Jouef : trois générations de Français aimeront les trains.
- ️Sun Dec 03 2023
Un petit retour vers le domaine des trains-jouets, parfois abordé sur ce site, et pour aider à supporter une actualité très dure…
Née à la libération, créée par Georges Huard, productrice de petits jouets en plastique bon marché, la grande marque Jouef produit des trains-jouets dans la nouvelle échelle « H0 » qui est en train de détrôner les grands et beaux trains classiques JEP et Hornby rois de la tradition du tout métal et en « 0 ». Au début des années 1960, Jouef franchit une étape décisive, dans son développement, quand la direction de la firme perçoit et accompagne une tout autre manière de voir les choses chez les enfants et les adultes : la volonté d’acheter des maquettes exactes, de retrouver la réalité dans la miniature.


C’est pourquoi Jouef passe rapidement, entre 1962 et 1964, à une autre forme de production : la maquette, mais conçue pour être fabriquée à un bas prix de revient. Toutefois, le marché est difficile à cerner, tant pour le volume et le chiffre d’affaires représenté, que pour la nature de la demande en modèles exacts. La firme sait comment résoudre cette équation à deux inconnues, et y parviendra rapidement.
La présence de modélistes au sein du bureau d’études de la firme comme Pierre Baguelin ou de documentalistes comme Pierre Pichon, d’une part, et, d’autre part, la volonté de faire dans tous les cas de figure des produits à prix très bas clairement établie par Georges Huard, voilà les deux données fondamentales qui mèneront Jouef à une position dominante et durable, et aussi à l’élimination pure et simple de toute concurrence avec la fermeture forcée de JEP et de Hornby, et, en prime, le confinement des importateurs de Märklin ou de Fleischmann, et d’autres marques allemandes, dans la marginalité la plus définitive. Vers le début des années 1970, Jouef aura fait place nette et le marché national lui appartient en très grande partie.
Jouef ne part pas de rien pour entreprendre cette évolution. Dans cette longue décennie des années 1960, Jouef intéresse déjà les acheteurs, modélistes ou non, qui cherchent en priorité l’exactitude des détails et le respect absolu de l’échelle, et quitte à exiger peut-être moins sur le plan des qualités de fonctionnement et à ne pas se soucier d’un beau châssis moteur lourd et silencieux, façon JEP, Hornby ou Märklin : il s’agit, en somme, d’un public de collectionneurs plus que d’exploitants de réseaux, ceux que l’on appellera les « compteurs de rivets ». Jouef se fait le champion de la maquette exacte au moindre rivet près, faisant pour cela émigrer le mécanisme moteur des locomotives dans le tender, s’il le faut.
Mais Jouef ne fait pas cet effort sur le seul matériel roulant. Le décor est pris sérieusement en mains, lui aussi, à partir des années 70, en particulier avec des bâtiments superbes, à l’échelle exacte du 1/87ᵉ, conçus par Alain Pras et rompant avec les bâtiments naïfs et sous-dimensionnés au 1/100ᵉ des premières années. Jouef, dans ce domaine, est loin en avant de ses concurrents dont les bâtiments sont encore, quand ils ferment boutique, au stade des années 1940, celui des garages pour petites autos ou des fermes jouets.
Les étapes de la marche de Jouef vers le modélisme.
Jouef, pourtant, vient de loin… et a eu un long passé de fabricant de jouets à surmonter puisque, dès 1944, la firme parisienne est créée par Georges Huard qui ambitionne modestement de fabriquer le plus simplement possible des jouets de bazar en plastique et en tôle lithographiée, sans compter, dans d’autres locaux, des têtes de poupée.
Le premier train en tôle lithographiée, reproduisant un autorail De Dietrich très simplifié et baptisé « Alger-Tombouctou » en mémoire du fameux projet Transsaharien, est produit à Paris à partir de 1949, et oriente la firme vers le train-jouet. En 1950, Jouef implante des petites usines en Franche-Comté à Champagnole, Foncine, Mignovillard, Salins, Sellières et Sirod, et a beaucoup recours à la sous-traitance à domicile. Bref, à l’époque, la Franche-Comté c’est la Chine actuelle, et c’est bien moins loin, et c’est le même langage (même s’il y a un accent local !).







