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Turbine hydraulique — Wikipédia

  • ️Mon Mar 01 2010

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Une turbine hydraulique est une machine tournante qui produit une énergie mécanique à partir d'eau en mouvement (cours d'eau ou marée) ou potentiellement en mouvement (barrage). Elle constitue le composant essentiel des centrales hydroélectriques destinées à produire de l'électricité à partir d'un flux d'eau. Elle a été inventée par Benoît Fourneyron en 1832, qui installa sa première machine à Pont-sur-l'Ognon[1].

Turbine hydraulique et générateur électrique, vue en coupe.
A=générateur; 1=stator ; 2=rotor;
B=turbine; 3=vannes réglables; 4=pales de la turbine; 5=flux d'eau; 6=axe de rotation de la turbine et du générateur

On distingue deux types de turbines hydrauliques : les turbines à action et à réaction.

Les turbines à action ou à impulsion transforment la pression hydraulique, due à une différence de hauteur d'eau, en énergie cinétique par un dispositif statique (injecteur), avant d'actionner la partie mobile. C'est le cas de[2] :

  • la turbine Pelton, adaptée aux hautes chutes, avec une roue à augets ;
  • la turbine Banki, au flux transversal (l'eau s'écoule au travers des pales de la turbine), est adaptée aux basses vitesses, Efficacité 82 % ;
  • la turbine Turgo, conçue pour des hauteurs de chute moyenne ;
  • la turbine à vis d'Archimède, adaptée aux basses chutes à débits variables. Efficacité 86 % ;
  • la turbine à roue de pression rotatoire, ou roue hydraulique : par réaction, les lames de la turbine sont partiellement immergées et utilisent la pression hydrostatique. Adaptée aux basses chutes et variables débits. Efficacité 85 %[3]
  • la turbine à tourbillons, inventée par l'ingénieur britannique James Thomson[4]. Utilisée dans un bassin, elle est dotée d’un canal d’amenée qui conduit l’eau de la rivière dans un bassin de rotation circulaire. Un tourbillon / vortex se forme et le rotor tourne en entraînant un générateur qui va produire l’électricité. Adaptée aux basses chutes à débits variables. Efficacité 83 %[réf. nécessaire].

Dans le cas d'une turbine à réaction, une différence de hauteur d'eau est convertie en une différence de pression entre l'entrée et la sortie de la turbine, ce qui provoque la mise en rotation de la partie mobile. C'est le cas de :

  • la turbine Francis, utilisée plutôt pour des chutes moyennes, voire hautes, avec une roue à aubes simple ou double, efficacité 90 à 92 % ;
  • la turbine Kaplan à écoulement axial avec une roue de type hélice, comme celle d'un bateau, dont les pales peuvent s'orienter en fonction des débits utilisables. Elle est parfaitement adaptée aux basses chutes et forts débits.
  • la turbine VLH : la turbine « très basse chute » (de l'anglais Very Low Head Turbine), brevetée en 2003 : type de turbine (Kaplan à ouverture variable) apparu dans les années 2000-2005, afin de protéger l'environnement et en particulier la faune piscicole (anguilles ou saumons en montaison, truites, etc.), dans les fleuves ou rivières (turbine ichtyophile). Ces turbines sont caractérisées, par un grand diamètre de la roue (de 3 à 5 mètres de diamètre), une inclinaison à 45°, une faible vitesse de rotation (34 tr/min), et une faible vitesse d’écoulement de l'eau[5],[6].

La turbine Wells, qui utilise le mouvement de l'air provoqué par le mouvement des vagues à travers un tube vertical, n'est pas à proprement parler une turbine hydraulique.

Utilisation des différents types de turbine
nom rendement hauteur
de chute
débit
turbine Pelton 90 % hautes
turbine Banki 86 % faible
turbine Turgo 87 % à 90 % moyenne
turbine à vis d'Archimède 86 % basse variable
turbine à roue de pression rotatoire variable basse variable
turbine de bassin à vortex basse variable
turbine Francis 80 % à 95 % moyenne à haute
turbine Kaplan 90 % à 95 % basse fort
turbine VLH (Kaplan à ouverture variable) variable très basse faible à très faible

La vitesse spécifique d'une turbine peut être définie comme la vitesse d'une turbine idéale, géométriquement similaire, qui produirait une unité de puissance pour une unité de hauteur de chute.

La vitesse spécifique d'une turbine est donnée par les fabricants (parmi d'autres caractéristiques), et se réfère toujours au point d'efficacité maximale. Ceci permet de réaliser des calculs précis des performances de la turbine pour une plage de hauteurs de chute et de débits.

{\displaystyle n_{s}={\frac {\Omega {\sqrt {P/\rho }}}{gH^{5/4}}}} (sans dimension)

avec :

  • Ω : vitesse angulaire (rad/s)
  • P : puissance (W)


En donnant aux constantes de cette formule la valeur numérique appropriée, la formule devient :

{\displaystyle n_{s}={\frac {0,2626n{\sqrt {P}}}{h^{5/4}}}}

avec :

La vitesse spécifique ainsi calculée à partir du débit, de la hauteur de chute et de la puissance/vitesse de la génératrice, permet de définir le type de turbine à utiliser ainsi que ses dimensions.

Typiquement les machines bien conçues ont les valeurs suivantes[7] :

  • Les turbines actives ont le plus bas {\displaystyle n_{s}}, entre 1 et 10.
  • Une turbine Pelton se situe entre 2 et 20.
  • Une turbine Banki se situe entre 10 et 60.

Les turbines réactives ont le plus haut {\displaystyle n_{s}}.

  1. Benoit Fourneyron: inventeur de la turbine le Monde - 03/10/2011
  2. [PDF] Société Hydraulique d’Études et de Missions d'Assistance, « Dimensionnement des turbines », sur eduscol.education.fr/, mars 2010 (consulté le 10 novembre 2015).
  3. Ooreka, « Roue hydraulique », sur comprendrechoisir.com (consulté le 12 décembre 2015).
  4. « La turbine à vortex de Thomson », sur bea007.over-blog.com, 16 mars 2013 (consulté le 10 novembre 2015).
  5. MJ2 Technologies, « Groupe turbo générateur pour très basse chute : Le concept VLH » [PDF], sur .mp-i.fr, juin 2013 (consulté le 12 décembre 2015).
  6. Concours général des lycées 2013, « L'eau, une énergie qui coule de source » [PDF], sur pedagogie.ac-aix-marseille.fr (consulté le 12 décembre 2015).
  7. (en) James B. Calvert - Impulse Turbines: The Pelton Wheel

- Turbine Fontaine de l'ancienne papeterie de Marnay - aujourd'hui le Musée Maurice-Dufresne.

Pierre Crausse & François Vieillefosse, De l’eau à la lumière, un siècle d’énergie hydroélectrique en France, Toulouse, Nouvelles Éditions Loubatières, 2011, (ISBN 978-2-86266-649-5)