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Fédération de botanistes, synthèse de contributions citoyennes et t...

  • ️Montagne, Delphine
  • ️Sun Sep 01 2013

Merci à Daniel MATHIEU, président de l’association Tela Botanica, pour l’entretien complémentaire qui a permis l’enrichissement de cet article et pour sa relecture attentive.

Introduction

1L’association Tela Botanica, la « toile des botanistes », est un réseau francophone de botanistes représentant 85 pays et recensant 20 000 inscrits en avril 2013.

Historique

2Fondée en 2000 à Montpellier (34) l’association se fixe pour objectif de créer des liens entre botanistes francophones. Elle met à la disposition du public des données naturalistes libres de droits, collectées dans un cadre collaboratif, préservant ainsi des savoirs botanistes à forte valeur économique.

3Implantée dans une ville au riche passé botanique, elle a été créée par trois associations reconnues (la Garance voyageuse, la Société Botanique de France et l’Association pour la Connaissance et l’Étude du Monde Animal et Végétal) et une personne morale, son président actuel, Daniel MATHIEU. Elle s’appuie dès sa création sur les travaux scientifiques botaniques de bénévoles, avec le soutien financier de mécènes et du dispositif des emploi-jeunes.

4Tela Botanica a pout but de fédérer des botanistes dispersés géographiquement autour d’une plate-forme informatique commune.

Caractéristiques techniques

5A ses débuts liste de diffusion, Tela Botanica compte en mai 2013 un site Internet1 relais de l’information botanique francophone, plusieurs bases de données regroupant données naturalistes, images, cartes de répartition, référentiels… et une centaine de forums-projets.

6Au cœur du dispositif, le participant entre dans son « Carnet en ligne » les données botaniques recueillies sur le terrain.

7L’interface de saisie s’articule en deux onglets, « Observations » et « Images ».

Figure 1. Copie d’écran de l’interface de saisie du Carnet en ligne

Figure 1. Copie d’écran de l’interface de saisie du Carnet en ligne

8Le « telabotaniste » entre la donnée naturaliste dans le premier onglet : flore prédéfinie par le référentiel choisi, date et localisation (au choix par coordonnées géographiques, pointage sur une application géographique ou par saisie de la commune. Il est possible d’enrichir la donnée, par exemple avec la phénologie ou des notes. La saisie du taxon entraîne l’apparition dans le panneau de droite d’une illustration de la fiche eflore qui propose carte et photo. Le panneau de gauche filtre les données par dossier « localités », « dates » et « projets ».

Le second onglet « Images » permet l’ajout des photos et de les lier aux données saisies.

9Afin de valoriser ses données personnelles, de nombreux outils (flux RSS, champs personnalisables, widgets…) sont proposés par le site Tela Botanica. Ces valeurs ajoutées à la donnée fidélisent le telabotaniste et entraînent une dynamique de saisie régulière.

  • 2 Selon les analyses de Tela Botanica au 20 août 2013 : 288 469 publiques sur les 423 849 données ent (...)

10Les données peuvent, selon le choix de l’utilisateur, être intégrées à la fiche eflore et rejoindre les 288 0002 données publiques. L’ensemble des participations collectives (crowdsourcing), est regroupé pour obtenir l’information botanique connue mise à disposition librement sous la licence Creative Commons.

11Tela Botanica reprend également les données de bases externes. Ses données sont moissonnées par le GBIF qui les diffuse au niveau mondial.

12Bien référencée dans Google, Tela Botanica s’appuie sur son dynamisme, par exemple par des concours brefs (« l’image du mois »), sa réactivité par des actualités hebdomadaires ou son adaptation aux technologies pour se positionner comme relais majeur de l’information botanique.

Caractéristiques organisationnelles

13L’association s’est appuyée à ses débuts sur plusieurs écrits pour expliquer son modèle d’organisation. Tela Botanica a puisé dans La Cathédrale et le bazar (RAYMOND, 1999) pour expliquer son pragmatisme, son efficacité, sa complexité et sur la théorie des fractales et les travaux de Jean-Michel CORNU (CORNU, 2004) pour mettre en place l’articulation des acteurs entre eux. Les valeurs du Réseau Ecole et Nature ont été mobilisées et, plus récemment, la licence Creative Commons pour l’utilisation, la réutilisation et la diffusion des données.

  • 3 Selon les analyses d’avril 2013 des données entrées dans 1500 profils, 40% sont débutants et 30% on (...)

14Les contributeurs de Tela Botanica regroupent des savants et des novices3. Les premiers aident les nouveaux arrivants dans la détermination des plantes décrites et photographiées dans un esprit de partage. Ils se réunissent autour de « projets » collectifs visant à produire, sur une thématique discutée et choisie, un résultat exploitable par les adhérents du réseau pour des études scientifiques (étude de la biodiversité, suivi des changements climatiques…) en partenariat avec des chercheurs (CNRS, Muséum National d’Histoire Naturelle).

15L’association participe également au développement d’outils d’aide à la détermination des plantes, en partenariat avec des scientifiques, dans le cadre du projet Pl@ntNet financé par la fondation Agropolis.

16L’association emploie dix-huit salariés chargés de l’animation, de la modération, des systèmes d’information et du réseau botanique. Cinquante « membres relais » bénévoles maillent l’ensemble du territoire français dont une majorité se localise dans le sud de la France.

17Tela Botanica est reconnue au niveau national par le Ministère de l’écologie et du développement durable qui l’associe pour les référentiels botaniques. A l’échelle européenne elle participe à la mise en place des index botaniques. Au niveau international, elle est présente de manière privilégiée en Afrique du Nord francophone. Son président souhaite qu’ainsi structurée et forte de ses données, Tela Botanica soit reconnue scientifiquement et puisse ouvrir davantage de discussions en français dans un monde botanique essentiellement anglophone.

Perspectives d’évolution

18Très engagée dans la diffusion non-commerciale des données, Tela Botanica travaille sur un partenariat avec le Conservatoire d’Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon, les Ecologistes de l’Euzières et Biotope pour mettre en place un projet de développement d’une charte pour la diffusion libre des données naturalistes. Elle vise une meilleure fluidité dans la diffusion des données en utilisant les outils de moissonnage développés par le GBIF.

19Son développement francophone passe par la mise en place d’un projet « Afrique du Nord ». Débutant en juin 2013 par un colloque à Tunis, il vise à mieux identifier et connaitre tout le potentiel botanique de cette région.

20L’association met dès à présent à disposition des documents botaniques numérisés. Elle souhaite rendre accessible en ligne l’ensemble des données bibliographiques en français depuis 1850, en partenariat avec les associations éditrices.

21L’objectif de connaissance de Tela Botanica a permis à l’association de développer des formations de botanique à l’université de Montpellier. Elle souhaite l’étendre à l’échelle nationale.

Conclusion

22Tela Botanica propose un support technique fédérateur en botanique qui modifie la production des données et leur diffusion. Regroupant toutes les générations de botanistes, ce réseau renouvelle et maintient des connaissances naturalistes en langue française. Forte de son organisation et de la reconnaissance de son expertise, le réseau des botanistes souhaite gagner une place plus importante au niveau mondial dans la connaissance naturaliste.