Le train Paris-Rome mécanique de 1952 est le premier train Jouef complet en coffret, avec la locomotive dite « Diabolic » en plastique, dotée d’un système de marche avant et arrière automatique, et un aspect de réglisse brillante à désoler le modéliste aux idées les plus larges… Les voitures sont en tôle lithographiée et seraient dignes d’un train Bing des années 1920. La parution du coffret « Baby-Trafic », en 1954, avec la fameuse locomotive type vapeur 020T réf.708, qui sera produite à plus d’un million d’exemplaires en versions mécanique ou électrique, est le premier vraiment produit à grande échelle industrielle : le marché national en est inondé, et cette position est confortée avec la sortie, en 1955, des coffrets de trains électriques comme le « Sud-Express » avec une locomotive type BB-9004 à moteur basse tension 4,5 v et sur roulements à billes dit « saucisson ». La BB-9200 suit en 1957, et en 1959, c’est la sortie de la « Superpacific » Nord 231 C reproduisant d’une manière satisfaisante, pour l’époque, une locomotive à vapeur française avec le nombre de roues exact et des dimensions très correctes. Bien des modélistes l’achètent, complètent son embiellage qui est sommaire, changent les tampons, les pompes, la peinture, et obtiennent, à bas prix, une machine qui est loin d’être ridicule.


En 1961, la tension des trains passe du 6,5 au 12 V continu, marquant une entrée technique dans le monde du train miniature sérieux, et Jouef adopte un attelage dit « international » compatible avec celui de Märklin : ces deux faits techniques montrent que, désormais, le marché du train miniature courant et celui du modélisme est clairement visé, et la présence des voies « New Rails » à rails en profilés et avec des traverses réalistes, remplaçant les anciennes voies sur ballast en bakélite ou en tôle, qualifie définitivement le système Jouef pour ce marché. Le train-jouet est oublié.
Un fait important, pour la France, est la sortie de la locomotive diesel BB-67000 puis, l’année suivante, de la locomotive électrique CC-40100, qui sont les premiers modèles Jouef pouvant être posés et exploités sur un réseau de modéliste par l’exactitude de leurs proportions, leur décoration, et dont les qualités de fonctionnement sont, disons, acceptables. La célèbre gare de Neuvy, dont les moules ont été rachetés à l’artisan Porte, est le premier bâtiment de type français exact produit en modélisme à grande échelle et cette gare se répandra à des milliers d’exemplaires non seulement sur les réseaux familiaux, mais aussi sur les réseaux des modélistes, heureux d’avoir, pour un prix bien moindre, une production artisanale qu’ils connaissent déjà. Jouef compte alors plus de 1400 salariés. Jouef se diversifie et augmente son catalogue par l’importation des automobiles miniatures Corgi-Toys, des jeux Kiddi-Craft, et exporte aussi sur le marché britannique avec la gamme Playcraft en « HO » qui répond à la même optique : Georges Huard vise loin et haut, et il y parviendra en peu d’années.




1967 : le début de l’âge d’or.
Cette année-là, tout est en place pour que Jouef commence sa grande période, celle d’un âge d’or pour la firme et aussi pour les modélistes, avec la sortie d’un impressionnant parc de locomotives précises, finement gravées, de type vapeur SNCF sous la forme des 040-TA, 140-C, 141-R, 241-P, accompagnées d’un important parc de matériel roulant très réaliste. En presque totalité, les modélistes sont gâtés et croulent sous les nouveautés, tandis qu’une élite de ceux qui font la fine bouche et qui s’estiment au-dessus des « petits trains » Jouef continue à fréquenter le rayon des produits importés de certains détaillants. Ils continuent à acheter des produits artisanaux tout laiton d’une grande finesse, dans la mesure où leur budget personnel le leur permet généreusement. S’ils montent des « kits » laiton, ils sont experts dans le maniement du fer à souder et de la cabine de peinture.




