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Mémoire spatiale — Wikipédia

  • ️Fri Aug 27 2004

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La mémoire spatiale est nécessaire pour naviguer dans un environnement.

La mémoire spatiale est la partie de la mémoire d'un individu responsable de l'enregistrement des informations concernant l'espace environnant et l'orientation spatiale de l'individu dans celui-ci. La mémoire spatiale est ainsi requise pour la navigation spatiale dans un lieu connu, comme dans un quartier familier.

Elle est étudiée en neuroscience (chez le rat) et en psychologie cognitive (chez l'homme). Elle semble principalement constituée de carte cognitive et présente des composantes aux niveaux de la mémoire de travail, de la mémoire à court terme et de la mémoire à long terme. Les recherches dans ce domaine indiquent qu'il existe des aires spécifiquement dédiées à la mémoire spatiale dans le cerveau, en particulier l'hippocampe[1] et le cortex entorhinal médian dorsalcaudal (dMEC) qui contient une carte topographique organisée de l'environnement spatial constitué de cellules de grille[2].

Durant la navigation, différentes stratégies sont spontanément adoptées afin de s’orienter dans l’environnement[3]. La stratégie spatiale implique la construction de relations entre des repères situés dans l’environnement afin de créer une carte cognitive soutenue par l’hippocampe[4]. La stratégie réponse, quant à elle, consiste à mémoriser une série de mouvements à partir de points stratégiques et elle est prise en charge par le striatum[5]. La présence d'une relation inverse entre la quantité de matière grise au niveau de l’hippocampe et celle au niveau du striatum a été démontrée[6].

La géographie culturelle s’intéresse à la notion de spatialisation des mémoires collectives et individuelles[7]. En effet, le champ mémoriel s’est tout particulièrement développé en sciences sociales en même temps que de nombreuses sociétés démêlaient et construisaient leurs rapports aux mémoires traumatiques majoritairement issues d’évènements conflictuels et post-conflictuels du 20e siècle[8]. Les enjeux de ces relations au passé ont été étudiés par les anthropologues, les historiens, les historiennes et finalement le terme « Memory boom » s’est imposé dans le monde académique des sciences humaines et sociales[9],[10].

D’une manière plus générale, la mémoire, en tant qu’objet appréhendé d’un point de vue spatial  produit de l’espace en conjuguant différentes échalles ; elle interroge la nature des liens entre les territoires et leur caractère symbolique et permet de comprendre la manière dont les individus et groupes sociaux produisent, façonnent et/ou modifient l’espace, d'un point de vue matériel et idéel, par leurs représentations et pratiques mémorielles[11].

  1. « larecherche.fr/savoirs/dossier… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. Marianne Fyhn, Sturla Molden, Menno P. Witter et Edvard I. Moser, « Spatial representation in the entorhinal cortex », Science (New York, N.Y.), vol. 305,‎ 27 août 2004, p. 1258-1264 (ISSN 1095-9203, PMID 15333832, DOI 10.1126/science.1099901, lire en ligne, consulté le 17 septembre 2015)
  3. Giuseppe Iaria, Michael Petrides, Alain Dagher et Bruce Pike, « Cognitive Strategies Dependent on the Hippocampus and Caudate Nucleus in Human Navigation: Variability and Change with Practice », Journal of Neuroscience, vol. 23, no 13,‎ 2 juillet 2003, p. 5945–5952 (DOI 10.1523/jneurosci.23-13-05945.2003, lire en ligne, consulté le 5 juin 2018)
  4. O'Keefe, John., The hippocampus as a cognitive map, Clarendon Press, 1978 (ISBN 0-19-857206-9 et 9780198572060, OCLC 4430731, lire en ligne)
  5. (en) Mark G. Packard et James L. McGaugh, « Double dissociation of fornix and caudate nucleus lesions on acquisition of two water maze tasks: Further evidence for multiple memory systems. », Behavioral Neuroscience, vol. 106, no 3,‎ 1992, p. 439–446 (ISSN 1939-0084 et 0735-7044, DOI 10.1037/0735-7044.106.3.439, lire en ligne, consulté le 5 juin 2018)
  6. Véronique D. Bohbot, Jason Lerch, Brook Thorndycraft et Giuseppe Iaria, « Gray Matter Differences Correlate with Spontaneous Strategies in a Human Virtual Navigation Task », Journal of Neuroscience, vol. 27, no 38,‎ 19 septembre 2007, p. 10078–10083 (DOI 10.1523/jneurosci.1763-07.2007, lire en ligne, consulté le 5 juin 2018)
  7. « Spatialités des mémoires », Géographie et cultures, no 105,‎ 1er mars 2018 (ISSN 1165-0354 et 2267-6759, DOI 10.4000/gc.6318, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2025)
  8. Géographie du souvenir. Ancrages spatiaux des mémoires de la Shoah, Paris, L'Harmattan, 2017, 244 p. (ISBN 978-2-343-12443-8)
  9. Serge Nicolas, « Un siècle d'étude de la mémoire : les hommes et les idées », Les Cahiers de Framespa. e-STORIA, no 16,‎ 1er juillet 2014 (ISSN 1760-4761, DOI 10.4000/framespa.2889, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2025)
  10. Marie-Claire Lavabre, « Usages et mésusages de la notion de mémoire », Critique internationale, vol. 7, no 2,‎ 2000, p. 48–57 (ISSN 1290-7839, DOI 10.3917/crii.p2000.7n1.0048, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2025)
  11. Dominique Chevalier, « Patrimonialisation des mémoires douloureuses : ancrages et mobilités, racines et rhizomes », Autrepart, vol. 7879, no 2,‎ 2016, p. 235–255 (ISSN 1278-3986, DOI 10.3917/autr.078.0235, lire en ligne, consulté le 21 janvier 2025)