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Nan Goldin — Wikipédia

  • ️Sat Sep 12 1953

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Nan Goldin en 2017

Biographie
Naissance
Nationalité
Domiciles
Formation

École du Musée des Beaux-Arts de Tufts (en)
Université TuftsVoir et modifier les données sur Wikidata

Activités
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour

Tin Pan Alley (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mouvement
Représentée par

Marian Goodman Gallery (d), Matthew Marks Gallery (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Genre artistique
Influencée par

Cookie Mueller, Greer Lankton (en), Jack SmithVoir et modifier les données sur Wikidata

Distinctions
Œuvres principales

modifier - modifier le code - modifier WikidataDocumentation du modèle

Nancy Goldin dite Nan Goldin, née le 12 septembre 1953[1] à Washington D.C., est une photographe américaine.

L'œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur en 1965, elle évolue tout au long de son existence dans divers milieux qui nourrissent sa créativité. Ses photos prises sur le vif documentent une époque : drogue, prostitution, mouvement gay et lesbien, violence conjugale, crise du sida dans laquelle nombre de ses amis disparaissent.

Depuis sa jeunesse, elle considère la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire.

Nan Goldin mène une campagne contre la famille Sackler, propriétaire de l'entreprise Purdue Pharma qui commercialise l'OxyContin, impliquée dans la crise des opioïdes aux États-Unis. Ses actions aboutissent à ce que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille, et qu'ils effacent leur nom des hommages rendus à leurs mécènes.

Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris.

Nan Goldin naît à Washington DC et grandit dans le Massachusetts, dans une famille juive ashkénaze de la petite classe moyenne[2]. Lorsqu'elle a 11 ans, sa sœur aînée Barbara se suicide après plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques[3]. À quinze ans, elle s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs de la Satya Community School de Lincoln (Massachusetts).

En 1972, elle entre à l’école de musique à Boston où elle rencontre le photographe David Armstrong. Ce dernier devient drag queen, ce qui permet à Nan Goldin de côtoyer ce milieu très marginalisé qu'elle photographie tout au long de sa vie. À cette époque, Nan Goldin utilise surtout les couleurs primaires. Après avoir déménagé à New York, en 1978, elle commence à réaliser des photos aux couleurs saturées, plongées dans une lumière artificielle. Elle tombe enceinte d'un père anonyme.

Durant ces années commence à naître l’œuvre qui la rend célèbre et qui met plus de 16 ans à être élaborée, The Ballad of Sexual Dependency, constituée de plus de 800 diapositives projetées en boucle et accompagnées de chansons issues d’univers et d’inspirations très divers, tels que James Brown, Maria Callas ou The Velvet Underground.

Les principaux thèmes évoqués sont la fête, la drogue, la violence, le sexe, l’angoisse de la mort. Pourtant, Goldin a avant tout le désir de photographier la vie telle qu'elle est, sans censure. Or, selon elle, ce qui est intéressant, c'est le comportement physique des individus. Elle traite de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté de survivre.

Nan Goldin n’a pas de tabou, allant même jusqu'à se photographier peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque, ce qui avait manqué de lui faire perdre un œil. Ce fameux cliché fait partie de la série intitulée All By Myself qui évoque et qui atteste son propre délabrement, physique et mental. C’est en étalant publiquement sa vie et son histoire qu’elle réussit à mieux se comprendre et à s’accepter, tout en s’identifiant dans la société.

Nan Goldin est confrontée au début des années 1980 à l’apparition du sida, qui décime ses amis proches et ses modèles, qu’elle considère comme sa propre famille, et qu’elle photographie de leur vie quotidienne à leur cercueil. C'est le cas par exemple de Cookie Mueller, morte à 40 ans le 10 novembre 1989, à qui Goldin consacre une exposition en 1991. À cette occasion est publiée La Dernière Lettre (A Last Letter) de son amie, qui décrit le drame de la génération du début du baby-boom fauchée par l'épidémie.

En 1996, dans une interview à The Advocate, elle déclare être activement bisexuelle depuis le début de sa vie sexuelle[4]. Elle indique par ailleurs avoir été largement inspirée et influencée par la communauté LGBT, qui l'a entourée depuis son adolescence[4].

Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris. Son travail évolue vers des ambiances moins destructrices et plus tendres que ne l'étaient ses travaux des années 1980. En 2009 elle est directrice artistique des Rencontres de la photographie d'Arles.

En 2014, comme elle souffre d’une tendinite au poignet gauche, un médecin berlinois lui prescrit de l’OxyContin. Ce puissant anti-douleur crée chez elle une addiction, si bien qu'en mars 2017, elle doit suivre une cure de désintoxication. Nan Goldin décide alors de mener une campagne contre la famille Sackler, en possession de Purdue Pharma, l'entreprise qui vend l'OxyContin aux États-Unis. Elle souhaite notamment que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille[5],[6]. Le film de Laura Poitras Toute la beauté et le sang versé (2022) documente cette lutte et la vie de l'artiste.