En 1968, Jouef, qui se préoccupe des problèmes des modélistes voulant exploiter un réseau complexe avec la marche simultanée de plusieurs trains, lance son système de télécommande « Jouefmatic », étudiée par Paul Trouvé : avec plus d’une vingtaine d’années d’avance sur les systèmes très sophistiqués qui se mettront en place dans les années 1990-2000, le « Jouefmatic » ne rencontre qu’un succès d’estime, prouvant que, finalement, le problème qu’il résout n’est peut-être pas aussi général que supposé. Sur le terrain des réalités et des budgets serrés, la plupart des modélistes jonglent très bien avec un pupitre complexe alimentant, par un câblage classique, un réseau doté d’éclisses isolantes et de rails de coupure.


Après le lancement, en 1968, de son train Decauville en « H0e »(voie de 9 mm) qui rencontrera peu de succès vu son fonctionnement aléatoire sur des rails mauvais conducteurs, Jouef rachète, en 1969, la production de la firme allemande Eggerbahn pour rénover sa gamme HOe.
Le maquettiste Philippe Valois crée de nouveaux bâtiments et accessoires décor. Les circuits automobiles Circuit 24 concurrencent le Scalextric et les autres marques dites du « slot racing ». Mais, en 1972 Georges Huard vend Jouef, alors en pleine expansion, au Crédit Lyonnais, qui forme alors un groupe avec les automobiles miniatures Solido et les maquettes en plastique Heller. C’est sans doute le début de la fin, la maison qui va perdre son âme…
La prospérité continue, jouant sur la vitesse acquise et sur le legs de Georges Huard, et, par exemple, en 1975, c’est la sortie de la 141-P, étudiée comme la 241-P par Pierre Baguelin, une locomotive qui marque l’apogée de ce premier âge d’or. Le modèle évoluera et sera continuellement perfectionné. Mais, dès 1978, les premières difficultés annonçant la fin de ce premier âge d’or apparaissent chez un Jouef entré dans la tourmente de la gestion « moderne » et devenant la proie de « restructurations », de compressions du personnel des usines et de cadres nombreux et généreusement payés, et de tout ce que la gestion actuelle sait réserver aux anciennes firmes créées par des « patrons » cohérents, intransigeants, entreprenants. La société « délocalise » partiellement sa production en Irlande, qui passe pour la Chine de l’époque, et produit des modèles anglais en « 00 » ou allemands et italiens destinés à des coffrets bas de gamme. Jouef signe un pacte non avec le diable, mais avec la grande distribution qui impose des prix bas et des marges réduites.
En 1979 et en 1980, ce sont les dernières productions de l’âge d’or comme la petite locomotive type vapeur 030T dite « Boer » et la C-61000, ou encore, en 1980, de la 232-U-1, un très beau modèle porteur de tous les espoirs.





