitié s'épouvante et sort avec des cris [ID., Brit. V, 5]

Pendant que tout gardait un silence paisible, Sa voix s'est fait entendre avec un cri terrible [ID., Esth. II, 1]

Nos Lévites pleuraient de joie et de tendresse, Et mêlaient leurs sanglots à leurs cris d'allégresse [ID., Athal. V, 1]

Il poussait des cris horribles [FÉN., Tél. X]

On poussa d'abord de grands cris de joie [ID., ib. XVI]

Quant aux cris naturels, l'homme les formera aussitôt qu'il éprouvera les sentiments auxquels ils sont affectés [CONDILLAC, Conn. humaines, sect. II, ch. 4]

Les cris naturels introduisent nécessairement l'usage des inflexions violentes, puisque différents sentiments ont pour signe le même son varié sur différents tons ; ah, par exemple, selon la manière dont il est prononcé, exprime l'admiration, la douleur, le plaisir.... [ID., ib. part. 2e, sect. 1re, ch. 2]

Ces chants vont se changer en des cris de tristesse [VOLT., Tancr. V, 5]

N'avoir qu'un cri, ne jeter qu'un cri, crier constamment, se plaindre sans discontinuer. Ce pauvre malade n'a qu'un cri, tant la douleur est vive.

Mme de Rochefort n'a qu'un cri, depuis que vous avez écrit à ses cousines sans lui dire un mot [SÉV., dans le Dict. de DOCHEZ.]

Familièrement. N'avoir qu'un cri après quelqu'un, se dit de plusieurs personnes qui en désirent une autre impatiemment. Ne faire qu'un cri, pousser un seul cri.

Eudoxe en le voyant ne fait qu'un cri et tombe évanouie [MARMONT., Bélisaire, ch. VI]

Fig. Jeter, pousser les hauts cris, se récrier, se plaindre amèrement. On dit aussi dans le même sens crier les hauts cris, faire les hauts cris.

Je le trouvai criant les hauts cris [SÉV., 32]

Mme de Brissac de crier les hauts cris [ID., 117]

Mme d'Elbeuf a crié les hauts cris [ID., 212]

M. le Prince et son parti firent les hauts cris [SAINT-SIMON, 91, 109]

Paroles prononcées en criant et de manière à être entendues au loin. Cri de guerre. Cri de ralliement. Un cri d'alarme se fit entendre. Cris de Paris, cris des petits marchands qui offrent de vendre ou d'acheter par la ville de menues denrées, des ouvriers ambulants qui offrent de faire de menus ouvrages. Acclamation. Les cris de vive le roi ! retentissaient de tous côtés.

J'ai vu de rang en rang cette ardeur répandue, Par des cris généreux éclater à ma vue [RAC., Alex. I, 2]

Sont autant de témoins dont le cri glorieux A déposé pour vous au tribunal des Dieux [VOLT., Sémiram. I, 5]

Cri public, ce qu'on publie à son de trompe par ordre de justice. Il est défendu par cri public. Les cris de l'école, les paroles bruyantes, qui se font entendre dans les argumentations des écoles.

Juvénal, élevé dans les cris de l'école, Poussa jusqu'à l'excès sa mordante hyperbole [BOILEAU, Art p. II]

Tout est trouble et discorde, et les cris de l'école Égalent en fracas les cavernes d'Éole [DELILLE, Trois règnes, II]

Terme de chasse. Mots que prononcent les chasseurs quand ils parlent aux chiens pour les flatter ou les exciter à poursuivre la bête. Chasser à cor et à cri, chasser avec le cor et les chiens ; et fig. Demander à cor et à cri, demander à haute voix, d'une voix pressante. Terme de blason. Cri d'armes, cri de guerre, ou, simplement, cri, un ou plusieurs mots en forme de devise qu'on place ordinairement au cimier des armes. Comme ces mots étaient anciennement sur les bannières, c'était dans les batailles le cri de ceux qui suivaient une bannière.

Gémissement, plainte, accusation. Dieu entend les cris des veuves et des orphelins.

