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Fernand Xau — Wikipédia

  • ️Sun Sep 18 1892

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Fonction
Directeur
Le Journal
18 septembre 1892 - 1er mars 1899

Charles-Alexis Lauze (d)

Biographie
Naissance
Décès

1er mars 1899Voir et modifier les données sur Wikidata (à 46 ans)
GrasseVoir et modifier les données sur Wikidata

Sépulture
Nom de naissance

Fernand Arthur Pierre XauVoir et modifier les données sur Wikidata

Nationalité
Domicile
Activité
Rédacteur à
Autres informations
A travaillé pour
Propriétaire de
Idéologie

Républicanisme, antidreyfusisme (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Membre de

Association des journalistes parisiens (d)
Syndicat de la presse parisienne (d)
Les Hydropathes
Association syndicale professionnelle des journalistes républicains françaisVoir et modifier les données sur Wikidata

Distinction

signature de Fernand Xau

modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

Fernand Arthur Pierre Xau, né le 22 avril 1852 à Nantes et mort le 1er mars 1899 à Grasse, est un journaliste français, fondateur du quotidien Le Journal.

Fils d’un ouvrier voilier et d’une exploitante de magasin de chaussure, Xau avait été destiné à l’industrie. Lors de la guerre de 1870, son père, désireux de lui épargner les fatigues du métier à tisser, l’a placé, comme employé, dans une grosse société de constructions navales de cette ville où, il rédigeait, déjà, une petite feuille qu’il faisait circuler, manuscrite, parmi les employés de la maison. Sa verve satirique s’exerçait avec une bonne humeur qui, mal appréciée, l’a fait congédier[1].

Son père l’ayant ensuite envoyé à Limoges, à l’usine du Creusot, il a été employé, pendant quelques mois, à la comptabilité, il s’est montré plus assidu à chroniquer sur son entourage qu’à aligner des chiffres sur les livres. Revenu à Nantes, âgé de 20 ans, il y a créé de petites feuilles satiriques, l’Étincelle, la Silhouette, feuilles d’un jour, qu’il rédigeait seul, et qui ont préludé à son entrée au Phare de la Loire, où l’on se rappelait toujours, après un quart de siècle, sa spirituelle collaboration.

Il a été le type du reporter, toujours à l’affut de l’information sensationnelle, courant, le carnet à la main, à la source des nouvelles, voyant, observant, notant, et, le lendemain, servant à ses lecteurs le « plat du jour » où son esprit avait ajouté les épices convenables. Il n’est pas non plus resté étranger à la politique : ayant fait campagne, au nom du Phare de la Loire, qui l’avait détaché à la Roche-sur-Yon, au moment de la crise du 16 mai 1877, il y a gagné ses éperons de polémiste[1]. Après avoir lancé, à Nantes, en 1874, à la Lorgnette, un petit journal local des théâtres, qui n’a vécu que deux ans[2], il a fondé, dans la même ville, le Foyer, publication littéraire qui n’a vécu aussi que peu de temps[3].

Monté à Paris après la chute du Foyer, incapable de rentrer dans un journal parisien, il a créé la Cravache[a], puis l’Éclair[4]. L’Éclair se vendait bien en kiosque mais, pourchassé par ses créanciers, les collaborateurs, l’imprimeur, réclamant de l’argent, il a eu l’idée, pour sortir d’embarras, de supprimer le journal, pour reparaitre dans quelque temps sous un autre titre[4].

Sur ces entrefaites, des élections avaient eu lieu, le 20 février 1876. Recommandé à l’un de ses compatriotes, Charles-Ange Laisant, qui venait de débarquer comme député de la première circonscription de Nantes, il a été accepté, séance tenante, comme secrétaire à trente francs par mois. Ce poste modeste lui a permis de se créer des relations dans le monde politique et parlementaire, jusqu’au jour où il a été remercié pour avoir failli égarer le courrier dans un fiacre[4].