Les années de la tourmente.
Quelques signes avant-coureurs ne trompent pas les esprits perspicaces et inquiets, comme l’importation de « kits » en métal blanc anglais de la firme Keyser dont la réputation est rapidement désastreuse jusque chez les modélistes les plus chevronnés qui, s’ils parviennent à les monter par collage, ne parviendront certainement jamais à les faire rouler… ou comme l’annonce – pour ne pas parler d’ « effet d’annonce », au catalogue, de futurs modèles à l’échelle « N » qui devront, en principe, être réalisés à Hong-Kong par Kader : seule une voie en « N » est produite. Alain Pras, le grand modéliste de référence embauché par Jouef étudie pour la firme une importante gamme de bâtiments d’une part à l’échelle « N » (1/160ᵉ) qui ne seront jamais commercialisés, et, d’autre part, à l’échelle exacte du 1/87ᵉ qui seront un grand succès commercial et satisferont même les modélistes les plus exigeants.
Les événements se précipitent, car, en 1981, Jimmy Goldschmidt, l’homme d’affaires anglais, rachète le groupe Jouef – Heller – Solido et le mène rapidement à la faillite. Jouef est alors reprise par la très ancienne et respectable firme alsacienne spécialiste du jouet de qualité qu’est Joustra qui l’intègre au groupe CEJI. Grâce aux talents du bureau d’études, toujours mené par Raymond Droux, de beaux modèles sortent encore, comme, en 1982, la BB 1 à 80 et la Re 4/4 suisse.
Mais les bureaux d’études se vident. La firme Tram est créée par des anciens de chez Jouef, chassés par la faillite précédente, et la faillite de cette petite entreprise, à son tour, amène chez Jouef des moules provenant de France-Trains qui donneront les belles voitures de la série Prestige. Une voiture Midi, conçue par la petite firme Trains Rousseau, est étudiée chez Jouef, mais n’est pas produite.
En 1984, le groupe CEJI est en faillite à son tour et Jouef est menacé de disparition pure et simple, mais Jacques Barret, un ancien directeur de Jouef, qui a fondé sa propre entreprise Fobbi, reprend l’usine de Champagnole et crée la société « Jouef Industries ». Le décès brutal de Jacques Barret en 1987 accumule, sur la firme, les nuages noirs et le découragement.
La reprise de Jouef par Jean-Pierre Coron marque le retour de l’espoir et en 1989 la sortie du TGV Jouef est le point de départ d’une grande période de concurrence avec Lima. Jean-Pierre Coron sait dynamiser la firme, diversifier les produits dans le domaine du jouet, et, surtout, ouvrir la production à une politique de refonte totale des modèles sous l’angle de la qualité de fonctionnement et de présentation. Les derniers modèles Jouef des années 1990 sont équivalents à ceux des meilleures productions mondiales avec la CC-72000 ou la BB-26000, et tant d’autres modèles.
L’usine de Champagnole, qui a perdu 90 % de ses effectifs en quelques années et vivant désormais avec seulement 156 salariés, continue à produire des modèles de qualité équivalente à celle des meilleures marques. Jean-Pierre Coron fait produire en Slovénie certains coffrets Jouet destinés aux débutants, ceci par la firme Mehano. En 1993, par exemple, le catalogue comprend de nombreux produits de firmes différentes intégrées au groupe par Jean-Pierre Coron comme les jouets de plage Girod-Sauveur, les poupées Bella, les automobiles de collection Jouef-Evolution.



En 1995, Jouef dépose son bilan, car cette politique de transformation de Jouef en une grande entreprise d’importance internationale n’a pas tenu ses promesses. Rivarossi, qui comprend déjà Arnold et Lima, reprend l’usine de Champagnole mais ne garde que 60 salariés. Le PDG du groupe nomme Dario Cavalieri à la direction de l’usine Jouef, et Jean-Pierre Coron conserve la direction commerciale, avant qu’elle soit confiée à Yvon Le Bastard, auparavant importateur parisien de la marque italienne Rivarossi.
En 2000, la BB-36000, modèle de haute qualité, marque le sommet technique de cette période qui se termine en 2002 avec la vente de Jouef au groupe Lima, qui rachète aussi Rivarossi. Quelques modèles Jouef réapparaissent sur le catalogue Lima, mais cette firme dépose son bilan en 2003. Finalement, le groupe anglais Hornby rachète Jouef en 2004, et, depuis ce rachat, un certain nombre de modèles Jouef réapparaissent, sous la marque Jouef, mais produits en Chine – vraiment en Chine cette fois.

Tableau historique de l’évolution de Jouef en France.

