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Piège à clics — Wikipédia

  • ️Fri Aug 01 2014

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Exemple de « piège à clics ».

Un piège à clics[1],[2], ou attrape-clics[2],[3] (en anglais clickbait [ˈklɪkbeɪt][4] : « appât à clics »), appelé vulgairement une pute à clics ou putaclic, est un contenu web destiné exclusivement à attirer le maximum de passages d'internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne. Il a pour but de rapporter de l'argent au créateur de l'article. Pour ce faire, celui-ci s'appuie sur un titre racoleur, voire mensonger[5], et sur des éléments sensationnels ou émotionnels au détriment de la qualité ou de l'exactitude, basculant éventuellement vers la fausse information[6]. Le piège à clics sert à attirer les clics à peu de frais et à encourager le partage de son contenu sur les réseaux sociaux.

Les pièges à clics exploitent le fait que les gens sont curieux de nature (technique du curiosity gap, « écart de curiosité », expression forgée par George Loewenstein[7]). Les clickbaits fournissent assez d'information pour éveiller la curiosité des gens mais pas assez pour la combler, afin d'inciter les lecteurs à cliquer sur le lien associé pour en savoir plus[8],[9],[10].

Les pièges à clics exploitent la psychologie pour attirer le maximum de personnes. Ils utilisent les émotions. Les créateurs définissent une cible puis choisissent les couleurs, les images, les titres accrocheurs les plus enclins à engendrer le maximum de clics[11].

On trouvera ainsi souvent des titres sensationnalistes, mystérieux, courts, concis et directs[11] tels que « Vous ne croirez jamais ce qui arrive à cette personne quand… », « Le Top 10 des plus… Le 3e est incroyable ! », souvent accompagnés de visuels racoleurs, mettant éventuellement en scène des jeunes femmes peu vêtues.

Au début des années 2010, l'omniprésence des pièges à clics sur Internet a eu un impact négatif sur l'image qu'ont les internautes de cette technique[10],[12].

Il est aujourd'hui difficile de dresser une liste de tous les médias en ligne qui utilisent ce type de titres, tant il est ancré dans le modèle économique.

En août 2014, Facebook a annoncé qu'il prenait des mesures, notamment le changement de son algorithme, pour réduire l'efficacité des contenus « attrape-clics » dans les fils d'actualité des utilisateurs de son réseau social[13],[14],[15]. Entre autres mesures, Facebook utilise le temps passé par un utilisateur sur une page pour mesurer la qualité de la page[16].

Une enquête des « décodeurs » du journal Le Monde a identifié fin 2018 un informaticien français du nom de Johann Fakra comme la tête d'un réseau d'une trentaine de sites clickbait de désinformation comprenant des sites et comptes Facebook de fausses informations à tendance sensationnaliste (Paye ton smile, Tranche de rire…), des sites complotistes (Cadoitsesavoir.fr, Onsaitcequonveutquonsache.com – supprimé en 2018 à la suite d'enquêtes –, La vérité sur notre monde, Réveillez-vous, Libre info, Esprits libres…) ou encore des sites de fausses informations de santé (Alter santé, Le Mag Santé, A ta bonne santé, Osons rêver d'un monde meilleur…)[17]. La santé est en effet l'un des secteurs les plus touchés par les infox (fake news) des pièges à clics, avec des sites et fils Facebook très courus comme Santé+Magazine (site détenu par un ancien cuisinier reconverti dans l'e-business) avec plus de 7 millions d'abonnés, mais aussi Santenatureinnovation.com, Sante-nutrition.org ou Topsante.org, tous massivement partagés par des internautes naïfs[18]. Aucun de ces sites n'est tenu par des médecins diplômés (ou même un quelconque personnel médical qualifié), et une grande partie appartiennent à des officines opaques utilisant de fausses identités et de fausses adresses de siège social[18].

  1. Commission d’enrichissement de la langue française, « piège à clics », sur FranceTerme, ministère de la Culture, 23 mai 2020 (consulté le 21 mai 2024).
  2. a et b « piège à clics », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
  3. Maxime Delrue, « Entre satire et « attrape-clics », voyage au pays des usines à buzz », 12 mai 2017.
  4. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  5. « Arrêtez tout ! Voici les secrets des titres racoleurs, cela va vous épater ! », 5 mars 2015
  6. Richard Sénéjoux et Amaury de Rochegonde, Medias : les nouveaux empires, Éditions First-Gründ, 2017, p. 79.
  7. (en) George Loewenstein, « The Psychology of Curiosity: A Review and Reinterpretation », Psychological Bulletin, vol. 116, no 1,‎ 1994, p. 75-98.
  8. Derek Thompson, « Upworthy: I Thought This Website Was Crazy, but What Happened Next Changed Everything », The Atlantic, 14 novembre 2013
  9. Kathy Waldman, « Mind the ‘curiosity gap': How can Upworthy be ‘noble’ and right when its clickbait headlines feel so wrong? », National Post, 23 mai 2014
  10. a et b Emily Shire, « Saving Us From Ourselves: The Anti-Clickbait Movement », The Daily Beast, 14 juillet 2014.
  11. a et b .Marie-Pierre Fourquet-Courbet, « Influence attendue et influence effective de la publicité sur l'internet », Questions de communication, no 5,‎ 1er juillet 2004, p. 31–53 (ISSN 1633-5961 et 2259-8901, DOI 10.4000/questionsdecommunication.7095, lire en ligne, consulté le 5 décembre 2019)
  12. Christine Lagorio-Chafkin, « Clickbait Bites. Downworthy Is Actually Doing Something About It », Inc., 27 janvier 2014.
  13. Lisa Visentin, « Facebook wages war on click-bait », The Sydney Morning Herald, 26 août 2014
  14. Andrew Leonard, « Why Mark Zuckerberg’s war on click bait proves we are all pawns of social media », Salon, 25 août 2014
  15. Khalid El-Arini and Joyce Tang, « News Feed FYI: Click-baiting », Facebook, 25 août 2014
  16. Ravi Somaiya, « Facebook Takes Steps Against ‘Click Bait’ Articles », The New York Times, 25 août 2014.
  17. Adrien Sénécat, « « Ça doit se savoir », « Alter Santé », « Libre Info » : un seul homme derrière un réseau de désinformation », sur Le Monde, 13 novembre 2018
  18. a et b Adrien Sénécat, « Santé+ Magazine, un site emblématique de la « mal-information » sur la santé », sur Le Monde, 25 mai 2018.