De nouveau à la recherche d’une position dans le journalisme, fréquentant le café de Madrid, le café de Suède, les brasseries du faubourg Montmartre, il a d’abord collaboré à quelques petits journaux, puis au Triboulet, avant de se lier avec un reporter du Voltaire et fait du reportage avec lui[4]. Bientôt entré dans ce journal pour son propre compte, le 1er avril 1880, il a été chargé des échos et des faits divers.

L’interview venant d’être inventée, il s’est jeté à corps perdu dans ce genre d’information auquel il a donné un développement extraordinaire. Ayant trouvé sa voie, il est ainsi devenu le prince du reportage, le roi de l’interview, se rendant notamment célèbre avec celle d'Émile Zola à domicile, parue en page 2 du Gil Blas du 22 aout 1880.

Après avoir été le correspondant du Voltaire pendant la campagne de Tunisie, il est revenu sur le boulevard, avec la rosette du Nichan Iftikhar à la boutonnière, avant de revenir à l’interview qui faisait sa réputation. Du Voltaire, il est alors passé au Gil Blas, faisant le voyage de Lisbonne pour assister à des fêtes royales et rentrer par l’Espagne, après avoir interviewé le maréchal Bazaine, où il vivait en exil après s’être évadé du fort royal de l'île Sainte-Marguerite où il était incarcéré.

Allant, dès lors, de succès en succès, il a gagné beaucoup d’argent, s’installant dans un appartement confortable, où faisaient antichambre les directeurs de théâtres, les littérateurs, les artistes, les célébrités du jour. Il était devenu, dans son genre, une célébrité lui-même. Devenu personnage influent, Le solliciteur d’autrefois recevait, à son tour, les sollicitations.

Il a ensuite l'idée de créer un « journal littéraire d’un sou » destiné aux petits commerçants, aux instituteurs, aux ouvriers et aux employés et fonde Le Journal, le 18 septembre 1892. Il s’attache alors les meilleurs plumes de Paris à des tarifs qui font frémir tous ses confrères[5] : Octave Mirbeau, Maurice Barrès, Émile Zola, Bernard Lazare, Paul Adam, Remy de Gourmont, Léon Daudet, Jules Renard, Raoul Ponchon, Paul Brulat, Alphonse Allais, Georges Courteline ou encore Georges Clemenceau. Ce journal littéraire de tendance républicaine sera l'un des quatre plus grands quotidiens français d’avant-guerre. Sous son impulsion, Le Journal ne tarde pas à se faire une place importante dans la presse fantaisiste quotidienne, avec un tirage de 450 000 exemplaires à la fin du XIXe siècle.

Il a associé, sans rancune, l’ancien député Laisant à son œuvre en le prenant pour collaborateur. Apprenant que la revue littéraire Gil Blas, qui avait notamment publié Maupassant, Musset et George Sand, est en difficulté financière, il rachète la publication où il avait débuté comme simple reporter et, revenu comme directeur, lui rend sa prospérité. En 1893, il lance un supplément illustré, Le Journal pour tous, qui est suspendu en 1906[6].

Il a également donné des articles remarqués au Télégraphe, aux Droits de l’homme, au Mot d’Ordre, au Radical, à la Marseillaise, à l'Homme libre, au Bien public, à la Lanterne, à la Paix et, en dernier lieu, à L’Écho de Paris.

En 1887, il a fait partie des défenseurs de La Terre d'Émile Zola, face à l'attaque du Manifeste des cinq contre le roman[b]. Anti-dreyfusard, il estime néanmoins que Zola a été malhonnête en publiant J'accuse, le 13 janvier 1898, ce qui lui vaut cette réplique de son ami et collaborateur Octave Mirbeau, avec qui il se brouille :

« Xau a commis envers Zola un acte d’inconvenance. Je ne lui reproche pas d’avoir des idées autres que celles de Zola. Je lui reproche seulement de les avoir exprimées sur un ton qui ne convenait pas. Il était tenu à de la déférence, non seulement envers l’écrivain qu’il admire, mais envers l’homme, qu’il connaît assez pour savoir que Zola est un grand honnête homme, et qu’il ne commet pas « une mauvaise action ». Et puis son génie, voilà tout, n’est pas celui de Xau[7]. »

En janvier 1899, il adhère à la Ligue de la patrie française[8].

