François Bluche — Wikipédia
- ️Thu Sep 17 1925
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François Bluche, né le 17 septembre 1925 à Montpellier et mort le 28 juin 2018 à Cornimont, est un historien français considéré comme l’un des plus grands spécialistes de l’Ancien Régime. Professeur d'histoire moderne à l'université de Besançon puis à l'université Paris-X-Nanterre, il exerce les fonctions de pasteur protestant à Gérardmer en 1977-1979.
Joël François Bluche est le fils de Pierre Bluche, créateur d'une usine de bonneterie de soie à Ganges[1], qui soutient Philippe Pétain sous le régime de Vichy[2]. Ayant reçu, selon Christian Amalvi, une éducation « profondément patriotique », il s'engage à 17 ans dans les Francs-tireurs et partisans et adhère au Parti communiste français[2]. À la Libération, il intègre d'ailleurs la rédaction de Rouge Midi, dirigé par Jean Cristofol[2]. Il quitte la mouvance communiste après de « rapides désillusions »[2].
Durant la guerre d'Algérie, il soutient l'Organisation de l'armée secrète (OAS), et est conséquemment inculpé, en juin 1962, de « complot contre l'autorité de l'État »[2].
Agrégé d'histoire en 1950[3], il soutient une thèse sur les magistrats du parlement de Paris au XVIIIe siècle, dédiée à son ami Pierre Gaxotte, et qui se distingue de la ligne historiographique alors dominante de l'École des Annales[2]. Il est nommé professeur d'histoire moderne à l'université de Besançon (1957-1969), puis à l'université Paris-X-Nanterre où il finit sa carrière académique en 1996. Il est l'un des pionniers de l'histoire des mentalités.
Spécialiste du Grand Siècle[1], il est notamment l'auteur d'un volumineux Louis XIV en 1986, « travail considérable » par la masse des faits collectés comme par la remise en cause par le retour aux sources de la plupart des interprétations qui avaient été faites de ce règne[4].
François Bluche a également dirigé un Dictionnaire du Grand Siècle paru en 1990[5].
Il est le père de Frédéric Bluche, historien du droit.
Il meurt le le 28 juin 2018 à Cornimont[6].
Né dans une famille catholique « très conservatrice sur le plan religieux », lui-même alors agnostique, il rejoint l'Église réformée de France en réaction à une « logorrhée néo-chrétienne » alléguée, consécutive selon lui au concile Vatican II[2]. Il est proche du courant, minoritaire, de Philippe Brissaud, éditeur du mensuel protestant Tant qu'il fait jour[2] ; mais aussi, plus particulièrement, de Pierre Chaunu, dont il partage les positions opposées au progressisme ecclésial, et avec qui il signe un pamphlet remarqué, Lettres aux Églises (1977)[2]. En 1977-79, il exerce comme pasteur à Gérardmer[2].
En 1960, il compte parmi les signataires du Manifeste des intellectuels français pour la résistance à l'abandon[7].
En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[8], initiée par le collectif Non à la guerre[9].
En 2012, il fait partie des parrains du projet Notre antenne, qui donne naissance en 2014 à TV Libertés[10].
- L'Origine des magistrats au Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Dictionnaire généalogique, 1956, 413 p., in Paris et Ile-de-France, Mémoires, tomes V-VI ;
- Lamentable Clio sous le nom de « Paul Guérande », Éditions Fasquelle, 1957.
- Les Honneurs de la cour, 1957, Les Cahiers nobles n° 10 & 11 ;
- Les Magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle (1715-1771), Paris : Les Belles Lettres (vol. 35 d'une collection des Annales littéraires de l'université de Besançon), 1960. 463 p.
- L'Anoblissement par charges avant 1789, 1962, Les Cahiers nobles n° 23 & 24 (Avec Pierre Durye) ;
- O.A.S. - Métro : ou les enfants perdus, récit (sous le nom de Paul Guérande), éditions du Fuseau, 1964, 188 p.
- Le petit monde de la comtesse de Ségur (sous le nom de Paul Guérande), Paris : Les Seize, 1964, 96 p., ill.
- Les Magistrats de la Cour des monnaies de Paris au XVIIIe siècle, 1715-1790, Paris : Les Belles Lettres (vol. 81 d'une collection des Annales littéraires de l'université de Besançon), 1966. 81 p.
- Les Magistrats du Grand conseil au XVIIIe siècle, 1690-1791, thèse présentée à l'École pratique des Hautes études, IVe section. Paris : Les Belles Lettres (vol. 82 d'une collection des Annales littéraires de l'université de Besançon), 1966. 191 p (ISBN 978-2717809886).
- Les Pages de la Grande Écurie, 3 vol., Les Cahiers nobles no 28 à 30, Paris, 1966.
- Le Despotisme éclairé, Paris : Fayard, coll. « Les Grandes Études historiques », 1968. 380 p.
- Marie-Josèphe de Saxe, Paris, éditions Hachette, 1970
- La Vie quotidienne de la noblesse française au XVIIIe siècle, Paris : Hachette, coll. « La Vie quotidienne », 1973, 270 p. (BNF 35172861), (BNF 36261138)[11]
- Lettre aux Églises, en collaboration avec Pierre Chaunu, Paris : Fayard, 1977. 214 p. (ISBN 2213004544)
- La Vie quotidienne au temps de Louis XVI, Paris : Hachette, coll. « La Vie quotidienne », 1980, 397 p. (ISBN 2010038282)
- La Véritable hiérarchie sociale de l'ancienne France. Le tarif de la première capitation (1695), en collaboration avec Jean-François Solnon. Genève : Droz, 1983. 211 p.