Et mes cris éternels L'arrachèrent du sein et des bras paternels [RAC., Phèd. I, 3]

Son père par vos cris dès longtemps prévenu [ID., ib. III, 3]

Voilà, voilà les cris que je craignais d'entendre [ID., Iphig. IV, 5]

Sion, le jour approche où le Dieu des armées Va de son bras puissant faire éclater l'appui, Et le cri de son peuple est monté jusqu'à lui [ID., Esth. I, 1]

Les cris élevés contre l'inoculation, même avant qu'on eût essayé de la mettre en usage [CONDORCET, Tronchin.]

Opinion publique. Il n'y a qu'un cri contre lui. Le cri public.

La renommée se fait entendre et le cri de la louange devient général [DESFONTAINES, ]

Quoiqu'il n'y ait qu'un cri contre ceux qui ont l'imprudence de jouer, sans s'être informés de la valeur des jetons, chacun peut impunément parler sans avoir appris la valeur des mots [CONDILLAC, Traité des syst. ch. 18]

Si quelquefois les femmes sortaient des bornes de cette modestie, le cri public montrait que c'était une exception [J. J. ROUSS., Lettre à d'Alemb.]

Fig. Appel qui émane des choses, des sentiments. Étouffer le cri de la conscience.

Les cris du sang, sa force et ses impressions [VOLT., Fanat. IV, 1]

Allez, sacrés vengeurs de vos princes meurtris, De leur sang par sa mort faire cesser les cris [RAC., Athal. V, 6]

Le cri de l'innocence, qui, dans le moment de l'action, appelle des témoins, appelle des juges [MONTESQ., Esp. XXIX, 15]

À l'instant va s'élever contre moi cette philosophie d'un jour qui naît et meurt dans le coin d'une grande ville et veut étouffer de là le cri de la nature [J. J. ROUSS., Lettre à d'Alemb.]

De ses mânes sanglants j'apaiserai les cris [VOLT., Œdipe, III, 5]

Et l'on entend dans les bois d'alentour La voix mourante ou le cri de l'amour [BERNARD, Art d'aimer, III]

Le cri de leur remords est monté jusqu'à moi [DELILLE, Parad.]

perdu, XI., Cri de l'honneur [DUCIS, Othello, III, 5]

Avant Gustave Vasa, tout Suédois était militaire ; au cri du besoin public, le laboureur quittait sa charrue et prenait un arc [RAYNAL, Hist. phil. V, 9]

Entends du haut des cieux le cri de nos besoins [LAMART., Méd. I, 16]

Voix propre à chaque animal. Le cri de la corneille annonce de la pluie.

La poule qui partage un ver à ses enfants N'a pas le même cri que la poule éperdue Dont l'horrible faucon vient de frapper la vue [DELILLE, Trois règnes VIII]

Un effroyable cri [d'un monstre] sorti du sein des flots Des airs en ce moment a troublé le repos [RAC., Phèd. V, 6]

Bruit strident. Le cri de la scie.

N'entend-on pas le qui-vive des gardes, Qui se mêle au cri des verrous ? [BÉRANG., Louis X]

Poétiquement.

J'ai souvent sur ma tête Entendu les fureurs, les cris de la tempête [DUCIS, Othello, I, 8]

Le cri de l'étain, craquement que ce métal fait entendre quand on le plie.

Donner du cri à la soie, la soufrer.

SYNONYME

  • CRI, CLAMEUR. Cri est beaucoup plus général que clameur ; il se dit de tout grand bruit de voix produit par l'homme ou par les animaux, tandis que clameur exprime quelque chose de collectif. Un homme pousse un cri, mais il ne pousse pas une clameur ; au contraire on dira la clameur de la foule. Cependant la Fontaine a dit, et très bien dit : Une montagne en mal d'enfant Jetait une clameur si haute.... Fabl. V, 10. Mais ici la montagne est quelque chose de gigantesque qui équivaut à quelque chose de collectif.

HISTORIQUE

  • XIe s.

    Cil Ki prendra larun sanz suite et cri [, Lois de Guill. V]

    Donc [ils] recomencent et le hu et le cri [, Ch. de Rol. CLI]

  • XIIe s.

