Portrait : Bernie Ecclestone - L'Echo du Village n�249 du Jeudi 25 juin 2003
Le portrait du PDG de la FOCA

Avant l'arriv�e de Bernie Ecclestonne en F1, un seul mot aurait pu la d�finir : fragile.
Il est donc d'autant plus �tonnant de constater que l'image de Bernie qui a marqu� le public qui regardait le GP d'Italie � Monza en 1970 �tait celle d'un homme regagnant les stands, tr�s attrist� par l'accident mortel de son ami Jochen Rindt, dont il ramenait le casque avec lui, sous le bras.Jadis, ceci marquait la fin de l'engagement peu superficiel d'Ecclestone. Il partit en avion pour tenir compagnie � son ami pilote, Stewart Lewis Evans, mortellement br�l� dans un crash avec sa Vanwall, au GP du Maroc 1958. Le jeune pilote ag� de 28 ans d�ceda 6 jours plus tard.
Ces �v�nements n'ont jamais jou� de r�le dans les relations commerciales de Bernie. Peu apr�s le d�c�s de Rindt, il rach�te � Jack Brabham, la moiti� de ses actions dans son �curie [Tout comme il vient de le faire recemment pour Minardi]. Ron Tauranac, deuxi�me actionnaire et ing�nieur de l'�curie ne restera pas longtemps. En 1972, Ecclesztone s'empare enti�rement de l'�curie Brabham et trouve rapidement en Gordon Murray un ing�nieur d'exception.
Du coup, il lance son plan conqu�te - F1, en demandant de l'aide � Colin Champan (Lotus), Teddy Mayer (McLaren), Ken Tyrrel et Max Mosley (M fondateur de March).
Premier olbjectif : donner du poids � la Formula One Constructors Associations (FOCA). Pour ce faire, il a d�fendu les int�r�ts des �curies. Il exigea des organisateurs de course un fond minimal pour financer les gains des participants fond� sur une formule ar�t�e � l'avance selon les r�sultats obtenus.
La politique de Bernie va aboutir au pouvoir d'un seul homme mal soutenu par la FIA qui a l'esprit tr�s �troit.
C'est l'origine de la bataille entre la FISA et la FOCA dans les ann�es 80-81.
....::Mont�e en puissance::....
En 1978, un obstacle se dressa devant Bernie Ecclestone : Jean Marie Balestre a �t� �lu � la t�te de la FIA.
Fin politique, homme de pouvoir et de m�dias, redoutable n�gociateur, son duel avec Ecclestonne sera d�terminant mais sans influence.
Fin 1978, Bernie a reussi � degoter le GP d'Allemagne, du Br�sil et d' Afrique du sud. A chaque GP, il arrive aussi � s'acaparer les droits de diffusion TV.
C�t� f�d�ration, Balestre fulmine et cherche des ouvertures.
Pour d�jouer les pi�ges financiers d'Ecclestone, il essaie de ressuciter l'association des pilotes de Grand Prix, phagocyt�e par Ecclestone une fois devenue inutile. Mais a cause de l'argent rentrant dans les caisses des pilotes, ils sont devenus trop individualistes. Seul Didier Pironi a redonner un semblant de dignit�, une derni�re fois, au combat des droits des pilotes et de leur respect. Pour ce faire il prit la t�te du mouvement de gr�ve lors du GP d'Afrique du sud en 1982.
En 1980, les artisans de la FOCA ne respectent gu�re le reglement (Exemple : la fameuse pantallonade des r�servoires d'eau des refroidissements des freins ), et le pouvoir sportif, malgr�s quelques sanctions, en Belgique et en Espagne, est ridiculis�.
La FISA et la FOCA rentrent au vestiaire dos � dos. L'oppostion entre ceux ci rel�ve aussi de la technique, les grands constructeurs "l�gitimistes" bien motoris�es, et les artisans des aerodynamiques sup�rieures.Quans la FISA a interdit la jupe aux "wing-cars", la FOCA y voit une atteinte � ses membres. Ecran de fum�e. Le vrai enjeu est financier. Balestre tente de r�duire l'importance des artisants sur le plateau, et leur impacte m�diatique.
Donc la FOCA qui les f�d�re, esp�rant le d�sunir � terme.
De quoi redonner du poids � la FISA dans sa conqu�te de la toison d'or audiovisuelle. Mais il faut donner du grain � moudre � la presse et cacher la v�rit�. Ecclestone et Balestre agissent intelligement et r�ciproquement sur ce point.