Quelques modèles JOUEF très célèbres.
Le « Picasso », bien sûr, puisque l’on est chez Jouef.
L’autorail le plus populaire français se devait d’être reproduit par la marque la plus populaire française de trains miniatures. C’est chose faite, pour l’échelle « H0 », dès 1965 sous la forme d’un modèle en plastique injecté dont le succès est tel qu’il conduit son fabricant, Jouef, a sortir un modèle entièrement regravé et reconçu en 1982.
Le premier modèle Jouef porte la référence 832E, et a une longueur de 243 mm. La firme sort ce premier modèle en 1965, et affirme résolument sa tendance à quitter le train-jouet bas de gamme pour se tourner vers le marché du modélisme ferroviaire. La caisse est peinte en rouge et crème, conformément à la livrée des autorails SNCF de l’époque, et a des marquages X 3827. Un intérieur sommairement aménagé, avec des sièges venus de moulage, existe. L’éclairage existe aussi. Le moteur à trois pôles entraîne les deux essieux d’un bogie. Le modèle est à l’échelle et la cabine de conduite, sur le toit, est bien reproduite et donne un aspect très « typé » au modèle. Les fenêtres un peu petites et enfoncées, et des rambardes un peu grosses gâchent quelque peu l’aspect général du modèle toutefois. Mais ce modèle à l’avantage d’exister, de correspondre à une forte demande, et il se vend très bien. Il est vendu en coffret avec une remorque qui, malheureusement, est une simple caisse d’autorail non motorisée et démunie de la cabine de conduite : cette remorque est donc fausse, et un bon nombre d’amateurs, en attendant la venue de remorques exactes produites par d’autres firmes, feront tout, « cutter » en mains pour essayer d’en faire un modèle un peu plus exact !
Le deuxième modèle Jouef porte la référence 8601. C’est la grande nouveauté du catalogue 1982. La caisse, longue de 245 mm, a été très finement regravée avec des fenêtres aux dimensions plus exactes, un moteur cinq pôles remplaçant avantageusement le trois pôles, une nouvelle mécanique plus silencieuse. La finesse des détails et la qualité de reproduction du deuxième modèle sont évidents. On notera qu’il existe une autre version de couleur bleue et blanche reproduisant l’autorail circulant entre Fécamp et Beaupré, le X 93953 (référence 8604).

Un modèle exemplaire : la 141 P Jouef
Pour la firme française, cette 141P marque une nouvelle étape vers encore plus de réalisme, encore plus de finesse. Les meilleurs modèles de locomotives Jouef, en 1975, ont déjà quelques années d’existence et la concurrence n’a pas cessé, de son côté, de faire des progrès entretemps.
Le modèle Jouef est à la hauteur de la réputation du modèle SNCF réel, et la sortie de cette nouveauté lui vaut, vu son importance, la publication d’un dépliant intitulé « Nouveautés 1975 », tout en couleurs, et comportant, sur la double-page centrale, une illustration de la 141 P en très gros plan. Avec la référence 8269, le modèle représente la 141-P-109 du dépôt lyonnais de Vénissieux. La décoration du modèle long de 280 mm est très soignée avec des filets rouges très fins tranchant agréablement sur une livrée vert sombre et noir mat. Un grand nombre de petites pièces rapportées (rambardes, mains-montoirs, sifflets, etc.) ajoute une réelle finesse au modèle. Enfin, il faut surtout signaler la présence d’un embiellage qui, pour la première fois chez Jouef, n’est pas nickelé et brillant, mais, au contraire, noirci et mat comme le paraît un embiellage réel : voilà qui enlève définitivement tout aspect jouet au modèle.
Selon la technique en honneur chez Jouef désormais, le moteur est logé dans le tender et entraîne les deux essieux du premier bogie du tender. La locomotive est donc, en fait, poussée par le tender. Le moteur est le classique cinq pôles de la marque, et l’entraînement se fait par une cascade d’engrenages et de roues de champ, bruyante avec un désagréable « bruit de crécelle ». Le modèle est absent du catalogue 1980-81, mais reparaît, sous la même référence 8269, en 1982 en ayant bénéficié d’une refonte complète de la mécanique qui, cette fois, utilise une transmission silencieuse par vis sans fin, le moteur étant solidaire du bogie-moteur.

