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Élections législatives ukrainiennes de 2012 — Wikipédia

  • ️Sun Oct 28 2012

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Élections législatives ukrainiennes de 2012
Les 450 sièges de la Rada
28 octobre 2012Voir et modifier les données sur Wikidata
Corps électoral et résultats
Inscrits 36,2 MVoir et modifier les données sur Wikidata
Votants 20,8 MVoir et modifier les données sur Wikidata
Parti des régions – Mykola Azarov
Voix 6 116 815
30,00 % en diminution 4,4
Sièges obtenus 187 en augmentation 12
Union panukrainienne « Patrie » – Arseni Iatseniouk
Voix 5 208 402
25,54 % en diminution 5,2
Sièges obtenus 101 en diminution 55
Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme – Vitali Klitschko
Voix 2 847 939
13,96 %
Sièges obtenus 40
Parti communiste d'Ukraine – Petro Symonenko
Voix 2 687 246
13,18 % en augmentation 7,8
Sièges obtenus 32 en augmentation 5
Svoboda – Oleh Tyahnybok
Voix 2 129 906
10,44 % en augmentation 9,7
Sièges obtenus 37 en augmentation 37
Carte

Résultats des élections

Président du parlement
Sortant Élu
Volodymyr Lytvyn Volodymyr Rybak
Parti des régions
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Les élections législatives ukrainiennes de 2012 sont les élections des 450 députés de la Rada, le Parlement unicaméral de l'Ukraine, qui ont eu lieu le 28 octobre 2012, pour un mandat de cinq ans. Le nouveau mode de scrutin prévoit que la moitié des députés seront élus à la proportionnelle et l'autre moitié au scrutin majoritaire uninominal à un tour.

En 2010, les Ukrainiens étaient appelés à élire le nouveau président. De Viktor Ianoukovytch et Ioulia Tymochenko, c'est le premier, candidat officiel du Parti des régions, ancien Premier ministre, qui fut élu chef de l'État, par une majorité d'Ukrainiens, déçus par les espoirs perdus de la révolution orange de 2004, qui vit la victoire de Viktor Iouchtchenko ; cinq ans après son élection, cet ancien chef du gouvernement, qui survécut, durant sa première campagne présidentielle, en 2004, à une tentative de meurtre, fut jugé, par une grande partie de ses compatriotes, responsable de la situation économique particulièrement fragile, assumée par le pays.

En 2010, c'est contre la seconde égérie de la révolution orange, la charismatique Ioulia Tymochenko, que Viktor Ianoukovytch fut porté au pouvoir. Sa marge de manœuvre étant fortement limitée — Ianoukovytch n'ayant été élu qu'avec 49 % — le nouveau président compta sur ses amis et ses alliés politiques pour renverser le Cabinet Tymochenko et, de facto, nommer un nouveau Premier ministre. Le 11 mars 2010, un peu plus d'un mois après l'élection de Ianoukovytch au palais Mariyinsky, c'est un proche du chef de l'État, l'ancien ministre des Finances, Mykola Azarov, qui est élu Premier ministre par le Parlement, la Verkhovna Rada Oukraïny.

En 2012, l'Ukraine est profondément divisée : d'un côté, les partisans du Président Ianoukovytch, de l'autre, les soutiens, particulièrement nombreux, de l'ancien Premier ministre Tymochenko, ex-rivale du président Ianoukovytch, condamnée en 2011 à sept ans de prison pour « détournements de fonds », à la suite de l'approbation, par son gouvernement, de contrats gaziers très chers, coûtant des millions de hryvnias à l'État ukrainien, selon les porte-paroles de la présidence. De plus, si la révolution orange permit l'évolution des choses en Ukraine — une démocratie plus participative, des élections surveillées dans le dessein d'éviter les fraudes — le mandat présidentiel de Ianoukovytch est marqué par des menaces portées contre la liberté de la presse et la multiplication des arrestations et autres évènements judiciaires portés à charge contre les anciens ministres du Cabinet Tymochenko.