Entre 1980 et 1983, le sport automobile h�site encore entre la FISA et la FOCA, donc entre Balestre et Ecclestone.
En 1983, tout sera d�finitivement enterr� en coulisses.
Pour finir le grand gagnant sera Bernie. Mais le duel aura �t� rude.
La FISA poursuit son avantage. En avril, le congr�s de la f�d�ration, r�uni � Casablanca, pr�voit un boulervsement technique pour 1983. Toll�. Les �curies britanniques refusent de courrir � Imola. La crise s'apaise d�s le GP suivant, en Belgique, d'autant plus qu'il est marqu� par le d�c�s de Gilles Villeneuve. Le silence s'abat sur la F1, encore frapp�e par la mort de Paletti et l'accident de Pironi. En 1982, les n�gociations ont donc lieu en coulisse, et aboutissent � l'Accord de la Concorde r�dig� sous le contr�le du lieutenant d'Ecclestone, Max Mosley.
Les concessions d'Ecclestone au pouvoir sportif lui vaudront une totale impunit� quand sa Brabham-BMW qui �tait ill�gale (moteur + carburant) battra la Renault de Prost dans le dernier GP.
Billancourt, refusant d'aller chercher un titre sur tapis vert, ne posera pas de r�clamation et perdra Prost. Au dessus des partis et des lois, l'autorit� d'Ecclestone est dors et d�j� �tablie.
....:Propri�taire virtuel:....
Entr� en possession vituelle du syst�me, il ne restait � Ecclestone qu'a p�renniser son empire pour pouvoir s'en retirer et le vendre au prix fort. Pour ce faire, il priy patience, et ce fit nommer vice-pr�sident de la FISA, attendit la fin du mandat de Jean Marie Balestre, et installa Max Mosley � la pr�sidence de la FISA et de la FIA.
D�s lors, entre ces deux vieux complices, plus rien n'�tait impossible.
Un accord secret est pass� autour des 1993 � 1995. Le contenu g�n�ral et de ses cons�quences le sont moins, � savoir la r�version des 25% de droits TV � la FISA par la FOCA, en �change d'un contrat -ill�gal- liant la f�d�ration � la holding de la FOCA, la Formula One Holding.
Mais le voil du myst�re a, dans une certaine mesure, �t� dissip� suite � la vigilance des banquiers � la suite des d�cisions prises par Ecclestone au debut de 1997 de privatiser ses biens commerciaux. C'est sur base de ces r�v�lations, que trois �curies en F1, en plus de la Commission des Comp�titions sportive de l'Union Europ�enne, prirent conscience de l'�tendue des sommes amass�es par ce dernier.
Tandis que Williams, McLaren et Tyrrel d�siraient une modifications des Accords de la Concorde, Karel Van Miert, membre de la comission Europ�enne fit bruyemment entendre sa voix � propos du monopole exerc� sur certains contrats. Celui ci, r�cemment contraint � la d�mission collective, �tait parvenu � d�montrer enti�rement le syst�me monopolistique d'Ecclestone. Son travail deviendra-t-il caduque ? En tout �tat de cause, la d�cision d'Ecclestone d'introduire ses comp�titions dans de nouveaux march�s est enfin en bonne voie. R�cemment, la Chine accept� � ce joindre le concert des organisateurs de GP.
Et par dessus tout, le march� conclu avec Indianapolis au terme duquel le Championnat du monde reviendra faire une �tape aux USA porte tout � faire la griffe d'Ecclestone.
Apr�s tout, ce qu'Ecclestone sait faire le mieux, c'est de vendre le prestige de la F1. Un jour viendra o� biens�r il devra mettre fin � sa carri�re, mais seul Ecclestone sait de quoi sera fait l'apr�s-Ecclestone.
La F1 est un spectacle, un divertissement, qui met en jeu des sommes consid�rables, concentrant des int�r�ts faramineux, sans grande rationalit�, par rapport � la raison humaine, g�n�rant donc des passions folles. Cela, Bernie l'a compris, et c'est ainsi qu'il vend son produit.
Dans tout le syst�me, il est sans doute l'un de ceux qui a le plus les pieds sur terre et l'un des derniers � rester v�ritablement secret. Mais sous sa dictature -g�n�ralement- bienveillante, la F1, elle, n'est certzinement pas rest�e l� o� elle l'�tait.
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