    Li quens Ernouf en out de traïson grant cri [blâme], Mais onques por le blasme le chastel ne guerpi [quitta] [, Rou, ms. p. 65, dans LACURNE]

    Qu'à l'assembler [à l'attaque] ot tel noise et tel cri [, Ronc. p. 72]

    Grans fu la noise et li cris de la gent [, ib. p. 77]

    Devant lui vient, si lui crie à haut cri [, ib. p. 142]

    Charles li rois fist faire et son ban et son cri [, ib. p. 191]

    Que, s'en tute la terre eüst clerc si hardi, Qui à Rome apelast al lues le rei Henri, Sereient erranment tuit si chasel saisi, E il mis en prisun, cum s'il eüst mal cri [, Th. le mart. 66]

    Seignur, par amur Deu, nel faites pas einsi ; S'un ocist l'arcevesque, vus en aurez le cri ; Car tus li païs scet que vus l'avez haï [, ib. 42]

  • XIIIe s.

    Qui de fausser ont le cri [ont la réputation de tromper] [, Ms. de poésie fr. avant 1300, t. IV, p. 407, dans LACURNE]

    Orgueil de serf, ueil de larron, Langue de leu [loup], cri de paon [, Partonop. Ms. de St-Germ. f° 164, dans LACURNE]

    Lors a la male serve un mout grant cri jeté [, Berte, X]

    Chascuns entre en la chambre, quant il oient le cri [, ib. LXXXIX]

    Chascuns maudit la serve et crient à haus cris.... [, ib. XCIX]

    Que vous n'aurez ne cri ne non De m'amor, pour rien que je voie [, Lai de l'ombre]

    Cascuns est tenus de penre [prendre] le bani son segneur ; et, s'il ne le pot penre, de lever le cri après li, et de porsivir tant qu'il soit pris [BEAUMANOIR, XXXIV, 32]

    Et quant li cris a esté fet communement par les eglises, il doivent regarder combien il sont tenu à paier [ID., XII, 31]

    Quant les bouchiers et les autres homes de l'ost et les femmes qui vendoient les danrées oïrent ce, il leverent le cri en l'ost, et à [avec] l'aide de Dieu il secoururent le conte [JOINV., 233]

  • XVe s.

    Et fit-on à savoir par un cri et par un heraut que, le premier qui entreroit dedans Duras, il gagneroit cinq cents francs [FROISS., II, II, 11]

    Elle m'a faict souvent monter à cheval, faire mes effors, Aller, chevaucher, tempester. Et courir à cry et à cors [COQUILL., Monol. de la botte de foin.]

  • XVIe s.

    Les pauvres femmes se leverent à cri [en criant], tant estonnées de voir leur maistresse comme morte [MARG., Nouv. X]

    Et les vieilles desolées Se tordent leurs cheveux gris, Voyant leurs filles en cris Par ces bourreaux violées [YVER, p. 526]

    Et si doit [l'aîné] avoir le nom, le cri et les armes pleines [LOYSEL, 615]

    Le heraut s'escria si hault que son cry fut ouy de toute l'assemblée [AMYOT, Flamin. 20]

    Les cris et proclamations publiques [ID., Solon, 11]

ÉTYMOLOGIE

  • Provenç. crit, crida ; catal. crit ; espagn. grito ; ital. grido (voy. CRIER).

Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

cri

CRI. n. m. Son aigu et perçant émis par la voix. Un cri de douleur. Cri de joie, d'allégresse. Cri d'horreur. Cri perçant. Jeter un cri. Pousser un grand cri. Les cris, les lamentations des femmes. Il fit un cri que nous entendîmes de très loin.

Il se dit quelquefois au singulier des Cris poussés par plusieurs personnes à la fois. Un cri s'éleva dans l'assemblée. Un cri général se fit entendre.

Fig. et fam., Jeter, pousser les hauts cris, Se récrier, se plaindre hautement. Cette innovation fit jeter les hauts cris.

Ne faire qu'un cri, se dit familièrement d'un Malade qui crie sans discontinuer.

Il se dit aussi de la Voix ordinaire des animaux, et particulièrement des quadrupèdes et des oiseaux. Son cri ordinaire est un rugissement prolongé. Le cri du pivert annonce de la pluie. La chouette a un vilain cri, un triste cri. Imiter le cri d'un oiseau.

