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Daria Nicolodi — Wikipédia

  • ️Mon Jun 19 1950

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Daria Nicolodi, née le 19 juin 1950 à Florence et morte le 26 novembre 2020 à Rome[1],[2], est une actrice et scénariste italienne.

Daria Nicolodi en 1970.
David Hemmings et Daria Nicolodi dans Les Frissons de l'angoisse (1975).

Florentine de Bellosguardo (it), elle est née de Mario, un avocat qui avait participé à la Résistance, lui-même fils d'Aurelio Nicolodi (it), le fondateur de l'Unione italiana dei ciechi e degli ipovedenti (it), une ONG italienne des aveugles et des malvoyants[3]. Sa mère, Fulvia Casella, était la fille du compositeur Alfredo Casella[4].

La jeune Daria commence à se produire sur scène dès l’âge de 14 ans. À 17 ans, elle fugue de la maison familiale. C'est en 1967 qu'elle entre à l'Académie des Arts Dramatiques de Rome. Là, elle rencontre Luca Ronconi, un metteur en scène de théâtre, qui lui offre la possibilité de faire ses débuts l’année suivante au Festival International de Théâtre de Venise. En 1970, elle participe à l'émission télévisée de variétés en quatre épisodes Babau, scénarisée par Paolo Poli et Ida Omboni (it) et réalisée par Vito Molinari, émission qui sera « archivée » par la Rai en raison de son contenu jugé scandaleux à l'époque, et diffusée seulement six ans plus tard[5]. C’est chez Francesco Rosi qu’elle fait ses premiers pas au cinéma dans le film antimilitariste Les Hommes contre en 1970, puis chez le cinéaste militant Elio Petri avec La propriété, c'est plus le vol en 1973. Elle participe également au film Salomé (1972) du metteur en scène d'avant-garde Carmelo Bene. Un disque vinyle de 45 tours où elle chante date également de cette époque. Dans les mêmes années, elle participe à quelques productions télévisées, comme les feuilletons I Nicotera, Senza lasciare traccia avec Rossano Brazzi, Ritratto di donna velata, avec Nino Castelnuovo (1975), Saturnino Farandola, avec Mariano Rigillo (1978), Rosaura alle 10 (1981) et le téléfilm La Vénus d'Ille, dernière œuvre de Mario Bava (1978). En 1977, elle avait déjà joué un rôle très éprouvant dans le film d'épouvante Les Démons de la nuit du même réalisateur.

Un aspect décisif de la vie et de la carrière de Daria Nicolodi est sa relation sentimentale et professionnelle avec le réalisateur Dario Argento, que l'actrice a rencontré en 1974 lors d'une audition pour le film Les Frissons de l'angoisse (1975)[6].

Nicolodi a participé, en tant qu'actrice ou scénariste, à tous les films réalisés par le cinéaste romain entre 1975 et 1987 : Les Frissons de l'angoisse (1975), Suspiria (1977), Inferno (1980), Ténèbres (1982), Phenomena (1985), Opéra (1987). Particulièrement efficace, son interprétation de la journaliste Gianna Brezzi dans Les Frissons de l'angoisse, dans lequel Nicolodi campe un personnage féminin totalement atypique pour le cinéma italien de l'époque[6]. C'est aussi durant ce film que naît sa fille Asia Argento. Elle est co-scénariste de Suspiria (1977)[7] et, comme elle l'a déclaré elle-même, d'Inferno (1980). Son rôle dans Phenomena sera un moment charnière de sa relation avec le cinéaste. Daria Nicolodi a désavoué le film, le qualifiant de « réactionnaire » en raison de sa représentation des personnes handicapées, et a déclaré lors d'une interview qu'elle ne travaillerait plus avec Argento[8]. Même si elle fait une apparition deux ans plus tard dans Opéra, cette expérience signe la séparation du couple.

Daria Nicolodi en 1974.

En 1978, elle est comédienne de théâtre avec Gigi Proietti dans La commedia di Gaetanaccio[9]. La pièce a été jouée pour la première fois au Teatro Sistina mais elle est annulée peu après car sa représentation du XVe siècle sous domination religieuse et papale fait scandale. À cette occasion, elle a enregistré la chanson Tango della morte en duo avec Proietti lui-même pour la bande originale du spectacle. Cette BO est publiée sur un 45 tours édité par RCA Italiana[10] (face B de Me viè da piagne, interprétée par Proietti seul) et incluse sur l'album du spectacle du même nom.

