Vallée d'Incles — Wikipédia
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Vallée d'Incles | |
![]() La vallée d'Incles et le riu d'Incles. | |
Massif | Pyrénées |
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Pays | ![]() |
Paroisse | Canillo |
Coordonnées géographiques | 42° 35′ 40″ nord, 1° 40′ 27″ est |
Orientation aval | sud-ouest |
Longueur | 6 km |
Type | Vallée glaciaire |
Écoulement | Riu d'Incles |
Voie d'accès principale | CS-270 |
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La vallée d'Incles (Vall d'Incles en catalan) est une vallée du Nord-Est de la principauté d'Andorre dont l'entrée se trouve entre les villages de Soldeu et d'El Tarter, dans la paroisse de Canillo.
Le linguiste catalan Joan Coromines fait d’Incles un toponyme roman dérivant du insula (« île »). Il propose un passage par les formes successives *Insgla et *Inscla avec une perte du « s ». Cette hypothèse est étayée par la forme toponymique ancienne vall de Ingles retrouvée dans un document daté de 1399[1],[2]. Outre le sens d'« île » qui sert à construire le toponyme estany de l'Isla (un des lacs de la vallée), insula peut également prendre le sens de « pré bordant une rivière » comme dans le toponyme andorran Ansalonga (dérivé de insula longa)[2],[3],[4].
Vall signifie « vallée » en catalan mais n'entre que rarement dans la composition de toponymes[5]. Le terme n'est utilisé que pour désigner les vallées les plus importantes du pays : Vall del Madriu ou Vall de Ransol[5].
La vallée d'Incles se trouve au Nord-Est de l'Andorre dans la paroisse de Canillo. La route CS-270, constituant un embranchement à partir de la route générale 2, pénètre dans la vallée sur un peu plus de 3 km en longeant le riu d'Incles. Cette route prend naissance au village d'Incles entre Soldeu et El Tarter.
La circulation automobile est interdite l'été dans la vallée[6] compte tenu d'une fréquentation importante et d'une route étroite. Un train électrique permet aux visiteurs de parcourir le trajet habituellement réalisé en voiture[6].
La vallée d'Incles est orientée vers le nord-est et s'étend sur environ 6 km depuis son entrée à Incles (1 748 m[7],[8]) jusqu'à la frontière franco-andorrane matérialisée par le port d'Incles (2 262 m[9]).
Les sommets du versant ouest séparent la vallée d'Incles de celle de Ransol et oscillent entre 2 500 m et 2 700 m d'altitude avec du sud au nord[9] : le cap de la Tosa d'Entor (2 506 m[9]), le pic de la Coma de Varilhes (2 760 m[9]), le pic de la Coume d'Enfer (2 730 m[9]) et le pic de Fontargenta (2 618 m[9]). Les sommets du versant oriental séparent la vallée d'Incles de l'Ariège au nord (pic de Siscaró et pic d'Escobes) et de la solana d'Andorre au sud.
L'ensemble de la vallée appartient à la chaîne axiale primaire des Pyrénées[10]. La partie haute de la vallée d'Incles fait partie du massif d'Aston-Hospitalet, un dôme anticlinal s'étendant vers l'est sur une longueur d'environ 25 km dans le département de l'Ariège[10],[11]. Celui-ci s'est formé par plissement au cours du Stéphanien dans le cadre de la phase tardi-hercynienne de l'orogenèse varisque[10]. Ce massif est principalement constitué d'orthogneiss (gneiss formé par métamorphisme du granite)[12],[11]. On considère aujourd'hui que ce granite s'est formé au cours de phénomènes plutoniques intrusifs pendant l'Ordovicien comme soutenu par les datations à l'uranium-plomb[13].
À l'inverse, la partie basse de la vallée est formée de roches métamorphiques schisteuses[14].
Vue de la vallée de Ransol depuis les sommets du versant ouest de la vallée d'Incles | Le pic d'Escobes | Vallée d'Incles sur la carte géologique de l'Andorre |
La vallée d'Incles possède une forme typique en « U » (auge glaciaire) qu'elle doit à son modelage par les glaciations quaternaires[6],[15]. En dehors de la forme générale de la vallée, les traces de l'érosion glaciaire sont visibles aux travers d'exemples de roches moutonnées (notamment à sa partie haute)[15] ainsi que de par la présence dépôts glaciaires (qui quant à eux prédominent à sa partie basse)[14].