Fig. et fam., Pousser des cris de paon, Protester avec aigreur, avec indignation.

En termes de Chasse, Chasser à cor et à cri. Voyez COR.

Il se dit par analogie en parlant des Marchands et ouvriers ambulants qui annoncent à haute voix leur genre de commerce ou d'industrie, le prix de ce qu'ils vendent, etc. Les cris de Paris. Le cri d'un remouleur.

Il se dit également de Certaines phrases brèves que l'on prononce à très haute voix, pour donner quelque avertissement, pour exprimer quelque émotion vive, etc. Un cri d'alarme se fit entendre. Dans ce danger pressant, il poussa un cri de détresse. Le cri de " Sauve qui peut! ". J'entendais les cris " Au meurtre! à l'assassin! ". Des cris séditieux.

Cri de guerre, cri d'armes, ou simplement Cri, se disait de Certains mots qu'une nation, une ville, une maison illustre portait écrits sur ses drapeaux, sur les cottes d'armes, et que les gens de guerre, marchant sous ses bannières, avaient coutume de crier en allant au combat. Le cri des Français était " Montjoie Saint-Denis " ; le cri de la maison de Bourbon : " Notre-Dame ".

Il se prend figurément pour les Plaintes et les gémissements des personnes qui sont dans l'oppression, dans l'affliction, etc. Dieu entend les cris des veuves et des orphelins. Les cris de l'opprimé. Fermer l'oreille au cri de la misère. Le cri de la douleur publique.

Il se dit aussi figurément de Toute opinion manifestée hautement ; et alors il s'emploie surtout en parlant de Plusieurs personnes qui s'accordent à blâmer, à désapprouver quelqu'un ou quelque chose. Il n'y a qu'un cri sur telle personne, sur telle chose. Un cri général s'éleva contre lui. Les cris d'une cabale impuissante.

Le cri public, L'opinion publique, favorable ou contraire. Braver le cri public.

Il se dit encore figurément des Mouvements intérieurs qui nous portent à faire une chose ou qui nous en détournent. Le cri du coeur. Étouffer le cri de la conscience. Le cri de l'amour maternel. Le cri de la nature. Le cri du sang.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

cri

Cri, m. Sans adjonction c'est voix exaucée, haute voix, Clamor, Quiritatus. Duquel mot il vient. voyez Crier. Nicot en ses Odes. Sus mon Ame Qu'on entâme Un dueil plus amer que fiel: Sus ma voix, De mes esmois, Jette un cri amont le ciel. Pline epist. 106. dit, Quiritatus infantium. Et parce que le cri est voix hautaine, de là est procedé qu'on dit Les cris de Paris pour les voix haut-sonnantes de ceux qui portent à vendre quelque chose que ce soit parmi la ville: mais avec adjonction on lit en Oolin Bas cri pour voix basse, Summissa vox.

Le cri et bruit du peuple d'une ville, Quiritatus, huius quiritatus.

En bas cri, c'est tout bas, Summissa voce, Les barons dirent en bas cri, en Oolin, c'est entre eux et secrettement, Consultantes inter se, Qu'on dit aussi Basse-noise.

Un grand vilain cri, et nullement accordant, Clamor absonus.

Un cri se prend à sonner tout autour des ennemis, Circunsonat hostes clamor.

Avec cri, Cum clamore.

Faire un petit cri, Concrepare.

¶ Faire cri et commandement que chacun ait à prendre les armes, Vocare ad arma.

Cri public, C'est proclamation faite par authorité de personne publique envers le peuple, et de chose concernant le public, Praeconium publicum. Car tout cri publiquement fait n'est pas entendu par ces mots, Cri public: ainsi dit-on à son de trompe, et cri public. Selon ce on dit faire un cri par le Roy. Iussu Regis facere praeconium, Ouid. lib. 3. Amor. Eleg. 11.

Publier à son de trompe et cri public, Praeconio promulgare. B.

¶ Il fait un cri, etc. Perfertur clamor circa collem.