Il meurt alcoolique à 46 ans[c],[d]. Alexis Lauze lui succède à la tête du Journal. Son corps ayant été ramené de Grasse à Paris, il a été, après un service religieux en l’église Saint-Honoré d’Eylau, inhumé au cimetière des Batignolles.

Hydropathe, il appartenait également à l’Association des journalistes parisiens, depuis le 15 avril 1885, au Syndicat de la presse parisienne, à l’association syndicale professionnelle des journalistes républicains français. Une plaque commémorative du fondateur du Journal est apposée sur la porte cochère de sa maison natale, sise au 20, rue Franklin[9].

  • Michel Golfier et Jean-Didier Wagneur, Émile Goudeau. Dix ans de bohème, Champ Vallon, 2000, p. 546.
  • Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau. L'affaire Dreyfus, Séguier, 1991, p. 50.
  • Marc Martin, Les grands reporters : les débuts du journalisme moderne, Audibert, 2005, p. 23.
  • Jean-Charles Cozic et Daniel Garnier, La Presse à Nantes. Les années Schwob, 2008, p. 83.
  1. Avec Francisque Sarcey, Caran d’Ache, Sapeck, Richepin, Ponchon, Bouchor, etc.
  2. La Terre, article d’Anatole France paru dans Le Temps.
  3. Les euphémismes employés par les journaux rapportant sa mort se contredisent, beaucoup invoquent la classique « très longue et douloureuse maladie », le Gil Blas parle d’un mal « de ceux qui ne pardonnent pas », un autre de « disparition brutale ».
  4. Et possiblement également cocaïnomane, en à juger par cette dédicace enthousiaste pour le vin Mariani, dont l’on peut s’empêcher de saisir toute l’ironie rétrospective, qu’il envoie à Angelo Mariani pour son célèbre album : « Si le cerveau est encore bon, si le corps est toujours solide, c'est à votre vin que je le dois, mon cher Mariani, car il a soutenu mes forces intellectuelles et démultiplié mes forces physiques. »
  1. a et b Un témoin, « Un journaliste », Gil Blas, Paris, vol. 20, no 7047,‎ 4 mars 1899, p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le 18 juillet 2022).
  2. Émile Maillard, Nantes et le département au XIXe siècle : littérateurs, savants, musiciens, & hommes distingués, Nantes, Vier, 1891, 376 p., in-8° (OCLC 562707478, lire en ligne), PA164.
  3. Angelo Mariani (préf. Jules Claretie, ill. A. Brauer, D. Quesnel, H. Sorensen et A. Prunoire), Figures contemporaines tirées de l’Album Mariani, t. 4, Paris, Henri Floury, 1899 (OCLC 53672907, lire en ligne), p. 320.
  4. a b c et d Dixi, « Les Étapes d’un journaliste », La Charente, Angoulême, vol. 28, no 12190,‎ 6 mars 1899, p. 1 (lire en ligne sur Gallica, consulté le 18 juillet 2022).
  5. Marcel Schwob (John Alden Green, éd.), Correspondance inédite, précédée de quelques textes inédits, Genève, Droz, 1985, 261 p., 22 cm (OCLC 221245724, lire en ligne), p. 60.
  6. Le Journal, sur la base Presse locale ancienne / BNF.
  7. « Interview d’Octave Mirbeau », L’Aurore, no 90,‎ 16 janvier 1898, p. 1 (lire en ligne sur Gallica).
  8. « La Ligue pour la Patrie française », Le Temps, no 13735,‎ 13 janvier 1899, p. 3 (lire en ligne sur Gallica).
  9. « Fernand Xau, ce Nantais qui polémiquait avec Zola », Ouest-France, lundi 22 avril 2019, édition de Nantes.