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La Mathildenhöhe à Darmstadt - UNESCO World Heritage Centre

  • ️UNESCO Centre du patrimoine mondial

Brève synthèse

La Mathildenhöhe à Darmstadt est un ensemble exceptionnel de bâtiments expérimentaux et de paysages aménagés, conçu au début du XXe siècle, qui représente un prototype du Modernisme. Le lieu de résidence et d'exposition d'une colonie d'artistes - précurseur des expositions internationales permanentes d’architecture - tire son nom d'une colline surplombant la ville de Darmstadt, dans l'État de Hesse, en Allemagne. L'ensemble est constitué d'œuvres des membres de l'influente colonie d'artistes de Darmstadt qui ont contribué à quatre expositions d’architecture de renommée internationale sur la Mathildenhöhe en 1901, 1904, 1908 et 1914. Couronnant la colline de la Mathildenhöhe se trouve la pièce maîtresse de l'ensemble, l'emblématique Tour matrimoniale avec sa forme distinctive, telle une main levée, et ses deux bandes de petites fenêtres qui enveloppent le bâtiment. À côté, se trouve le gigantesque hall d'exposition, décrit à l'époque comme une « acropole » et la « couronne de la ville ». L'énigmatique bosquet de platanes, de plan rectangulaire, s'étend à l'avant et ajoute une autre dimension, ses nombreuses œuvres sculpturales et inscriptions façonnant un lieu de nature cyclique et de culture et spiritualité universelles. Parallèlement au bosquet, se trouve un axe créé par la chapelle russe et le bassin du Lys. En complément, au sud, à l'est et à l'ouest, se trouvent des bâtiments composés d’ateliers d’artistes et une série de maisons expérimentales d'une grande diversité architecturale, conçus dans un espace urbain, ouvert et généreux, agrémenté de parcs et de pavillons et desservi par des routes et des sentiers. L'ensemble présente une synthèse radicale d'architecture, de design et d'art, associée à des environnements de vie et de travail exemplaires, de haute qualité et esthétiquement agréables, créés dans l'esprit de l'humanisme moderne. Cette vision pionnière a été inspirée par les mouvements internationaux de réforme artistique et sociale du XIXe siècle et initiée par le grand-duc de Hesse, progressiste et doté d'un esprit commercial. Il a été réalisé par des architectes aujourd'hui renommés, tels que Joseph Maria Olbrich et Peter Behrens, sous la forme d'une Gesamtkunstwerk permanente, une œuvre d'art totale qui fait date dans l'histoire de l'architecture. Aujourd'hui, la Mathildenhöhe à Darmstadt offre un témoignage dense et exceptionnel de l'émergence de l'architecture, de l'urbanisme et de l'aménagement paysager modernistes, avec différentes influences qui vont du mouvement Arts and Crafts et de la Sécession viennoise à des exemples d'Art nouveau, et qui, en inspirant le Deutsche Werkbund et le Bauhaus, a conduit au style international du Modernisme du XXe siècle.

Critère (ii) : La Mathildenhöhe à Darmstadt est un prototype du Modernisme qui offre un témoignage dense et exceptionnel de l'émergence de l'architecture moderniste et de l'aménagement du paysage urbain du XXe siècle, et des processus d'avant-garde qui lui ont donné naissance. Ses qualités fonctionnelles et esthétiques propres à son époque révèlent une période dynamique de réformes artistiques et sociales et incarnent un échange international crucial pour le développement de l'architecture et du design, de l'urbanisme, de l'aménagement paysager et de la culture des expositions modernes. C'est un symbole absolu du début du Modernisme. Quatre expositions d’architecture pionnières et de renommée internationale ont été organisées entre 1901 et 1914. L’innovation permanente des expositions a donné forme à la Mathildenhöhe. Toutes les expositions ont été conçues et mises en œuvre en collaboration avec des entreprises allemandes et étrangères. Pour la toute première fois dans le cadre d'une exposition, des environnements de vie et de travail modernes ont été présentés. Il s'agissait de résidences permanentes ouvertes au public pendant les expositions. La Mathildenhöhe à Darmstadt s'est développée comme une communauté semi-utopique qui est devenue un point de convergence des tendances majeures du début du Modernisme et une influence fondamentale pour de nombreuses expositions internationales d’architecture aux XXe et XXIe siècles.

Critère (iv) : La Mathildenhöhe à Darmstadt, un ensemble exceptionnel d'éléments architecturaux dans un paysage aménagé, représente un prototype du Modernisme qui documente l'émergence de l'architecture moderniste et de la conception de paysages urbains au XXe siècle. Cela fait date dans l'histoire de l'architecture. La construction s'est déroulée entre 1899 et 1914, durant une période d'expérimentation radicale qui caractérise l'âge révolutionnaire du Modernisme. La synthèse radicale de l'architecture, du design et de l'art comprend des bâtiments d'exposition expérimentaux à l’architecture progressiste, des paysages urbains à la conception ambitieuse, de l'art spatial contemporain, ainsi que des maisons et des ateliers d'artistes innovants.