Par ailleurs, la promesse électorale de Viktor Ianoukovytch, qui souhaitait, en 2010, faire du russe une langue régionale au statut particulier pour les régions russophones, divisa profondément le pays.

Sur le plan économique, l'Ukraine est entrée dans une période de récession, avec des prévisions de croissance proches de zéro pour l'année 2012. Les taux d'intérêt élevés, la perte de confiance dans la hryvnia, la monnaie nationale, et la dégradation du climat des affaires conduisent à la détérioration de la situation économique[1].

Sur le plan international, l'Ukraine est en situation d'isolement diplomatique. Les projets d'accords économiques et douaniers avec ses principaux partenaires commerciaux, l'Union européenne et la Russie, sont dans l'impasse. Les investissements étrangers sont faibles et le Fonds monétaire international a interrompu en 2010 le versement d'aides financières en raison de l'insuffisance des réformes structurelles[2].

Les élections législatives ont pour objet l'élection des 450 députés de la Verkhovna Rada Oukraïny, le Parlement unicaméral de l'Ukraine, pour un mandat de cinq ans. La moitié d'entre eux sont élus au scrutin majoritaire, et l'autre moyen au scrutin proportionnel. Pour être représentée au Parlement, une liste électorale doit recueillir au moins 5 % des suffrages exprimés. 5 771 personnes sont candidates, dont 2 644 dans les circonscriptions votant au système proportionnel et 3 127 dans les circonscriptions votant au système majoritaire[3].

Nombre de circonscriptions uninominales par oblast par rapport à l'année 2002.

Le Bloc Ioulia Tymochenko (BIouT) réuni en congrès désigne le 30 juillet 2012 Ioulia Tymochenko tête de liste, à titre symbolique car elle ne pourra pas faire campagne en raison de son incarcération pour abus de pouvoir[4]. La commission électorale centrale refuse d'enregistrer sa candidature par 10 voix sur 15 en raison de son casier judiciaire[5].

En mai 2012, à l'occasion d'une manifestation pour la libération de Ioulia Tymochenko, les opposants au président Viktor Ianoukovytch présentent un programme commun pour les élections législatives, fondé sur un slogan en trois points : « un État juste, un gouvernement honnête, une vie décente »[6].

Le 15 octobre, 3 000 militants du parti nationaliste Svoboda manifestent à Kiev pour célébrer le 70e anniversaire de la création de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne et recueillir de nouveaux soutiens en vue des élections législatives[7].

Le 19 octobre 2012, le chef du parti d'opposition UDAR, le champion du monde de boxe Vitali Klitschko, annonce que son parti ne fera pas alliance avec le reste de l'opposition[8].

Quelques jours avant le scrutin, les électeurs se disent désenchantés par la politique. La moitié d'entre eux s'attendent à des fraudes électorales, et plus de 70 % annoncent qu'ils n'iront pas manifester même si les résultats de l'élection sont falsifiés. Selon une note de la Fondation Robert-Schuman, « il est peu probable que cette élection modifie les rapports de force ». L'Union européenne considère que cette élection perd une partie de sa légitimité en raison de l'absence d'une opposante majeure au gouvernement, Ioulia Tymochenko[9].

Le Parti des régions au pouvoir est crédité de 25 % des intentions de vote. Le système électoral qui confère une importante prime majoritaire au parti arrivé en tête, et l'alliance avec le Parti communiste d'Ukraine, crédité de 8 % des voix, pourraient lui permettre de conserver la majorité parlementaire[2]. L'opposition est divisée, ce qui peut affaiblir son influence en raison des aspects majoritaires du mode de scrutin. Le parti Batkivshina (« Mère patrie ») de Ioulia Tymochenko est crédité de 15 à 24 % des intentions de vote ; le parti populiste UDAR (« Coup ») de Vitali Klitschko est classé deuxième dans les sondages. Le Parti social-démocrate ukrainien dont fait partie le footballeur Andriy Chevtchenko ne devrait pas franchir le seuil de 5 % des suffrages nécessaire pour entrer au Parlement, mais il participe à l'émiettement des voix d'opposition[9]. Le parti d'extrême-droite Svoboda attire de plus en plus de sympathisants et pourrait entrer au Parlement[10]. D'importantes disparités régionales sont observées entre l'Est et l'Ouest du pays. À l'Est, le Parti des régions est crédité de 40 % des intentions de vote, alors qu'à l'Ouest, l'opposition pro-occidentale et nationaliste est attendue en tête des résultats[11].

