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Sergueï Choïgou — Wikipédia

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Sergueï Choïgou
Серге́й Шойгу́
Illustration.
Sergueï Choïgou en 2021.
Fonctions
Secrétaire du Conseil de sécurité de Russie
En fonction depuis le 12 mai 2024
(8 mois et 29 jours)
Président Vladimir Poutine
Prédécesseur Nikolaï Patrouchev
Ministre russe de la Défense
6 novembre 201214 mai 2024
(11 ans, 6 mois et 8 jours)
Président Vladimir Poutine
Président du gouvernement Dmitri Medvedev
Mikhaïl Michoustine
Gouvernement Medvedev I et II
Michoustine
Prédécesseur Anatoli Serdioukov
Successeur Andreï Belooussov
Gouverneur de l'oblast de Moscou
11 mai6 novembre 2012
(5 mois et 26 jours)
Prédécesseur Boris Gromov
Successeur Ruslan Tsalikov
Président de Russie unie
1er décembre 200115 avril 2005
(3 ans, 4 mois et 14 jours)
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Boris Gryzlov
Ministre des Situations d'urgence
17 avril 199411 mai 2012
(18 ans et 24 jours)
Président Boris Eltsine
Vladimir Poutine
Dmitri Medvedev
Prédécesseur Premier titulaire
Successeur Vladimir Poutchkov
Biographie
Nom de naissance Sergueï Koujouguetovitch Choïgou
Date de naissance 21 mai 1955 (69 ans)
Lieu de naissance Tchadan (RSFS de Russie)
Nationalité Russe (depuis 1991)
Soviétique (1955 à 1991)
Parti politique Parti communiste de l'union soviétique (avant 1991)
Indépendant (1991 à 1995)
Notre maison-Russie (1995 à 1999)
Unité (1999 à 2001)
Russie unie (depuis 2001)
Fratrie Larisa Choïgou (Soeur)
Diplômé de Institut polytechnique de Krasnoïarsk
Profession Ingénieur civil
Fonctionnaire
Militaire
Distinctions Héros de la fédération de Russie
Ordre de Saint-André
Religion Église orthodoxe russe[1]

Signature de Sergueï ChoïgouСерге́й Шойгу́
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Sergueï Koujouguetovitch Choïgou (en russe : Серге́й Кужуге́тович Шойгу́́), né le 21 mai 1955 à Tchadan (Touva), est un homme politique russe. Membre fondateur du parti de Vladimir Poutine Russie unie, nommé général d'armée en 2003, il dirige de 1994 à 2012 le ministère des Situations d'urgence. Il est président de la Société géographique de Russie depuis 2009 et ministre de la Défense de 2012 à 2024.

Il détient le record de longévité en tant que ministre en Russie, car il est membre du gouvernement de la fédération de Russie de 1994 à 2024 (30 ans au total)[2]. Il fait partie du cercle étroit des silovik de Poutine depuis son accession au pouvoir[3],[4].

Sergueï Choïgou est né d’un père touvain, Koujouguet Choïgou (1921-2010), et d’une mère russe, Alexandra Iakovlevna, née Koudriavtseva (1924-2011)[réf. nécessaire]. Il obtient son diplôme à l’école no 1 de Kyzyl[5].

En 1977, il est diplômé de l'institut polytechnique de Krasnoïarsk. Il travaille dans la construction durant la décennie suivante en gravissant les échelons pour devenir dirigeant. En 1988, il devient un fonctionnaire mineur du Parti communiste à Abakan puis au Komsomol durant quelque temps.

En 1990, il est nommé adjoint au président du comité d’état sur l’architecture et quitte la Sibérie pour Moscou[6].

Il est père de deux filles, Ioulia (1977) et Ksenia (1991).

Il se fait remarquer au début des années 1990 pour ses qualités de médiateur dans tous les domaines et devient ministre des Situations d’urgence, poste qu’il a lui-même créé[4]. À ce poste, il se rend souvent sur les lieux de catastrophes naturelles et d’attentats terroristes avec une équipe de secouristes professionnels d’élite, et dirige certaines opérations de secours[4]. Son équipe d'intervention fait sa renommée auprès aussi bien des milieux du pouvoir russe que des citoyens ordinaires[4]. Il apparaît alors comme un dauphin potentiel de Boris Eltsine[7].

à droite, Sergueï Choïgou, le président russe Vladimir Poutine, au milieu, et le chef d'état-major Valeri Guérassimov lors des exercices militaires Center-2019.

Il reçoit en 1999 la distinction nationale la plus prestigieuse, celle de héros de la fédération de Russie.

De 1999 à 2001, il dirige la fraction Unité du parti présidentiel (en), qu’il quitte alors que la popularité d’Eltsine est au plus bas, afin de créer avec d’autres personnalités du Kremlin le parti Russie unie. Il devient l'un des trois dirigeants de ce parti en 2001-2002 appuyant la candidature de Vladimir Poutine[4]. Il est depuis cette date membre du haut conseil de Russie unie.