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Vallée d'Incles
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Vallée d'Incles, vue vers le sud
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Vallée d'Incles
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Vue générale du bas de la vallée et de la forme en « U »
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Exemples de roches moutonnées autour du refuge de Juclà
La vallée d'Incles abrite de nombreux lacs de montagne, notamment l'estany Primer de Juclà, le plus grand lac du pays[6], d'une surface de 22 ha[16].
Parmi les autres lacs de la vallée figurent notamment :
- l'estany de Baix, d'une surface de 1,5 ha[16] ;
- l'estany de Cabana Sorda, d'une surface de 4,8 ha[16] ;
- l'estany de les Canals Roges ;
- la bassa d'Enrodat ;
- l'estany de l'Isla, d'une surface de 2,4 ha[16] ;
- l'estany segon de Juclà, d'une surface de 7,3 ha[16] ;
- l'estanyó del Querol, d'une surface de 0,6 ha[16] ;
- les basses de les Salamandres ;
- les basses del Siscaró.
Tous les lacs précédemment cités alimentent le riu d'Incles, principal cours d'eau de la vallée. Celui-ci, long de 4 250 m[17], est un affluent de la Valira d'Orient par sa rive droite. Il reçoit les eaux du riu del Manegor[17], du riu de Juclà[17] mais également de multiples petits ruissaux parmi lesquels le riu de les Fonts de la Tosa[8], le riu del Querol[8] ou encore le riu de Cabana Sorda[8].
Amphibiens
- grenouille rousse (Rana temporaria)[6]
- triton[6]
Mammifères
Oiseaux
- aigle royal (Aquila chrysaetos)[6]
- chardonneret élégant (Carduelis carduelis)[6]
- gypaète barbu (Gypaetus barbatus)[6]
- pigeon ramier (Columba palumbus)[6]
- pinson des arbres (Fringilla coelebs)[6]
- roitelet huppé (Regulus regulus)[6]
- tarin des aulnes (Spinus spinus)[6]
- vautour[6]
- verdier d'Europe (Chloris chloris)[6]
- Angélique de Razouls (Angelica razulii)[7], espèce endémique des Pyrénées[18].
- berce sphondyle (Heracleum sphondylium)[7]
- brize intermédiaire (Briza media)[7]
- gentiane[6]
- iris[6]
- narcisse des poètes (Narcissus poeticus)[6]
- pin noir (Pinus negra)[6]
- renoncule âcre (Ranunculus acris)[7]
- rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum)[6]
- sapin[6]
D'un grand intérêt paysager, la vallée d'Incles est le principal site de randonnée dans le pays[19]. Son accès est difficile l'hiver du fait de l'enneigement. Elle est traversée par des chemins de grande randonnée comme le GRP et la Haute randonnée pyrénéenne[8].
Trois refuges de montagne pouvant héberger les randonneurs ont été construits dans la vallée :
- la cabane de Siscaró, d'une capacité d'accueil de 10 personnes[20],[21], située à une altitude de 2 145 m[22],[20] ;
- le refuge de Cabana Sorda, d'une capacité d'accueil de 20 personnes[23],[24], situé à une altitude de 2 295 m[22] ;
- le refuge de Juclà, gardé pendant l'été[25], d'une capacité d'accueil de 43 personnes[25], situé à une altitude de 2 310 m[22],[25],[26].
Le versant ouest de la vallée d'Incles fait partie de la réserve de chasse de la vallée de Ransol, l'un des six espaces naturels protégés du pays[8].
La vallée d'Incles est mentionnée dans le quatrième chant du poème Canigó de Jacint Verdaguer[27] :
« Les valls d'Ordino y d'Incles son més plenes
d'armoníes, de somnis y misteri
als raigs que hi deixa ploure l'hemisferi,
ala serena de qui cova'l món. »
Un passage du roman Un brin d'espérance de l'écrivain Georges-Patrick Gleize se déroule dans la vallée[28].