- La Vie quotidienne au temps de Louis XIV, Paris : Hachette, coll. « La Vie quotidienne », 1984, 401 p (ISBN 2010093909)[12].
- Les Magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Économica, 1986, 481 p.
- Louis XIV, Paris, Fayard, 1986, 1039 p. (ISBN 2-213 01568-6, présentation en ligne).
- Le Petit monde de la comtesse de Ségur, Paris, Hachette, 1988. 185 p (ISBN 2-01-014514-3).
- Louis XIV vous parle. Mots et anecdotes, Paris, Stock, 1988. 345 p (ISBN 978-2012789876).
- Collectif (sous la direction de François Bluche), Dictionnaire du Grand Siècle, Paris : Fayard, 1990. 1643 p (ISBN 2-213-02425-1).
- Le grenier à sel. Souvenirs, Paris : Éditions de Fallois, 1991 (ISBN 2-87706-131-0).
- Dictionnaire des mots historiques. De César à Churchill, Paris : Éditions de Fallois, 1992. 405 p (ISBN 978-2877061490).
- L'Ancien régime. Institutions et société, Paris : Éditions de Fallois/Librairie générale française, 1993. 223 p (ISBN 2253064238).
- De la Renaissance au règne de Louis XVI, Paris : Éditions Fleurus, coll. « Notre Histoire » (pour la jeunesse), 1995. 83 p (ISBN 978-2215040033).
- La Véritable Hiérarchie sociale de l'ancienne France. Le tarif de la première capitation (1695), Genève, Droz, 1995 (ISBN 978-2-600-03985-7).
- La Foi chrétienne. Histoire et doctrines, Paris, Éditions du Rocher, 1996. 323 p (ISBN 9782268021829).
- Dictionnaire des citations et des mots historiques, Paris, Éditions du Rocher, 1997. 434 p (ISBN 978-2268025803).
- Louis XIV, Paris, Hachette, 1999 (Coll. Pluriel) (ISBN 9782012789876).
- Louis XV, Paris, Perrin, 2000, 297 p. (ISBN 2-262-01592-9, présentation en ligne).
Réédition : Louis XV, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 36), 2003, 297 p., poche (ISBN 978-2-262-02021-7).
- Le despotisme éclairé, Paris, Hachette, 2000 (Coll. Pluriel) (ISBN 978-2012790124).
- Les Faux Nobles, Paris, Éditions du Rocher, 2000. 238 p.
- Au plaisir de l'histoire, recueil d'articles, Paris, Perrin, 2001. 305 p.
- La Bible est ma patrie. Cinquante-deux prédications évangéliques, Éditions de Paris, 2002.
- Richelieu, Paris, Perrin, 2003. 468 p (ISBN 978-2-262-01718-7).
- Dictionnaire du Grand Siècle (1589-1715), Fayard, 2005 (ISBN 978-2-213-62144-9).
- Le Grand Règne, Paris, Fayard, 2006 (ISBN 9782213630984).
- 77 ans d'enthousiasme. Ressouvenirs, Paris, Éditions du Rocher, 2006 (ISBN 9782268057576).
- La Noblesse française au XVIIIe siècle, Paris, Éditions Fayard, 2013 (ISBN 978-2-213-67697-5).
- Prix Broquette-Gonin 1970.
- Grand prix Gobert 1961.
- Prix Renaissance des lettres 1984[13].
- ↑ a et b Philippe-Jean Catinchi, La mort de François Bluche, historien du Grand Siècle, lemonde.fr, 16 juillet 2018
- ↑ a b c d e f g h i et j Amalvi 2015.
- ↑ Reçu 9e, d'après André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », mars 2015 (consulté le 26 mai 2017).
- ↑ André Corvisier, François Bluche, Louis XIV, 1986 (compte-rendu), Cahiers Saint-Simon, Année 1988, 16, pp. 105-106
- ↑ Georges Matoré, Dictionnaire du Grand Siècle, sous la direction de François Bluche, Paris, Fayard, 1990 (compte-rendu), L'information grammaticale, Année 1991, 49, p. 58
- ↑ « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le 17 janvier 2024)
- ↑ Jean-François Sirinelli, « Guerre d'Algérie, guerre des pétitions ? », dans Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli (dir.), La Guerre d'Algérie et les intellectuels français, Complexe, 1991, p. 291.
- ↑ « Liste des personnalités signataires de l'Appel », sur nonguerre.chez.com.
- ↑ Renaud Dély, « L'extrême droite ratisse large contre les frappes de l'Otan. Le «Collectif non à la guerre» a tenu une réunion proserbe hier soir », sur liberation.fr, 22 avril 1999.
- ↑ Lettre de Gérard Marin en 19 décembre 2012, suivie d'une liste de parrains du projet.
- ↑ Paulette Charbonnel, François Bluche : La Vie quotidienne de la noblesse française au 18e siècle. 1973 (compte-rendu), Dix-Huitième Siècle, Année 1976, 8, pp. 461-462
- ↑ Etienne Taillemite, François Bluche. Vie quotidienne au temps de Louis XIV (note bibliographique), Bibliothèque de l'École des chartes, Année 1985, 143-1, pp. 211-212
- ↑ « Prix Renaissance (lettres) », sur cerclerenaissance.info.
- Christian Amalvi, « François Bluche », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, t. I, Paris, Éditions de Paris-Max Chaleil, 2015 (ISBN 978-2-8462-1190-1), p. 327-328.