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Le Voïévode (ballade symphonique) — Wikipédia

  • ️Wed Nov 18 1891

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Le Voïévode Op. 78
Genre Ballade symphonique
Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski
Sources littéraires Le Voïévode d'Alexandre Pouchkine, d'après Adam Mickiewicz
Durée approximative 15 min
Dates de composition 1890-1891
Création 18 novembre 1891
Saint-Pétersbourg, Drapeau de l'Empire russe Empire russe
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Le Voïévode, ballade symphonique en la mineur (en russe : Воевода), op. 78, est une œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski composée de 1890 à septembre 1891 et jouée pour la première fois le 18 novembre 1891 à Saint-Pétersbourg. L'œuvre est basée sur la traduction d'Alexandre Pouchkine du poème d'Adam Mickiewicz Le Voïévode.

C'est la première œuvre dans laquelle Tchaïkovski emploie le célesta, instrument qu'il réutilise l'année suivante dans le Casse-Noisette, en particulier dans la Danse de la Fée Dragée. Tchaïkovski reprit la partie centrale de l'œuvre et l'arrangea pour le piano en l'intitulant Aveu passionné.

Le voïévode revint de la guerre tard dans la nuit. Il ordonne le silence, se précipite vers la couche nuptiale, écarte les rideaux… C'est donc vrai ! Personne : la couche est vide.

Plus sombre que la nuit noire, il baisse les yeux pleins de rage, tourmente sa moustache grisonnante, puis, en rejetant en arrière ses longues manches, il sort et pousse le verrou. « Holà ! crie-t-il, pâture du diable !

Pourquoi ne vois-je pas à la grille ni verrou, ni chiens de garde ? Engeance de Cham !… vite, mon fusil ; apprête un sac, une corde et prends la carabine pendue au mur. Suis-moi, je ferai voir ma vengeance à cette femme ! »

Le seigneur et le jeune valet font le guet filant le mur. Ils entrent au jardin et voient à travers les broussailles la jeune dame toute en blanc, assise auprès de la fontaine et un homme à ses pieds.

Il disait : « Ainsi rien ne m'est resté des délices d'autrefois, de ce que j'aimais tant ! Les soupirs de ton sein blanc, les étreintes de ta main douce, le voïévode a tout acheté !

Combien d'années je soupirais après toi, combien d'années de te cherchais et tu m'as renié. Le voïévode ne te cherchait point, il ne soupirait point — il fit sonner son argent et tu t'es donnée à lui !

J'ai traversé l'obscurité de la nuit pour voir les yeux de ma bienaimée, lui presser la douce main, lui souhaiter en sa nouvelle demeure beaucoup d'années prospères, beaucoup de joie et ensuite la fuir à jamais… »

La belle pleure et se lamente ; le jeune homme lui embrasse les genoux et les deux autres les observent à travers les broussailles. Ils mettent à terre leurs fusils, ils tirent des cartouches de leurs ceintures et les mordent en chargeant à coups de baguette.

Puis ils s'approchent doucement. « Maître, je ne peux pas viser, soupire le pauvre serviteur, est-ce le vent ? mais je sens des larmes venir aux yeux… je frémis… mes bras faiblissent, la poudre d'amorce manque le bassinet…

— Tout bas, engeance d'esclave, je t'apprendrai à pleurnicher ! Remplis le bassinet… Vise maintenant… Vise le front de l'infidèle… Plus à gauche… Plus haut… je me charge du galant… chut !… à moi d'abord… attends ! »

Le coup de carabine retentit au jardin. Le jeune valet n'a pas su attendre. Le voïévode pousse un cri ; le voïévode chancelle… Le jeune valet, paraît-il, a mal visé ; la balle traversa le front du voïévode.

Instrumentation du Voïévode
Bois
3 flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes (en la), 1 clarinette basse (en si bémol), 2 bassons
Cuivres
4 cors (en fa), 2 trompettes (en si bémol), 3 trombones (2 ténors et 1 basse), tuba
Percussions
timbales, caisse claire, célesta (ou piano)
Cordes
1 harpe, premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses
  • François-René Tranchefort (direction), Guide de la Musique Symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », 1998 (1re éd. 1986), 896 p. (ISBN 2-213-01638-0), p. 802