Kora - News
- ️Kora
Un
gros doute subsiste sur sa provenance
Apr�s avoir
soigneusement observ� la petite loutre arriv�e mardi apr�s-midi au zoo
du Bois du Petit-Ch�teau � La Chaux-de-Fonds, suite � sa capture dans le canton
de Fribourg, son appartenance sp�cifique est tr�s s�rieusement remise en
question.
Diff�rents caract�res vont dans le sens d�un jeune m�le de l�esp�ce Lutra lutra (la loutre d�Europe) :
- petite taille d�environ 60 cm
- poids d�environ 3 kg
- t�te tr�s arrondi, traits attendrissants avec de gros yeux (correspondant bien a des caract�res juv�niles de la Loutre d�Europe)
Mais d�autres indices vont dans le sens d�un adulte d�une autre esp�ce :
- Organes sexuels m�les bien d�velopp�s
- Dentition avec un c�t� tr�s us� (improbable chez une jeune de quelques mois)
Ces caract�res correspondent � ceux de la loutre cendr�e (Aonyx cinereus) qui est la plus petite des 12 esp�ces de loutres au monde avec, chez les m�les, une longueur de corps (queue comprise) de 58.5 � 71 cm et un poids de 2.4 � 3.8 kg. La t�te est petite avec des yeux qui sont proportionnellement plus grands que chez les autres esp�ces de loutre. De plus, les griffes sont courtes et les pattes incompl�tement palm�es (voir photos ci-jointes) alors que la loutre d�Europe a des griffes bien d�velopp�es et des pattes enti�rement palm�es.
La loutre cendr�e est originaire d�Asie, elle y est class�e comme esp�ce vuln�rable dans la liste rouge des esp�ces menac�es de disparition, de plus elle est inscrite dans l�annexe II de la CITES, la convention r�glementant le commerce international des esp�ces en danger. Il est donc ill�gal d�importer cette esp�ce en Suisse sans des papiers officiels souvent r�serv�s aux institutions professionnelles comme les zoos.
L�analyse g�n�tique devrait d�terminer de fa�on certaine l�appartenance de ce m�le � l�esp�ce Aonyx cinereus (la loutre cendr�e ou loutre asiatique) m�me s�il n�existe plus tellement de doute sur cette question. Il faut tout de m�me reconna�tre que la confusion est tr�s facile entre une jeune loutre d�Europe et un adulte de loutre cendr�e.
Reste � savoir comment cet animal s�est retrouv� dans la nature , car il n�y a aucun zoo a proximit� du lieu de capture et, � ce stade de nos connaissances, il n�existe m�me aucun zoo suisse poss�dant cette esp�ce? Il est donc fort probable que ce m�le adulte se soit �chapp� de chez un particulier o� il �tait en captivit�. Un autre �l�ment vient corroborer cette hypoth�se car ce m�le est particuli�rement sociable et tr�s peu farouche ce qui n�est probablement jamais le cas d�une jeune n� en pleine nature.
Jusque l�, une question restait sans r�ponse : comment une jeune loutre d�Europe peut se retrouver dans la nature alors qu�aucun indice prouvant la pr�sence d�adultes n�existe (les individus �chapp�s du zoo de Berne en 2005 et ceux rel�ch�s ill�galement la m�me ann�e sont tr�s probablement morts � ce jour) et que les populations sauvages les plus proches sont tr�s �loign�es en France et en Allemagne? On ne peut pas exclure qu�un particulier poss�de des jeunes loutres d�Europe en captivit� ce qui est bien s�r totalement interdit par la loi.
Beaucoup de gens se sont demand�s pourquoi avoir capturer une loutre sauvage pour ensuite la placer dans un zoo. Voici les �l�ments principaux de r�ponse :
- Un individu jeune sans aucune preuve de pr�sence d�adultes dans les environs est potentiellement un animal en danger de mort et d�autant plus s�il est loin de son habitat naturel, ce qui �tait le cas. Le bon r�flexe est donc bien de le capturer pour le r�cup�rer au sein d�une station de soins pour animaux sauvages.
- La loutre d�Europe est une esp�ce officiellement disparue de Suisse depuis 1989, il est donc utile de pouvoir prouver sa r�apparition sur la base d�un individu captur� puis identifi� avec certitude.
- Tant qu�il n�y a pas de programme de r�introduction officiel, il est n�cessaire de d�terminer l�origine de tout nouvel individu dans la nature: sauvage ou issu de captivit�. Dans ce dernier cas, il n�est pas recommand� de laisser se reproduire des animaux dont la diversit� g�n�tique n�est pas celle garantissant la survie de l�esp�ce dans la nature. En captivit�, les taux de consanguinit� sont souvent trop �lev�s et donc � l�origine de graves tares (malformations, st�rilit� voire mortalit�). Les programmes de r�introduction se base toujours sur des animaux avec une diversit� g�n�tique �lev�e et un type g�n�tique aussi proche que possible de la souche sauvage.Si le petit m�le Fribourgeois appartient bien � une esp�ce de loutre asiatique, l�histoire donnera raison au service de la faune car, en le laissant dans la nature, on aurait favoris� une esp�ce exotique dans un milieu o� soit elle n�aurait pas surv�cu soit elle aurait perturb� tout un �cosyst�me au m�me titre que le font les tortues de Floride rel�ch�es par quelques inconscient.Cette nouvelle rebondissante est d�cevante car elle prouve que la reproduction de la loutre d�Europe en Suisse est encore une musique d�avenir tant que les cours d�eau ne seront pas revitalis�s, d�pollu�s et que des corridors de dispersion ne seront pas r�habilit�s. Souhaitons tout de m�me que la loutre d�Europe fasse son grand retour d�elle m�me, c�est � dire naturellement, ce qui serait la plus grande garantie d�une bonne sant� retrouv�e de nos rivi�res. Actuellement, les projets de r�introduction sont bloqu�s car les milieux sont jug�s impropres � une survie des loutres qui seraient rel�ch�es. Ce qui n�emp�che pas diff�rents zoos d�Europe, comme, en Suisse, ceux de Zurich, Berne et La Chaux-de-Fonds de maintenir une population artificielle caract�ris�e par une variabilit� et un type g�n�tique compatibles avec une future r�introduction dans le milieu naturel. Ce sont les fameux programmes de reproduction en captivit� d�esp�ces menac�es (EEP : European Endangered species Programme) dont les plus connus sont ceux du tigre ou de l�orang-outan (voir www.eaza.net).
Jusqu�� nouvel ordre, ce petit m�le, en mal de nom d�esp�ce (!), restera en pension au zoo de La Chaux-de-Fonds.
Communiqu� de presse du Zoo du Bois du Petit-Ch�teau - Ville de La Chaux-de-Fonds
� Claire Le Bayon |
� Claire Le Bayon |