Selon l'OSCE, le vote s'est déroulé normalement dans 96 % des bureaux de vote. Le décompte a rencontré des difficultés dans 11 % des bureaux, même si l'OSCE relève que « le décompte était généralement transparent et en règle avec les procédures prescrites ». L'OSCE affirme ensuite que 25 des 161 districts observés ont connu de « sérieux problèmes » lors de la centralisation des résultats, notamment 3 cas de tricherie probable ayant influencé le résultat. Enfin, l'organisation européenne constate que la Commission centrale électorale a annulé les résultats dans 5 des 225 districts[12].

L'organisation non-gouvernementale Comité des électeurs d'Ukraine (CVU) dénonce de très nombreux actes de corruption pendant la campagne électorale. Selon le CVU, les candidats offrent de l'argent et surtout toutes sortes de biens matériels, notamment alimentaires, pour influencer les électeurs. Ces pratiques sont interdites mais ne sont pas effectivement sanctionnées[13].

Le 25 octobre, la secrétaire d'État des États-Unis Hillary Clinton et la Représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères Catherine Ashton publient une tribune conjointe dans le International Herald Tribune dans laquelle elles évoquent « d'inquiétantes tendances » dans l'évolution politique de l'Ukraine. Selon elles, « les élections législatives en Ukraine à la fin de ce mois vont constituer un important baromètre de l'état de [ses] institutions »[14]. Le même jour, l'opposante Ioulia Tymochenko fait une déclaration à la presse dans laquelle elle dit craindre l'instauration d'une dictature par le président Viktor Ianoukovytch à l'issue d'élections falsifiées ; elle affirme : « Si grâce à vos voix Ianoukovitch survit à ces élections en tant qu'homme politique, il va finir d'instaurer sa dictature et ne rendra plus le pouvoir de façon pacifique. »[15]

Sondages publiés avant la campagne
Date Institut Parti des régions Union panukrainienne « Patrie » Front pour les changements UDAR - Vitaliy Klychko Notre Ukraine Svoboda Bloc Lytvyn Parti communiste d'Ukraine Autres Contre tous Indécis Abstention
Septembre 2011 Rating 21,9 % 18,9 % 11,0 % 5,4 % 0,8 % 4,2 % 1,6 % 5,7 % 10,7 % 11,3 % 12,6 %
Décembre 2011 Rating 19,4 % 20,3 % 11,3 % 5 % 0,9 % 4,4 % 1,2 % 8,1 % - 14,0 % 9,4 %
Février 2012 Rating 18,8 % 20,3 % 11,7 % 6,9 % 0,7 % 4,5 % 1,6 % 7,6 % - 18,2 % 6,1 %
Mars 2012 Rating 21,3 % 20,9 % 9,9 % 7,2 % 1,0 % 4,3 % 1,5 % 7,4 % - 17,7 % -
Mai 2012 Rating 22,0 % 25,6 % 9,2 % 0,6 % 4,4 % 0,8 % 7,6 % - 19,0 % 18,6 %
Aout 2012 Rating 24,6 % 26,2 % 11,8 % 0,8 % 4,2 % 1,3 % 9,4 % - 18,6 % 15,7 %
Septembre 2012 GfK 25,0 % 15,0 % 17,0 % - 3,0 % - 9,0 % - 13,0 % -
Sept/oct 2012 KIIS 20,1 % 12,1 % 11,5 % - 4,7 % - 7,8 % - 27,2 % 12,4 %
Octobre 2012 Rating 23 % 16,5 % 17,9 % 1,0 % 6,0 % - 12,8 % - 17,2 % 11,7 %

