John Beasley Greene — Wikipédia
- ️Wed Jun 20 1832
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John Beasley Greene, aussi appelé John B. Greene[Note 1] (Ingouville, Le Havre, 20 juin 1832 - Le Caire, 29 novembre 1856), est un égyptologue et un photographe primitif américain.
John Beasley Greene naît en 1832 à Ingouville[1], une ancienne commune rattachée au Havre, de parents américains mariés en 1823 au Havre[2]. Il a deux sœurs, nées en 1824 et 1826[3]. Sa mère, Marie Regina Dejoye, est née à Philadelphie. Son père, un banquier du nom de John Bulkley Greene né à Concord (New Hampshire)[4], dirige la filiale havraise de la banque Welles & Williams.
Peu après la naissance de John Beasley, la famille quitte Le Havre pour Paris, et s'installe au 10 rue de la Grange-Batelière dans le IXe arrondissement[5]. On sait peu de choses de sa jeunesse. Il développe deux grandes passions : la photographie et l'archéologie égyptienne. Son père meurt en 1850. En 1852, Gustave Le Gray lui enseigne la technique photographique, et notamment celle du négatif sur papier ciré sec[6],[7]. Il apprend la lecture des hiéroglyphes avec l'égyptologue Emmanuel de Rougé, futur successeur de Jean-François Champollion à la tête du département d’égyptologie du Louvre[8]. En 1853, il devient membre de la prestigieuse Société asiatique[9].
Grâce à l'aisance financière familiale dont il bénéficie, John B. Greene peut financer un premier voyage en Égypte de novembre 1853 à mai 1854[10], le long du Nil, jusqu’à la seconde cataracte[11]. Il en rapporte de nombreuses photographies et, en hommage à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, en fait don de certaines, représentant des inscriptions hiéroglyphiques, à la bibliothèque de l'Institut de France[11]. Il est l'un des membres fondateurs de la Société française de photographie qui voit le jour le 15 novembre 1854[12],[13]. La même année, près d'une centaine de ses tirages sont publiés dans un album imprimé par Blanquart-Evrard, sous le titre Le Nil : monuments, paysages, explorations photographiques[8].
En 1855, il retourne en Égypte muni d'un firman l'autorisant à engager des fouilles au temple de Ramsès III à Thèbes. Il y dégage une petite chapelle et un tombeau datant de la XVIIIe dynastie, ainsi qu'un calendrier dont Champollion avait commencé à recopier les inscriptions hiéroglyphiques[14]. À son retour, il publie Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855. Il est récompensé à l'issue de l'Exposition universelle, qui s'est tenue à Paris du 15 mai au 15 novembre 1855 : tout comme Maxime Du Camp, il reçoit au titre de coopérateur une médaille de deuxième classe, dans la section « Photographie », pour ses photographies d’Égypte[15].
Il est en Algérie à la fin de l'année 1855 et au début de l'année 1856, et y photographie les campagnes de fouilles du tombeau de la Chrétienne dirigées par Adrien Berbrugger[16]. À la fin de l'année, il repart une troisième fois en Égypte pour poursuivre ses recherches, mais décède au Caire le 29 novembre[17], peu après son arrivée. Plusieurs sources contemporaines évoquent la tuberculose[Note 2]. La nouvelle de la mort à 24 ans de ce jeune savant prometteur est reprise dans la presse et déplorée[18],[19]. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, division 45, avec son père[20],[Note 3].
Après sa mort, il tombe rapidement dans l'oubli et son travail n'est redécouvert que dans les années 1970[21].
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Vue de Louxor, Cleveland Museum of Art
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Le Sphinx, Cleveland Museum of Art
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Temple d'Horus à Edfou : sculptures et inscriptions sur la face orientale, 1854, National Gallery of Art
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Tombeau de la Chrétienne, Algérie, janvier 1856,Getty Center
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Constantine, Algérie, 1853-1854, Metropolitan Museum of Art
- Le Nil : monuments, paysages, explorations photographiques, Lille, Imprimerie photographique de Blanquart-Évrard, 1854
- Recueil. Photographies positives. Œuvre de John B. Greene, vers 1854
- Fouilles exécutées à Thèbes dans l'année 1855, Firmin-Didot frères, 1855 (avec 8 planches de Théodule Charles Devéria)
- ↑ Cette abréviation a parfois induit une confusion avec John Bulkley Greene, son père, à qui l'on crédite de manière erronée certaines de ses photographies.
- ↑ Toutefois, dans la notice consacrée à Greene dans Encyclopedia of Nineteenth-Century Photography paru en 2013, Will Stap parle quant à lui « of an unidentified "cruel disease" (probably not tuberculosis) » [d'une "cruelle maladie" non identifiée (probablement pas la tuberculose)].
- ↑ Ainsi qu'un enfant, peut-être un de ses neveux, prénommé Charles Gordon, né à Paris en 1854 et mort à Baden-Baden en 1865.