La BB 26000 Jouef : symbole de la rénovation complète de la production de la firme.
C’est, sans nul doute, le meilleur modèle réduit jamais produit par la firme française Jouef qui, avec la BB-26000, a nettement choisi la cible des modélistes ferroviaires exigeants voulant des modèles haut de gamme. Sorti en 1990, ce modèle se caractérise par une motorisation sophistiquée et une caisse à la gravure exemplaire.
Les modélistes ferroviaires adultes et ont plutôt un goût affirmé pour le passé et les belles locomotives à vapeur, alors que, il est vrai, le public des adolescents peut s’intéresser au TGV et autres « Eurostar». Proposer sur le marché du modélisme haut de gamme une locomotive de type très récent (la BB-26000 date de 1988) est commercialement risqué, donc. Mais il semble que le pari pris par Jouef a réussi et que les modélistes traditionalistes aient, pour un temps, oublié les « Pacific » et la vapeur, pour la locomotive bicourant à moteur synchrone.
Le modèle Jouef a une longueur de 204 mm, et pèse 400 g. Sorti en 1992 sous la référence 8370, ce modèle est constitué avec un châssis-moteur en métal moulé en zamak, des détails de caisse et un toit en laiton, des tampons à ressorts véritables, un moteur Bühler à trois pôles, une transmission par cardans, le modèle Jouef se situe loin au-dessus des productions anciennes de type jouet qui ont fait la réputation de la marque de Champagnole. Le châssis et constitué de deux longerons en métal isolés électriquement l’un de l’autre et assurant toutes les liaisons électriques entre les bogies (capteurs de courant) et le moteur et l’éclairage. Un circuit imprimé assure la distribution du courant au moteur et l’inversion automatique des feux en fonction du sens de marche. Le moteur est doté d’un lourd volant d’inertie, chose nécessaire en modélisme pour assurer une marche douce et régulière même sur des voies encrassées ou inégales. Le volant est en laiton décolleté. La transmission, à partir du moteur, se fait par un arbre à cardans et roues dentées droites, puis par quatre vis sans fin en laiton entraînant des roues dentées hélicoïdales solidaires des essieux moteurs. Les roues dentées sont en polyamide, une matière synthétique qui ne s’use pas et qui assure un silence de fonctionnement digne de la locomotive réelle. La vitesse du modèle est parfaitement à l’échelle, puisqu’une tension de 12 volts dans la voie, tension nominale pour le système « deux rails » courant continu, donne une vitesse proche de 200 km/h à l’échelle. La caisse reproduit avec exactitude la locomotive réelle, avec un marquage BB-26023.

