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13 groupes s'ajoutent à la liste canadienne des entités terroristes

  • ️Zone Politique - ICI.Radio-Canada.ca
  • ️Wed Feb 03 2021

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le ministre de la Sécurité publique Bill Blair annonce aujourd'hui l'ajout de 13 groupes jugés violents à la liste des organisations terroristes, dont les Proud Boys.

Dans un communiqué, le ministère de la Sécurité publique du Canada explique cette décision en affirmant que les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour les protéger, tout en protégeant leurs valeurs, leurs droits et libertés et le caractère ouvert et inclusif de notre pays.

Certains des groupes qui sont désormais qualifiés d'organisations terroristes par Ottawa sont affiliés à des mouvances d'extrême droite, dont les Proud Boys, un groupe d'allégeance néofasciste présent lors de l'assaut du Capitole à Washington, le 6 janvier dernier.

Le Canada devient ainsi le premier pays au monde à accoler l'étiquette de groupe terroriste aux Proud Boys.

À ces groupes idéologiques s'ajoutent des organisations à tendance religieuse, dont plusieurs sont affiliées à Al-Qaïda et à l'État islamique.

Compte tenu de leurs actions, chaque groupe atteint le seuil légal pour l’inscription tel qu’il est énoncé dans le Code criminel, qui exige des motifs raisonnables de croire qu’une entité a sciemment participé à une activité terroriste ou facilité une activité terroriste.

En conférence de presse, le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a affirmé que peu importe leurs motivations idéologiques, tous ces groupes sont nocifs, intolérants et hautement dangereux. Combattre ces groupes est pour nous une priorité, a-t-il ajouté.

Au total, 73 groupes sont inscrits aux registres des organisations terroristes au Canada. Cette liste doit être révisée tous les cinq ans. Les groupes qui y figurent peuvent également contester leur inclusion à la liste.

13 groupes ajoutés à la liste des organisations terroristes :

  • Division Atomwaffen (groupe néonazi)
  • Mouvement impérial russe (groupe nationaliste)
  • Les Proud Boys (organisation néofasciste)
  • The Base (groupe néonazi)
  • Ansar Dine (groupe associé à Al-Qaïda)
  • Front de libération du Macina (organisation extrémiste islamiste)
  • Jamaat Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimine (groupe d'extrémistes religieux au Mali)
  • État islamique - Bangladesh
  • État islamique en Asie de l'Est
  • État islamique au Grand Sahara
  • État islamique en Libye
  • État islamique - Province d’Afrique occidentale
  • Hizbul Mujahideen (groupe militant pour la libération du Cachemire)

La menace de l'extrémisme violent idéologique

Mercredi après-midi, Bill Blair a plusieurs fois insisté sur la nécessité pour le pays de prendre en compte la menace que représente la violence motivée par des raisons idéologiques. Il espère envoyer un message clair selon lequel l'intolérance et la haine ne peuvent avoir de place dans notre société.

Le ministre a enchaîné en rappelant que maintes et maintes fois, nous avons vu ce qui peut arriver quand les idéologies violentes sont poussées à l'extrême. Il a en ce sens rappelé la tuerie dans une mosquée de Québec, qui a coûté la vie à six personnes il y a quatre ans.

Ces groupes représentent une menace sérieuse pour la société canadienne et nous faisons tout ce que nous pouvons pour y répondre de façon appropriée.

Il voit l'annonce d'aujourd'hui comme une étape importante dans la lutte du Canada contre l'extrémisme idéologique, religieux et politique, et ses efforts pour protéger les groupes minoritaires. Nous savons que les communautés ethniques, raciales, religieuses et LGBTQ2S sont souvent plus à risque d'être les victimes de crimes haineux, a ajouté le ministre.

La liste, un outil pour contrer le terrorisme

Adoptée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, la liste qui répertorie les entités terroristes au Canada permet au gouvernement fédéral de faire entrer ces organisations dans le Code criminel. Ottawa présente cette liste comme un outil pour combattre la montée des idéologies violentes au Canada.

Concrètement, cette mesure vise à faciliter les enquêtes et le dépôt d'accusations liées au terrorisme ou à ses partisans. En inscrivant ces organisations au Code criminel, Ottawa veut également couper leur accès à du financement, les banques ayant comme obligation de geler les comptes associés à ses groupes.

Le gouvernement fédéral est de plus en mesure d'imposer des peines sévères pour les personnes et les organisations qui s’occupent de biens ou de finances d’une entité inscrite.

Washington attend les résultats d'une enquête pour agir

De l'autre côté de la frontière, un reporter a demandé à Jen Psaki, porte-parole de l'administration de Joe Biden, si le gouvernement américain comptait lui aussi désigner les Proud Boys comme entité terroriste.

Mme Psaki a répondu qu'une enquête était en cours sur l'extrémisme violent aux États-Unis. Notre équipe de la Sécurité nationale est attentive aux violences et aux activités de ces groupes à travers le pays. Nous attendrons les conclusions de cette enquête avant de prendre une décision, a-t-elle ajouté.

Plus tôt aujourd'hui, Bill Blair n'a pas caché que les événements du 6 janvier dernier, durant lesquels des groupes d'extrême droite avaient assiégé le Capitole, avaient influencé sa décision de placer les Proud Boys sur les listes des organisations terroristes.