- ↑ Acte de naissance no 501 du 23 juin 1832, Ingouville, registre 1832, cote 4E 09066 (vue 277), Archives départementales de Seine-Maritime
- ↑ Acte de mariage no 52 du 17 avril 1823, Le Havre, registre 1823, cote 4E 08655 (vue 27), Archives départementales de Seine-Maritime
- ↑ Actes de naissances no 84 du 11 février 1824 de Jeanne Marie Charlotte Zélie Green et no 71 du 4 février 1826 de Rebecca Sophie Charlotte Green, Le Havre, Archives départementales de Seine-Maritime
- ↑ « John Bulkley Greene (1780-1850) », sur fr.findagrave.com (consulté le 25 mai 2020)
- ↑ Rachel Topham. John Beasly (sic) Greene, Theses and dissertations, paper 210, Ryerson University, 2006
- ↑ nleguern, « Théodule Devéria, un photographe-égyptologue très discret », sur L’Antiquité à la BnF, 15 octobre 2018 (consulté le 26 mai 2020)
- ↑ « Photogénie des ruines. À propos des images de John B. Greene », présentation de la conférence de Danièle Méaux, sur www.crlv.org, 10 mars 2008 (consulté le 26 mai 2020)
- ↑ a et b Hélène Bocard, « L’époque des amateurs : 1839-1860 », dans Le Caire dessiné et photographié au XIXe siècle, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, coll. « Collection d'InVisu », 5 décembre 2017 (ISBN 978-2-917902-80-6, lire en ligne), p. 157–182
- ↑ (en) John Hannavy (dir.), Encyclopedia of Nineteenth-Century Photography, Routledge, 16 décembre 2013 (ISBN 978-1-135-87326-4, lire en ligne), p. 619-622
- ↑ « Académie des inscriptions et belles-lettres. Séances des 28 juillet, 1er, 8 et 15 septembre », sur Gallica, L'Athenaeum français : journal universel de la littérature, de la science et des beaux-arts, 1854 (consulté le 25 mai 2020), p. 893
- ↑ a et b Danièle Méaux, « Monuments et paysages de John B. Greene », History of Photography, 1er août 2009 (DOI 10.1080/03087290802646239, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2025)
- ↑ « John Beasley Greene (1832-1856) », sur data.bnf.fr (consulté le 25 mai 2020)
- ↑ « Liste des premiers fondateurs », [son nom est orthographié Greenn], sur Gallica, Bulletin de la Société française de photographie, tome premier, 1855 (consulté le 26 mai 2020), p. 22
- ↑ « Découvertes et nouvelles », sur Gallica, Revue archéologique. Première partie, avril à septembre 1855, 1855 (consulté le 26 mai 2020), p. 251
- ↑ Société héliographique, « Coopérateurs. Médaille de deuxième classe », sur Gallica, La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences, 15 décembre 1855 (consulté le 26 mai 2020), p. 198
- ↑ Monique Dondin-Payre, « Les fouilles du tombeau de la Chrétienne au XIXe siècle » dans Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2003, vol. 147
- ↑ « Notoriété après décès de John Beasly Greene, survenu au Caire (Égypte), le 29 novembre 1856 », sur www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr, 11 juillet 1866 (consulté le 25 mai 2020)
- ↑ « Faits divers », sur Gallica, Journal des débats politiques et littéraires, 16 décembre 1856 (consulté le 26 mai 2020) : « Nous recevons du Caire une bien triste nouvelle. Un jeune et savant égyptologue américain, dont nous annoncions l'année dernière à cette même place les découvertes et les fouilles dans la Haute-Égypte, M. John B. Greene, vient, presque à son arrivée au Caire, de succomber à une cruelle maladie. », p. 1
- ↑ « Nécrologie », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Journal des villes et des campagnes, 17 décembre 1856 (consulté le 26 mai 2020)
- ↑ J. Rutgers Leroy, « Inscriptions on the Tombstones of Americans Buried in Père La Chaise Cemetery, Paris, France », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, vol. 43, no 3, 1919, p. 254 (ISSN 0031-4587, lire en ligne, consulté le 26 mai 2020)
- ↑ (en) Jessica Leigh Hester, « The Strange Emptiness of Egypt in 19th-Century European Photographs », sur Atlas Obscura, 21 novembre 2019 (consulté le 26 mai 2020)
- Photographes en Algérie au XIXe siècle. Paris, Musée galerie de la SEITA, 1999.
- Rachel Topham. John Beasly Greene, Theses and dissertations, paper 210, Ryerson University, 2006
- Signs and Wonders: The Photographs of John Beasley Greene, Munich, Prestel, 2018. Publié à l’occasion d’une exposition itinérante au San Francisco Museum of Modern Art du 31 août 2019 au 5 janvier 2020 et à l’Art Institute of Chicago du 8 février au 31 mai 2020.
- Ressources relatives aux beaux-arts
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- Sylvie Aubenas, John B. Greene, sur le site de la BNF