En novembre 2023, Nancy Goldin participe avec des militants juifs américains progressistes à l'occupation dans le calme de la statue de la Liberté à New York pour exiger d’Israël un cessez-le-feu dans la bande de Gaza dans le conflit qui oppose le Hamas et Israël[7].

Nan Goldin et ses photographies forment un ensemble singulier où le spectateur se sent « aspiré » par leur monde. Archétypes communs, mémoire collective, histoires dans lesquelles il s'identifie et/ou s'interroge, la photographie de Nan Goldin renvoie le spectateur à ses propres questionnements.

Son travail est considéré comme un miroir tendu à sa génération ou comme un répertoire désenchanté d'évènements récents de notre expérience collective. Il soulève notamment les problèmes de la relation entre vérité et simulation, entre prose et poésie.

  1. Notice d'autorité personne du catalogue général de la BNF.
  2. (en-GB) Sean O'Hagan, « Nan Goldin: 'I wanted to get high from a really early age' », The Observer,‎ 23 mars 2014 (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le 7 novembre 2017).
  3. « Arles, 40 ans et Nan Goldin », sur Télérama, 14 juillet 2009.
  4. a et b (en) The Advocate, 15 oct. 1996, p. 68.
  5. Maud Darbois, « Addiction aux opioïdes : la photographe Nan Goldin s’attaque à l'industrie pharmaceutique américaine », sur Les Inrocks, Les Inrocks, 9 janvier 2018 (consulté le 25 avril 2019).
  6. « Nan Goldin en campagne contre le médicament OxyContin et la famille Sackler », sur L'Œil de la Photographie Magazine, 23 janvier 2018 (consulté le 25 avril 2019).
  7. « Guerre Israël - Gaza: Netanyahu refuse un cessez-le-feu et revendique le contrôle de la sécurité à Gaza après la guerre », sur rtbf.be avec AFP, 7 novembre 2023 (consulté le 7 novembre 2023).
  8. Insignes remis par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, le 27 juin 2006.
  9. Discours prononcé par le ministre, sur culture.gouv.fr, 27 juin 2006
  10. (en) « Nan Goldin », sur IMMA (consulté le 30 mai 2023)
  11. (en) Présentation de l'exposition sur le site du Victoria and Albert Museum
  12. (en) Charlotte Jansen, Fragile Beauty review – Elton John and David Furnish’s photo collection goes from basic to brutal, The Guardian, 17 mai 2024
  13. Alexandre Marain, Elton John expose son incroyable collection de photos au V&A à Londres, in Vogue France, 12 juin 2024
  14. Philippe Régnier, « Le FILAF lance sa troisième édition à Perpignan », Le Quotidien de l'art, no 407, 26 juin 2013.
  15. Art Media Agency, 21 juin 2013.
  16. « The Royal Photographic Society Awards 2018 - RPS », sur web.archive.org, 4 décembre 2018 (consulté le 30 mai 2023)
  17. Michel Guerrin, « L'album de famille cru et intime de Nan Goldin », Le Monde,‎ 12 décembre 2003 (lire en ligne Accès limité).
  • Marie Bottin, « La critique en dépendance. La réception de l’œuvre de Nan Goldin en France (1987-2003) », Études photographiques, no 17,‎ novembre 2005, p. 67-85 (lire en ligne Accès libre).
  • Guido Costa (trad. de l'anglais), Nan Goldin, Paris, Phaidon, coll. « 55 », 11 juillet 2001, 125 p. (ISBN 0-7148-9148-7).
  • (en) Christoph Heinrich (sous la dir. de) (trad. de l'allemand), Émotions & relations : Nan Goldin, David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson, Philip-Lorca diCorcia, Köln - New York, Taschen, 1998, 200 p. (ISBN 3-8228-7507-4).
  • Frédéric Martel, « Nan Goldin ou la politique de l'intimité », La Nouvelle Revue française, no 559,‎ octobre 2001, p. 274–289.
  • Contacts, Jean-Pierre Krief, France, 2000, 14 min, Arte
  • Toute la beauté et le sang versé (All the Beauty and the Bloodshed), documentaire américain réalisé par Laura Poitras, sorti en 2022. Nan Goldin y montre son combat qui finit par aboutir au retrait du nom de la famille Sackler (propriétaire de Purdue Pharma) associé à des salles ou des ailes entières de grands musées. La philanthropie de la famille Sackler est qualifiée de blanchiment de réputation à partir des bénéfices tirés de la vente d'opiacés.