Sergueï Choïgou est gouverneur de l'oblast de Moscou cinq mois en 2012.

Sergueï Choïgou en 2015.

Le 6 novembre 2012, il est nommé ministre de la Défense[8], à la suite du limogeage d'Anatoli Serdioukov[9]. Ce remaniement fait les unes de la presse russophone au cours du mois de novembre 2012[10]. Cette nomination paraît surprenante alors que Sergueï Choïgou n’a jamais servi dans l’armée, qu'il ne bénéficie d’aucune réputation auprès de la hiérarchie militaire, et que ses méthodes de leadership ne sont pas appréciées de la vieille garde[4]. Sa nomination intervient à quelques semaines d'intervalle de Valeri Guerassimov comme chef de l'État-Major général, qui apparaît dès lors très proche de lui[7].

Sergueï Choïgou lors des exercices militaires Vostok 2018.

Après l'éclatement de la révolution ukrainienne de 2014 et l'échec du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) à mettre fin à la révolte, Vladimir Poutine fait appel à l’armée qui, sous le commandement de Sergueï Choïgou, mène à bien l'annexion de la Crimée[4]. À la suite de cette crise, il est poursuivi en Ukraine « pour formation de bandes armées ».

En décembre 2015, il mène l'opération militaire qui permet d'inverser le cours de la guerre civile syrienne et permet à Bachar el-Assad de reprendre la main[4].

Il accomplit des visites diplomatiques dans plusieurs pays comme la Syrie, le Qatar ou Israël. Alors que ce rôle devrait être alloué aux affaires étrangères plus qu'à la défense, les analystes voient en cela une plus grande importance de l'armée en Russie[11].

Sergueï Choïgou en tenue de général d'armée, le 23 août 2021.

Il crée un cyber-commandement et intègre l’armée de l’air et les forces spatiales au sein des toutes nouvelles forces aérospatiales russes[4]. Il fait en sorte qu'il soit pratiquement impossible pour les jeunes Russes d’échapper au service militaire[4]. En 2017, il fait modifier l’uniforme d’apparat de l’armée en s’inspirant de l’uniforme soviétique de 1945, surnommé « l’uniforme du vainqueur »[4]. Il supervise le GRU, service de renseignement militaire russe soupçonné d’avoir multiplié, dans les années 2010, les opérations d’assassinat en Europe[7]. Il obtient un accroissement du budget de l'Armée et sa réputation s'accroît au Kremlin[4]. Il apparaît comme « l’homme qui a replacé l’armée dans les plus hautes sphères du Kremlin, au détriment des services d’espionnage »[4], ou encore « le symbole de la militarisation de la Russie »[12].

Son amitié avec Vladimir Poutine est abondamment mise en scène dans les médias d'État russes à la fin des années 2010[13]. Il est alors évoqué comme son possible successeur[13],[14].

Le 25 février 2022, il est ajouté à la liste des ressortissants spécialement désignés et des personnes bloquées de l'OFAC[15] et est considéré comme une menace pour la sécurité nationale américaine à la suite de son rôle important durant l'invasion de l'Ukraine. En mars 2022, son absence médiatique inhabituelle est la source de rumeurs sur son état de santé ou une éventuelle mise à l'écart[16],[17]. Ces apparitions reprennent en août, alors que l’armée russe cède du terrain face à l’Ukraine.

Il est l’un des rares membres du premier cercle du pouvoir à avoir eu autant d'influence sous Boris Eltsine que sous Vladimir Poutine[7].

Le 12 mai 2024, il perd son poste au ministère de la Défense et est remplacé par Andreï Belooussov ; cette révocation est effective le 14 mai[18]. Dans la foulée, il est nommé secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, en lieu et place de Nikolaï Patrouchev[19].

Le 25 juin 2024, la Cour pénale internationale annonce avoir émis des mandats d'arrêt contre Sergueï Choïgou et le chef d'état-major général des forces armées Valeri Guerassimov[20], « présumés responsables du crime de guerre consistant à diriger des attaques contre des biens de caractère civil [...] et du crime de guerre consistant à causer des dommages accidentels excessifs à des civils ou à des biens de caractère civil [...], et du crime contre l'humanité d'actes inhumains [...] »[21].