La CC-21002 Jouef en « HO »
Sorti en 1977, puis 1992, ce modèle est représentatif de l’évolution de la production de la grande marque française de trains miniatures, évolution consistant à refondre complètement des modèles déjà existants, au lieu d’accumuler des nouveautés. C’est ainsi que cette CC-21002 de Jouef vient remplacer la CC-21004 de la même série : si les deux locomotives réelles sont identiques, il n’en est pas de même pour les modèles.
Le premier modèle Jouef sort en 1977 sous la référence 8442, est un modèle de la qualité courante de Jouef à l’époque, sans plus. Une caisse moulée en plastique comportant une précision et une richesse de détails acceptable, une motorisation peu sophistiquée et surtout bruyante, des rambardes et mains-montoirs venus de moulage et très gros, pas d’aménagement de châssis, bogies très simplistes et inexacts: bref, le modèle, même en 1977, est jugé comme dépassé par la presse spécialisée, et semble plutôt destiné au marché du jouet. Il est discrètement retiré du catalogue en 1991.
Le nouveau modèle, sorti en 1992, n’a rien de commun avec le précédent. Long de 233 mm et pesant 455 g, il porte la référence 8441 (modèle système deux rails) ou 8443 (modèle système trois rails). Le modèle a été entièrement reconçu et il s’agit d’un modèle réduit absolument exact, à l’échelle, très riche en détails, et, surtout, d’un fonctionnement à la hauteur des exigences des modélistes actuels les plus chevronnés. La finesse des détails de la toiture, chose importante pour une locomotive électrique, est surprenante : antenne radio sol-train, isolateurs, trompes d’avertissement, toutes ces pièces sont très fines et doivent, d’ailleurs, être mises en place par l’acquéreur. Les tampons sont à ressorts, les traverses de tamponnement sont dotés d’attelages à vis et d’accouplements de freins et de chauffage. Le châssis est en zamak moulé et le gros moteur Bühler entraîne le modèle par l’intermédiaire d’une transmission à cardans. Le tout tourne en silence et en souplesse et le roulement du modèle est exemplaire. La caisse en plastique polystyrène finement moulée est peinte en gris, orange et rouge, et comporte les marquages CC-21002 du prototype réel. Les persiennes longitudinales sont exactes et correspondent bien à celles de la CC-21002, les 21003 et 21004 ayant des persiennes différentes. Le modèle rencontre actuellement un bon succès commercial, prouvant que la qualité paie en modélisme ferroviaire aussi.

La CC 6500 Jouef.
Au début des années 1990, la firme française Jouef entreprend une politique de refonte complète des modèles les plus populaires de son catalogue, désirant suivre l’évolution des goûts d’une partie importante de sa clientèle qui a quitté l’âge de l’enfance pour entrer dans celui de la pratique adulte du modélisme ferroviaire. La CC 6500 Jouef représente une locomotive très célèbre et très belle : Jouef s’emploie à lui redonner le premier rôle.
Le premier modèle Jouef est au catalogue entre 1971 et 1977, sous la référence 8435. Il est plutôt un modèle bas de gamme et de construction simplifiée, destinée à une clientèle d’enfants, mais il est associé, dans les coffrets, à la plus belle rame produite par la firme à l’époque, celle des voitures « Grand confort » formant les trains « Capitole » et « Etendard ». La caisse, grise, orange et rouge, a des marquages CC 6505. Ce modèle est réédité en 1981 sous la référence 8436 avec une caisse verte évoquant la version Maurienne de la SNCF.
Le nouveau modèle Jouef apparaît en 1993 dans le cadre de la politique de renouvellement des modèles existants. Jouef, en effet, opère une refonte de sa gamme et introduit des modèles de haute qualité devant satisfaire, désormais, une clientèle de modélistes exigeants autant sur l’aspect détaillé des modèles que sur les qualités de fonctionnement.
Le châssis est entièrement en métal moulé ou « zamak ». Le moteur est disposé au centre de la locomotive : c’est un 3 pôles Bühler et il comporte un volant d’inertie assurant une circulation exempte d’à-coups. Toutes les roues captent le courant traction, ce qui contribue à réduire au minimum les aléas de captage du système « deux rails ».
L ’équipement électrique comporte un circuit imprimé. La transmission se fait par cardans et une « cascade » de 10 engrenages par bogie. Le châssis repose sur 3 points, ce qui permet aux bogies de jouer librement et d’accepter les inégalités de la voie. Les tampons métalliques sont à ressort. Les feux sont à inversion automatique en fonction du sens de marche. Les cabines de conduite sont aménagées. Les rambardes sont métalliques. Les marquages de caisse sont CC 6553. La caisse est un modèle de finesse de gravure. Les persiennes sont très fines, et très détaillées. Des essuie-glace sont figurés sur les fenêtres de cabine. Les traverses de tamponnement comportent un luxe de détails, et les bogies sont un chef d’œuvre de gravure.