Chiffres de la Commission électorale

Résultats des élections législatives[réf. nécessaire]
Votants 20 759 472
Bulletins enregistrés 20 759 472
Bulletins blancs ou nuls 389 050 1,87 %
Suffrages exprimés 20 370 422 98,13 % 445 sièges à pourvoir
Liste Tête de liste Suffrages Pourcentage Sièges acquis Var.
Parti des régions Néant 6 116 815 30,03 %

185 / 445

 
Union panukrainienne « Patrie » Néant 5 208 390 25,57 %

101 / 445

 
Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme Néant 2 847 878 13,98 %

40 / 445

 
Parti communiste d'Ukraine Néant 2 687 246 13,19 %

32 / 445

 
Svoboda Néant 2 129 246 10,45 %

37 / 445

 
Ukraine - En avant ! (Parti social-démocrate ukrainien) Néant 322 202 1,58 %

0 / 445

 
Notre Ukraine Néant 226 482 1,11 %

0 / 445

 
Parti radical Néant 221 136 1,09 %

1 / 445

 
Autres listes sans élu Néant 611 027 3 %

0 / 445

 
Centre unifié Néant 0 0 %

3 / 445

 
Parti populaire Néant 0 0 %

2 / 445

 
Union Néant 0 0 %

1 / 445

 
Candidats indépendants Néant 0 0 %

43 / 445

 

Le mode de scrutin attribue 225 sièges à la représentation proportionnelle (RP) et 220 sièges au scrutin uninominal majoritaire à un tour (MU1). Le détail des attributions est comme suit:

  1. « L'économie ukrainienne se détériore avant les législatives », LExpansion.com,‎ 25 octobre 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  2. a et b « Législatives désabusées en Ukraine », sur www.lesechos.fr, 25 octobre 2012. (consulté le 24 septembre 2018).
  3. Analyse des élections législatives en Ukraine un mois avant la tenue du scrutin, Fondation Robert-Schuman, 1er octobre 2012.
  4. « Timochenko symboliquement tête de liste aux législatives en Ukraine », Le Monde.fr,‎ 30 juillet 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  5. « Timochenko ne sera pas tête de liste aux législatives en Ukraine », Le Monde.fr,‎ 8 août 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  6. « Ukraine : dans la rue, l’opposition prend date pour les législatives », RFI,‎ 12 mai 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  7. « Démonstration de force des nationalistes ukrainiens », euronews,‎ 15 octobre 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  8. « Ukraine: Vitaly Klitschko fait cavalier seul aux élections », sur www.20minutes.fr, 19 octobre 2012 (consulté le 24 septembre 2018).
  9. a et b « Les Ukrainiens désenchantés par la politique », sur La Croix, 25 octobre 2012 (consulté le 24 septembre 2018).
  10. « La montée du parti d'extrême-droite Svoboda », euronews,‎ 24 octobre 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  11. « Législatives ukrainiennes : le pays divisé entre l'Est et l'Ouest », euronews,‎ 25 octobre 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  12. (en) Organization for Security and Co-operation in Europe, « Ukraine, Parliamentary Elections, 28 October 2012: Final Report », sur osce.org, 28 octobre 2012.
  13. « Ukraine: chocolats, vélos et agneaux pour acheter les électeurs », RTBF Info,‎ 25 octobre 2012 (lire en ligne, consulté le 24 septembre 2018).
  14. « Ukraine: mise en garde de Clinton », sur Le Figaro, 25 octobre 2012 (consulté le 24 septembre 2018).
  15. « En Ukraine, Ioulia Timochenko appelle à "chasser la mafia du pouvoir" », Le Monde, 25 octobre 2012.