du bord droit, au premier plan Dmitri Medvedev, puis Vladimir Poutine, et Sergueï Choïgou saluant, le 9 mai 2014.
à gauche, Sergueï Choïgou avec Valéri Guérassimov, le 16 juin 2020, à Moscou.
  1. « êtes-vous orthodoxe ? » « J'ai été baptisé à l'étranger. A l'âge de cinq ans dans la ville de Stakhanov ».(ru) Katerina LABETSKAYA, « Российский башмак в Косово », sur vremya.ru,‎ 6 avril 2004.
  2. (ru) « Генерал нашей армии. Русское сознание традиционно противопоставляет себя власти, но распространение этой привычки на армию и министра обороны — новый и странный тренд », sur Новая газета,‎ 15 avril 2016 (consulté le 12 septembre 2022).
  3. (en-GB) « Ukraine conflict: Who's in Putin's inner circle and running the war? », BBC News,‎ 3 mars 2022 (lire en ligne, consulté le 12 septembre 2022).
  4. a b c d e f g h i j k l et m Andrei Soldatov et Irina Borogan, « Sergueï Choïgou, le militaire qui murmure à l’oreille de Poutine », sur courrierinternational.com, 2 mars 2022 (consulté le 6 mars 2022).
  5. « Первой школе Кызыла - 95 лет », sur Tuvaonline.ru (consulté le 25 décembre 2016).
  6. Isabelle Mandraud, « Sergueï Choïgou : l’homme des guerres de Poutine », sur lemonde.fr, 25 octobre 2015.
  7. a b c et d Sébastian Seibt, « Sergueï Choïgou et Valéri Guerassimov, les maîtres de guerre de Vladimir Poutine », sur france24.com, 3 mars 2022 (consulté le 6 mars 2022).
  8. « Russie : M. Choïgou nommé à la Défense », Le Figaro, 6 novembre 2012.
  9. « Russie : Poutine limoge son ministre de la défense », Le Monde, 6 novembre 2012.
  10. « SMI20 : Key people mentioned in Russian media - Monthly Review – November 2012 », RussoScopie, 3 décembre 2012.
  11. (en) Andrew Osborn, Jack Stubbs et Reuters, « Russia's defense minister has been showing up in unexpected places as the military increases its influence under Putin », sur businessinsider.com.
  12. Julian Colling, « Isolé dans sa tour d’ivoire : comment Poutine en est arrivé à lancer l’invasion de l’Ukraine », sur Mediapart, 4 mars 2022 (consulté le 6 mars 2022).
  13. a et b François Bonnet, « Russie : Poutine s’aménage une place au premier rang pour l’après-2024 », sur Mediapart, 15 janvier 2020 (consulté le 15 janvier 2020).
  14. Marc Nexon avec Katia Swarovskaya, « Sergueï Choïgou, le grognard de Poutine », sur lepoint.fr, 20 mai 2016 (consulté le 27 février 2022).
  15. (en) « Russia-related Designations », sur U.S. Department of the Treasury (consulté le 1er mars 2022)
  16. « Guerre en Ukraine : la mystérieuse "disparition" du ministre russe de la Défense », sur LExpress.fr, 25 mars 2022 (consulté le 25 mars 2022).
  17. Julien Lecot, « Guerre en Ukraine : l’étrange discrétion de Choïgou, le ministre russe de la Défense », sur Libération (consulté le 25 mars 2022).
  18. « Sergueï Choïgou limogé par son ami Vladimir Poutine et remplacé par un gestionnaire au ministère de la Défense », Le Monde.fr,‎ 13 mai 2024 (lire en ligne, consulté le 13 mai 2024).
  19. « Russie : Vladimir Poutine limoge le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, remplacé par Andreï Belooussov », sur Le Figaro, 12 mai 2024 (consulté le 13 mai 2024).
  20. « Guerre en Ukraine : la Cour pénale internationale émet des mandats d'arrêt contre Sergueï Choïgou et Valeriy Guerassimov », sur Franceinfo, 25 juin 2024 (consulté le 25 juin 2024).
  21. Cour pénale internationale, « Situation en Ukraine : les juges de la CPI délivrent des mandats d'arrêt contre Sergei Kuzhugetovich Shoigu et Valery Vasilyevich Gerasimov », sur icc-cpi.int, 25 juin 2024 (consulté le 25 juin 2024).
  • Ressource relative à l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata :

v · m

Liste des individus ayant fait l'objet d’accusations par la Cour pénale internationale

Ouganda (janvier 2004)
République démocratique du Congo (avril 2004)
République centrafricaine - situation I (décembre 2004)
Soudan / Darfour (mars 2005)
Kenya (mars 2010)
Libye (février 2011)
Côte d'Ivoire (octobre 2011)
Mali (juillet 2012)
République centrafricaine - situation II (mai 2014)
Ukraine - situation II (mars 2022)
Guerre Israël-Hamas (depuis 2023) (novembre 2024)
  • En fuite (F)
  • Décédé (†)
  • Arrêté par une juridiction nationale (N)
  • Détenu par la Cour (D)
  • Procès en cours ou programmé (P)
  • Condamné en 1e instance (C1)
  • Condamné définitivement (CD)
  • Acquitté en 1e instance (A1)
  • Acquitté définitivement (AD)
  • Remis en liberté pour abandon ou non confirmation des charges (R)
  • Liberté provisoire ou sous conditions en attente de l’appel (L)
  • Atteintes à l'administration de la justice (*)