Les belles voitures Jouef.
Le matériel moteur Jouef n’est pas seulement ce que la marque fait de mieux, et la firme soigne sont matériel remorqué, et tout particulièrement le matériel représentant les voitures des trains des grandes lignes, et des trains de la prestigieuse CIWL. Ces très belles voitures engagées par la Compagnie Internationale des Wagons-Lits sur les grandes relations européennes ont toujours fait rêver les enfants, et, à l’âge d’or des grands trains de luxe, ont fait d’eux des clients du chemin de fer. Aujourd’hui, le charme n’est pas oublié: les modèles à l’échelle « HO » sont les plus populaires, cette échelle permettant un maximum de détails pour des modèles à prix abordable.
Les trains-jouets anciens, dès le début de notre siècle et avec la reconnaissance de la CIWL, popularisent ces voitures de la dont le macaron extérieur et les lettres de laiton fascinaient les foules. Les modèles réduits d’aujourd’hui maintiennent vivante l’oeuvre de Nagelmackers et la légende de ses grands trains, car ils sont vendus par milliers au grand public: leur exactitude, leur précision, leur beauté sont le meilleur hommage possible et que des problèmes de droits sur la reproduction du macaron ne viennent pas dissuader les fabricants de modèles réduits de reproduire ce magnifique matériel.
En France, et pour le « HO », la firme RMA est la pionnière de la belle voiture CIWL en « HO », exacte et à l’échelle, avec des voitures-salon « Flèche d’Or » et une remarquable série de voitures-lits produits pour les amateurs des années 1970 et 1980. Ces pièces, rares, sont devenues des pièces de collection. Les modèles de la firme France-Trains sont certainement au sommet de la qualité, de la beauté, et de l’exactitude, et ils sont produits seulement entre 1971 et 1981, destinés à une clientèle d’amateurs exigeants. Vendus en « kit » ou montés, dotés d’aménagements intérieurs et de tampons à ressort, ces modèles sont recherchés par les collectionneurs actuels : les variantes en sont très nombreuses. Un des modèles les plus réussis est la célèbre voiture CIWL type « LX », ou les voiture-salon Pullman type « Côte d’Azur ». Les modèles Rivarossi sont parmi les plus fins et les plus réussis que l’on puisse trouver sur le marché courant de l’époque en échelle « H0 ». Exacts, à l’échelle, marqués avec finesse, aménagés, ils ont atteint un sommet avec les voiture-salon Pullman type « Flèche d’or » produits à partir de 1987. Ils existent aussi à l’échelle « N » : la reprise des productions Rivarossi par Hornby laisse espérer que ces belles voitures reparaîtront sur le marché du grand public et des modélistes.
Les modèles Jouef sortent sous une forme jouet très fantaisiste en 1955, et puis sous une forme plus exacte, mais raccourcie à 230 mm, en 1962. Les premiers modèles totalement exacts et à l’échelle, longs de 270 mm, sont la voiture-restaurant et la voiture-salon Pullman type « Etoile du Nord » produites à partir de 1983, puis perfectionnées continuellement depuis avec leur aménagement intérieur, leurs lampes en laiton. Les couleurs, marquages, gravures des détails de caisse sont d’une grande finesse

Si vous voulez tout savoir sur Jouef, il existe un livre très documenté et très illustré (ensemble de tous les modèles, vues des usines, etc. Son titre est « Jouef, les petits trains de notre enfance ». Ce livre a été publié chez LR-Presse (première édition en 2004, réédité en 2007 et réédité pour le 75e anniversaire de Jouef en 2019), écrit par l’auteur de ce site-web, avec l’aide de la firme Jouef, en rencontrant, à Champagnole, le maire de la ville, les anciens de la firme, les anciens dirigeants, et le personnel à tous les niveaux.