- ↑ Recueil de Travaux, Librairie Droz, 1969, 299– (ISBN 978-2-600-04521-6, lire en ligne)
- ↑ a et b (ca) Xavier Planas Batlle, « Recull i etimologia d'hidronímia andorrana » (consulté le 11 août 2019)
- ↑ (ca) « Toponimia de la Vall d'Ordino » (consulté le 8 avril 2018)
- ↑ (ca) « El funcionament de la Comissió de Toponímia d’Andorra », sur Institut Cartogràfic i Geològic de Catalunya
- ↑ a et b Jean Becat, Lexique et toponymes : Vie pastorale, activités, institutions et société traditionnelles de l'Andorre, Institut catalan de recherche en sciences sociales, 2010, p. 195
- ↑ a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x « Vallée d'Incles », sur visitandorra.com (consulté le 22 décembre 2017)
- ↑ a b c d et e « La Vall d'Incles i els estanys de Juclar », sur Institució Catalana d’Història Natural (consulté le 18 février 2018)
- ↑ a b c d e et f (ca) « Mapa « Muntanyes d'Andorra » - Carte des montagnes andorranes éditée par le Govern d'Andorra » (consulté le 15 février 2018)
- ↑ a b c d e et f OpenStreetMap
- ↑ a b et c B. Laumonier, « Les Pyrénées alpines sud-orientales (France, Espagne) – essai de synthèse », Revue de Géologie pyrénéenne (consulté le 12 mai 2020)
- ↑ a et b (ca) Iban Masachs, Josep Maria Casas, Ramon Copons et Valentí Turu, « Mapa Geològic d'Andorra 1/50.000 », Institut d'Estudis Andorrans
- ↑ J. E. Mezger, « Comparison of the western Aston-Hospitalet and the Bossòst domes: Evidence for polymetamorphism and its implications for the Variscan tectonic evolution of the Axial Zone of the Pyrenees », Journal of the Virtual Explorer, vol. 19, 2005 (ISSN 1441-8142, DOI 10.3809/jvirtex.2005.00122)
- ↑ Gérard Gleizes, Philippe Olivier, Ewan Pelleter, Etienne Deloule, Pierre Barbey et Yoann Denele, « Middle Ordovician U-Pb age of the Aston and Hospitalet orthogneissic laccoliths: their role in the Variscan evolution of the Pyrenees », Bulletin de la Société Géologique de France, vol. 180, no 3, 2009, p. 209–216 (ISSN 1777-5817, DOI 10.2113/gssgfbull.180.3.209)
- ↑ a et b (ca) « Servidor de Mapes d'Andorra », sur Sistema d'Informació Geogràfica Mediambiental d'Andorra (consulté le 27 janvier 2020)
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- ↑ a b c d e et f (ca) « Basses i estanys », sur le site de l'Institut d'Estudis Andorrans (consulté le 18 décembre 2017)
- ↑ a b et c « Rius principals (carte éditée par l'Institut d'Estudis Andorrans », sur iea.ad (consulté le 30 novembre 2013)
- ↑ Source : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004
- ↑ (en) Alf Robertson et Jane Meadowcroft, The Mountains of Andorra : Walks, Scrambles, Via Ferratas and Treks, Cicerone Press Limited, 9 septembre 2010, 224 p. (ISBN 978-1-84965-082-3, lire en ligne)
- ↑ a et b « Cabana de Siscaró », sur refuges.info (consulté le 7 janvier 2018)
- ↑ « Cabana de Siscaró », sur visitandorra.com (consulté le 7 janvier 2018)
- ↑ a b et c (ca) « Refugis de muntanya », sur le site de l'Institut d'Estudis Andorrans (consulté le 28 décembre 2017)
- ↑ « Refuge de Cabana Sorda », sur visitandorra.com (consulté le 28 décembre 2017)
- ↑ « Refuge de Cabana Sorda », sur refuges.info (consulté le 28 décembre 2017)
- ↑ a b et c « Refuge de Juclar », sur visitandorra.com (consulté le 10 janvier 2018)
- ↑ « Refuge de Juclar », sur visitandorra.com (consulté le 15 janvier 2018)
- ↑ (ca) « Canigó », sur wikisource
- ↑ Georges-Patrick Gleize, Un brin d'espérance, Albin Michel, 2007, 184 p. (ISBN 978-2-226-30494-0, lire en ligne)