Après la fin de sa relation avec Argento en 1985, elle participe occasionnellement à des gialli et des films d'épouvante (Sentences de mort (1987), Paganini Horror (1989), Il gioko), exploitant son aura de vamp du cinéma de genre, ainsi qu'à des films d'auteur (Macaroni (1985), La fin est connue (1993), Mots d'amour (1998)). À partir des années 2000, elle participe surtout à des films interprétés et réalisés par sa fille Asia (à commencer par son apparition autoparodique dans Viola bacia tutti, sorti en 1998).

En 1994, elle est frappée par un deuil éprouvant : la perte de sa fille aînée Anna dans un accident de voiture. Ses apparitions sont devenues de plus en plus sporadiques.

En 2007, elle revient au cinéma en travaillant avec son ancien partenaire Argento et sa fille Asia dans La Troisième Mère, une suite de Suspiria et Inferno. En 2009, elle participe à un épisode de la série télévisée Il mostro di Firenze produite par Sky Italia, dans lequel elle jouait le rôle d'une médium. Elle est apparue dans l'épisode du 29 juin 2010 de Stracult (it), entièrement consacré aux Frissons de l'angoisse. Dans ce court documentaire, elle exprime ses opinions et raconte son expérience avec le film.

Atteinte d'une grave ischémie le 12 août 2020, et opérée d'urgence, elle ne s'en remet pas et meurt à Rome le 26 novembre suivant, à l'âge de 70 ans[11].

Au début des années 1970, elle a une relation avec le sculpteur Mario Ceroli (it), dont est née sa fille aînée Anna le 9 juin 1972, qui est décédée dans un accident de voiture le 29 septembre 1994[12]. En 1974, elle rencontre Dario Argento et de leur relation naît sa deuxième fille Asia en 1975, faisant d'elle la grand-mère de deux petits-enfants nés respectivement en 2001 et 2008.

Le 19 juin 1985, elle est arrêtée pour possession de 23 grammes de haschisch avec son compagnon de l'époque, Dario Argento[13]. Elle est emprisonnée quelques jours à la prison de Rebibbia alors qu'Argento est incarcéré à Regina Coeli. Ils sont accusés de possession de stupéfiants, impliqués dans les enquêtes que la Guardia di Finanza menait dans le monde du spectacle[14]. Ils sont ensuite acquittés car il s'agissait de consommation personnelle et non de trafic[15].

Daria Nicolodi dans Les Frissons de l'angoisse (1975).
  1. « L’actrice italienne Daria Nicolodi, révélée par « Inferno », est morte », Le Monde.fr,‎ 27 novembre 2020 (lire en ligne, consulté le 29 novembre 2020)
  2. (it) « È morta Daria Nicolodi, con Dario Argento nei film e nella vita », sur repubblica.it, 26 novembre 2020
  3. (it) « Nicolodi, Aurelio »
  4. (it) Alberto Mattioli, « “Da noi Casella ogni giorno c’era il Novecento” », sur lastampa.it, 12 avril 2016
  5. (it) « Ultimo appuntamento con “Babau ‘70” su Rai.tv », sur rai.it, 21 avril 2011 (version du 10 mars 2013 sur Internet Archive)
  6. a et b (it) Fabio Giovanni, Dario Argento: il brivido, il sangue, il thrilling, Edizioni Dedalo, 1986 (ISBN 9788822045164, lire en ligne)
  7. (it) « Collaboratori », sur darioargento.it (version du 3 mai 2015 sur Internet Archive)
  8. (it) « Il dopo Argento della Nicolodi », sur lastampa.it, 24 mars 1985
  9. (it) Luigi Magni et Marina Piccone, Conversazione con Luigi Magni: la vita, il cinema, la politica, Effepi Libri, 2008
  10. « Gigi Proietti », sur discogs.com
  11. (it) Roberto Nepoti, « È morta Daria Nicolodi, con Dario Argento nei film e nella vita », sur repubblica.it, 26 novembre 2020
  12. (it) Francesca Bussi, « Asia Argento ricorda la sorella morta: «Avrebbe compiuto 43 anni» », sur vanityfair.it, 10 juin 2015
  13. (it) « PRECEDENTI QUEI DIVI IN CELLA Oggi Patty e Vasco Rossi eviterebbero il carcere », sur lastampa.it (version du 2 décembre 2013 sur Internet Archive)
  14. (it) « IN CARCERE PER UN PO' D' HASHISH », sur repubblica.it
  15. (it) « Addio a Daria Nicolodi: protagonista di "Profondo rosso", era la mamma di Asia Argento », sur tgcom24.mediaset.it