Cri de joustes, tournois, ou batailles, est la proclamation que un heraut ou Roy d'armes fait des tiltres, honneurs et blason de l'assaillant quand il vient sur les rangs pour faire armes et s'esprouver contre le tenant. Jean le Maire au premier des illustrations de Gaule chap. 141. parlant de Helicaon assaillant au pas tenu par Hector: Apres qu'il se fut acquitté vers les dames, et que Ideus le souverain Roy des Herauts à tout sa riche cotte d'armes eut epilogué ses tiltres en ses blasons, et au chap. 142. parlant de Paris, aussi assaillant en ce pas. Lors Ideus le Roy d'armes, qui ne sçavoit autrement son nom, sinon qu'il l'avoit ouy renommer gentilhomme, se print à escrier en cette maniere. Or est venu l'escuyer incognu, portant d'argent à un chef d'or, par artifice de nature, qui veut faire armes pour honneur acquerir. A ce cri le Prince Hector sortit devant sa tente. En tels cris on ne donnoit à nul champion venant sur les rangs le tiltre de preux, ains de fils de preux sans plus, si de tel pere il estoit venu. Jean Petit en son plaidoié justificatif du Duc de Bourgongne, touchant le meurtre par luy perpetré en la personne de Loys de France Duc d'Orleans, couché au livre 1. chap. 39. de Monstrelet, Il n'est si bon chevalier au monde, qui ne puisse bien faire une faute si grande, que tous les biens par luy faits auparavant en seront anichilez, et pource on ne crie aux joustes, ne aux batailles, Aux preux. Mais on crie bien, Au fils de preux, apres le decez de son pere: Car nul chevalier ne peut estre jugé preux, si ce n'est apres son trespassement. La raison est prinse du dire d'Ovide liv. 3. Metamorph. Vltima semper exspectanda dies homini est, dicique beautus Ante obitum nemo, supremaque funera debet. Que Joachim, du Bellay a rendu ainsi, Nul tant qu'il ne meure Heureux ne demeure.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

cri


CRI, s. m. 1°. Voix haute et poussée avec éfort. "Grand cri, cri aigu. Faire, jeter, pousser un cri, des cris: Cri de joie, d'alégresse, etc. = Cri, clameur. Voyez CLAMEUR. = 2°. Voix de certains oiseaux. "Le cri de la corneille, de la chouette. = 3°. Figurément, plaintes et gémissemens. "Dieu entend les cris de la veûve et des orphelins. = 4°. Proclamation de la part du Magistrat. "Il est défendu, par cri public, etc. = 5°. Le ton dont on crie, dans les rues, plusieurs chôses à vendre ou à acheter. Les cris de Paris, etc. = 6°. Il se dit, au figuré, pour voeu, desir. Le cri de la nature est d'être heureux. — À~ cor et à cri. Voyez COR.
   Rem. 1°. Dit-on, demander à grands cris, ou, avec grands cris? Tous les deux sont bons, mais le premier est le meilleur et le plus autorisé. Vertot a préféré le 2d, "Toute l'armée demandoit, avec grands cris, qu'on fît le procès à ces assassins. — Le Traduct. de l' Hist. d'Angl. dit, à cris redoublés, qui vaut mieux. "Le vieux Roi pressoit, à cris redoublés, le retour de son brâve Fils.
   2°. On dit, jeter les hauts cris, et crier les hauts cris. Le 1er est de tous les styles; le 2d n' est que du style familier. "Je le trouvai, criant les hauts cris. * M. de Coulanges dit, à peu près dans le même sens, crier l'épaule, pour dire, crier par la violence d' une douleur à l'épaûle. "Je fus dernièrement ataqué à Versailles; je criois l'épaule: on mit en même-temps les fers au feu, et les femmes de chambre de Mde de St. Geran me rapasserent que rien n'y manqua. C'est une expression bisârre, qui n'a pas fait fortune.
   3°. N'avoir qu'un cri après, desirer ardemment. "Le Cardinal de Bouillon n'a qu'un cri après lui (M. de Coulanges.) Sév. On le dit aussi impersonellement: Il n'y a qu'un cri sur... chacun en parle de la même manière. "Il n'y a qu'un cri, dans les États-Unis, contre les restrictions, etc.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788