Intégrité

La Mathildenhöhe à Darmstadt a conservé son importance avec le temps : le bien est d'une taille et d'une intégrité suffisantes pour contenir tous les attributs nécessaires à la transmission de sa valeur universelle exceptionnelle. Le bien illustre clairement son intégrité fonctionnelle et son modèle d'organisation spatiale : en particulier, la Tour matrimoniale (en tant que construction la plus haute de la silhouette de l'ensemble) ; le hall d'exposition ; la maison Ernst Ludwig ; le bâtiment des ateliers (1914) ; ainsi que les nombreuses maisons d'artistes. Ceux-ci sont complétés par le bosquet de platanes, les fontaines et les sculptures, ainsi que les sentiers dans le paysage aménagé. La Mathildenhöhe à Darmstadt conserve son intégrité structurelle, fonctionnelle et visuelle, même si certains éléments du site ont été soigneusement restaurés après avoir subi des dommages pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est dans un bon état général de conservation et ne souffre pas des effets néfastes du développement ou de la négligence. L'incidence de tout processus de détérioration potentiel est strictement contrôlé.

Authenticité

L’importance de la Mathildenhöhe à Darmstadt s’est transmise au fil du temps grâce à son emplacement et à son cadre authentiques, ainsi qu'à une combinaison d'attributs et d'éléments qui sont authentiques, crédibles et véridiques. L'ensemble essentiel des éléments architecturaux et du paysage aménagé répond aux conditions d'authenticité en ce qui concerne la forme et la conception, les matériaux et la substance. En outre, la Mathildenhöhe à Darmstadt affiche une authenticité constante de l'ensemble. Cela se traduit par des bâtiments et des espaces dont l'intention originale a été fidèlement conservée et dont la pérennité de la fonction et de l'utilisation d’origine a été gérée de manière durable. Grâce à une absence générale de bouleversement, une utilisation continue et un entretien constant, l'originalité et l'état général du site sont très bons. Divers éléments de la Mathildenhöhe qui ont été endommagés par la guerre ont été soigneusement restaurés peu après la fin des hostilités. Toutes les extensions ultérieures du bien ont été réalisées dans le respect de l'esprit du lieu et de la philosophie de conception originale. La Mathildenhöhe à Darmstadt affiche clairement son importance sur le plan de l’émergence du Modernisme et en tant que première exposition internationale et permanente d’architecture.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

La Mathildenhöhe à Darmstadt, avec son ensemble de bâtiments et de paysages aménagés, est protégée en tant que monument culturel en vertu de la loi du land de Hesse sur la protection et la conservation des monuments (section 2, paragraphe 1, HDSchG). Les environs immédiats de l'ensemble sont également soumis à la protection des monuments en tant qu'ensemble (section 2, paragraphe 3, HDSchG). En outre, les sites du patrimoine mondial de l'UNESCO sont soumis à une protection spéciale de la part de l'État fédérale de Hesse (section 3, HDSchG).

Une zone tampon est délimitée afin de garantir que le contrôle du développement et de l’aménagement sont suffisants pour protéger le bien des impacts négatifs potentiels, de conserver les perspectives visuelles pertinentes du point de vue de l’histoire et de l’histoire de l’art, depuis et vers le site, et de protéger la continuité du caractère du cadre d'une manière compatible avec la valeur universelle exceptionnelle du bien. En outre, les activités de construction sur le territoire du bien lui-même et dans la zone tampon sont réglementées par la mise en place de « zones identifiées d'intérêt historique » juridiquement contraignantes, et par le plan d'occupation des sols et des plans locaux de construction. Ces instruments réglementent la préservation des perspectives visuelles pertinentes du point de vue de l’histoire et de l’histoire de l’art, depuis et vers le site. En 2015, un Conseil consultatif a été créé pour harmoniser les plans existants avec le processus de proposition d’inscription au patrimoine mondial. Un gestionnaire de site a été nommé en 2020 et le Conseil consultatif formule ses recommandations concrètes pour tous les projets ayant une incidence sur le site.

Les bâtiments de l'ensemble sont principalement des propriétés publiques (ville de Darmstadt ou État de Hesse) et des propriétés privées. Les travaux de restauration et de rénovation de l'ensemble sont réalisés par les propriétaires en étroite collaboration avec les autorités fédérales compétentes. Le lien entre les propriétaires privés et les services de conservation sera renforcé. Un plan de gestion de la conservation doit être élaboré afin de garantir une approche cohérente de la conservation pour tous les bâtiments du bien. S'agissant des allocations budgétaires destinées au bien, un équilibre doit être établi entre les activités de conservation et les activités d’aménagement et de développement.