La conjugaison des verbes
1. Remarques préliminaires
La conjugaison des verbes français est d’une assez grande complexité : si on séparait toutes les formes de conjugaison possibles avec les différents verbes irréguliers, on arriverait à plus de 110 modèles différents. On peut cependant distinguer sept modèles de conjugaison réguliers, et le nombre de verbes irréguliers se limite à une soixantaine, avec seulement une vingtaine de verbes irréguliers véritablement productifs.
On trouve dans le commerce quantité de guides de conjugaison très bien conçus et très complets. L’objectif de cette partie consacrée à la conjugaison des verbes n’est pas de remplacer ces guides en présentant une énième fois des tableaux de conjugaison, mais de dégager des règles et de faire apparaitre des constantes qui sont invisibles dans les guides de conjugaison et qui permettent, on l’espère, au moins partiellement une mémorisation plus facile et plus intelligente (au sens d’« active ») des conjugaisons des verbes français. En outre, de nombreux points de grammaire étudiés dans d’autres chapitres nécessitent une explication concernant les verbes, à laquelle il est donc nécessaire de pouvoir renvoyer au sein de cet ouvrage.
2. Les groupes de verbes
On distingue en français trois groupes de verbes, classés en fonction de leur terminaison :
- 1er groupe : verbes terminés en -er
- 2e groupe : verbes terminés en -ir dont le radical est -iss-
- 3e groupe : verbes terminés en -re, -oir et autres verbes en -ir.
Dans tous les groupes, il y a des verbes réguliers et des verbes irréguliers. Le 2e groupe est celui où il y a le moins d’exceptions. La pratique scolaire finlandaise de séparer les verbes français en deux groupes (réguliers et irréguliers) n’est pas très judicieuse : dans tous les groupes, il y a des verbes irréguliers. Inversement, même dans le troisième groupe, il y a des verbes parfaitement réguliers.
360. Schéma de la conjugaison des verbes français1r groupe | 2e groupe | 3e groupe | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
réguliers | irréguliers | |||||
-ir | -re | -oir -voyellere -autres consre- autres -ir | ||||
-er | -ir | -ir | consre | -aindre -eindre -oindre |
-aitre | -uire |
La plus grande partie des verbes français sont des verbes du 1er groupe. Les verbes nouveaux (néologismes) sont pratiquement exclusivement du 1er groupe.
Le 2e groupe comporte d’une part d’anciens verbes d’origine germanique (haïr, bâtir), d’autre part surtout des verbes dérivés d’adjectifs (grossir, rougir). C’est aussi une classe ouverte : il est aussi possible de former des verbes nouveaux dans ce groupe, mais c’est plus rare (par exemple amerrir laskeutua merelle, alunir laskeutua kuuhun).
Dans le 3e groupe, on trouve plusieurs modèles de conjugaisons parfaitement réguliers. De même, les terminaisons sont régulières et les radicaux des verbes réguliers sont faciles à trouver. Les verbes irréguliers posent des difficultés justement parce qu’ils peuvent avoir plusieurs radicaux. Le 3e groupe est « fermé » : ce ne sont que des verbes dont la conjugaison, souvent complexe, est le résultat d’une longue évolution historique. On ne peut pas produire de nouveaux verbes du 3e groupe ; au contraire, certains sont devenus trop rares ou trop compliqués par rapport aux modèles de conjugaison normaux pour pouvoir survivre, et ont tendance à être remplacés par des verbes refaits sur le modèle du 1er groupe (par exemple résoudre → solutionner).
3. Voix, modes et temps
On distingue dans la terminologie grammaticale française :
– deux voix (pääluokka) : la voix active et la voix passive (chap. 12d), qu’on désigne aussi en abrégé par « l’actif » et « le passif » ;
– cinq modes (tapaluokka, modus): l’indicatif, le subjonctif (chap. 12c), l’impératif, l’infinitif (chap. 13a) et le participe (chap. 13b). Certaines grammaires présentent encore le conditionnel comme un mode à part ; en réalité, il faut le considérer comme un des temps de l’indicatif, voir GMF p. 556.
À cela s’ajoute un nombre variable de temps (qui varie selon les modes : douze à l’indicatif, quatre au subjonctif, etc.). Voir le tableau des modes et temps p. 372.