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Palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang - UNESCO World Heritage Centre

  • ️UNESCO Centre du patrimoine mondial

Brève synthèse

En tant que résidences royales des empereurs des dynasties Ming et Qing du 15e au 20e siècle, les palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang étaient dans l’ancienne Chine féodale le centre du pouvoir étatique. Le palais impérial des dynasties Ming et Qing à Beijing, connu sous le nom de Cité interdite, a été édifié entre 1406 et 1420 par l’empereur Ming Zhu Di et a vu couronner 14 empereurs Ming et 10 empereurs Qing au cours des 505 années suivantes. Le palais impérial de la dynastie Qing à Shenyang a été édifié entre 1625 et 1637 par Nurgaci pour les ancêtres nuzhen/mandchous de la dynastie Qing qui s’établit à Beijing en 1644. Également appelé palais Houjin ou palais Shenglin, il a ensuite servi de capitale secondaire et de résidence temporaire à la famille royale jusqu’en 1911. Les palais impériaux de Beijing et de Shenyang ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, respectivement, en 1987 et 2004.

La Cité interdite, située dans le centre de Beijing, est l’exemple le plus abouti du développement des palais en Chine ancienne. Elle permet donc de pénétrer dans l’organisation sociale de la Chine dynastique d’autrefois, et notamment dans la culture du rituel et de cour. L’agencement et l’aménagement des lieux sont l’héritage et l’illustration du modèle traditionnel d’organisation urbaine et de construction palatiale en Chine ancienne : on y trouve un axe central, un plan et une topographie symétriques comprenant une cour extérieure devant la façade et une cour intérieure, ainsi que l’ajout de patios-jardins additionnels, qui s’inspirent de la topographie de la ville de Yuan. Ce palais étant un modèle de la hiérarchie architecturale, des techniques de construction et de l’art architectural de la Chine ancienne, il a influencé les bâtiments officiels ultérieurs de la dynastie Qing sur une période de 300 ans. Les édifices religieux, notamment une  série de chambres royales bouddhistes dans l’enceinte du palais, imprégnés d’une quantité d’éléments issus des cultures ethniques, témoignent de l’intégration et des échanges que Mandchous, Han, Mongols et Tibétains pratiquaient en architecture depuis le 14e siècle. Parallèlement, plus d’un million de collections royales de grande valeur, des objets utilisés par la famille royale ainsi qu’un grand nombre de documents d’archives portant sur les techniques anciennes d’ingénierie, ainsi que des rapports écrits, des croquis et des maquettes sont la preuve de la culture de cour, des lois et règlementations des dynasties Ming et Qing.

Le palais impérial de la dynastie Qing à Shenyang, tout en respectant les traditions de la construction palatiale chinoise, possède des caractéristiques typiques des habitations populaires traditionnelles des Mandchous et a intégré les styles architecturaux des cultures ethniques han, mandchoue et mongole. Les bâtiments étaient disposés selon le système des «huit bannières», un système d’organisation sociale spécifique à la société mandchoue, ce qui est un exemple d’aménagement unique parmi les constructions palatiales. Au sein du palais Qingning, les lieux de sacrifice dédiés aux empereurs témoignent des coutumes chamaniques en vigueur chez les Mandchous depuis plusieurs centaines d’années.

Critère (i) : Les palais impériaux constituent des chefs-d’œuvre du développement de l’architecture palatiale impériale en Chine.

Critère (ii) : L’architecture des complexes palatiaux impériaux, notamment à Shenyang, fait apparaître l’importance des influences réciproques entre architecture traditionnelle et architecture palatiale chinoise, notamment aux 17e et 18e siècles.

Critère (iii) : Les palais impériaux sont un témoignage exceptionnel de ce qu’était la civilisation chinoise à l’époque des dynasties Ming et Qing, dans la mesure où ils constituent de véritables réserves d’art paysager, d’architecture, d’ameublement et d’objets d’art et  permettent aussi de documenter de manière exceptionnelle les traditions vivantes et les coutumes chamaniques pratiquées par les Mandchous pendant des siècles.

Critère (iv) : Les palais impériaux sont des exemples exceptionnels d’importants ensembles architecturaux palatiaux de Chine.  Ils témoignent du lustre grandiose qu’avait l’institution impériale sous la dynastie Qing et jusqu’au début des dynasties Ming et Yuan, de même que les traditions mandchoues, et ils sont la preuve de l’évolution de cette architecture aux 17e et 18e siècles.

Intégrité

Depuis la chute de la dynastie Qing, un grand soin a été apporté à la conservation de ces biens. On trouve dans le  domaine l’ensemble des éléments porteurs de valeurs de créativité, de rayonnement, de documentation historique et d’exemplarité architecturale , par leur dimension historique, leurs styles architecturaux, d’autres composantes, ainsi que les techniques et réalisations artistiques de constructions palatiales chinoises postérieures au 15e, et notamment des 17e et 18e siècles, qui ont été bien préservés. Diverses manifestations concrètes de la culture de cour des dynasties Ming et Qing de même que les particularismes des modes de vie des Mandchous et des Han et de leurs pratiques d’échange et d’intégration ont également bien survécu. La zone tampon protège l’implantation des complexes dans la ville et de leur environnement.

Authenticité

Les palais impériaux des dynasties Ming et Qing à Beijing et à Shenyang, notamment la Cité interdite, préservent fidèlement ce témoignage exceptionnel de la culture hiérarchique chinoise que sont l’agencement, la conception et la décoration de l'édifice complexe. Les plus importantes réalisations techniques et artistiques de l’architecture officielle chinoise qui repose sur des structures en bois, sont préservées dans leur authenticité ; et la transmission de l’artisanat traditionnel est assurée. Diverses composantes des palais, témoins de la culture de Cour des dynasties Ming et Qing sont conservées, ce qui reflète le style de vie et les valeurs de la famille royale de l'époque Le palais impérial de la dynastie Qing à Shenyang préserve, dans leur état d’origine, l’aménagement historique des constructions palatiales mandchoues, le style et les caractéristiques des constructions locales ainsi que des informations sur les échanges entre communautés mandchoues et han aux 17e et 18e siècles.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Les palais impériaux des dynasties Ming et Qing ont bénéficié d’une bonne protection au siècle dernier. Après la chute de la dynastie Ming, les deux complexes palatiaux ont été déclarés Palais Musées par l’État, respectivement en 1925 et 1926. En 1961, ils ont été inscrits dans le premier groupe de Sites nationaux sous protection prioritaire désignés par le Conseil d’État et ont été réparés et protégés comme l’exigent les règles de conservation des vestiges culturels. Par conséquent, l’intégralité des bâtiments majeurs et l’essentiel des bâtiments secondaires ont été conservés intacts. Dans le cadre de l’application rigoureuse de la Loi sur la protection des vestiges culturels de la République populaire de Chine, l’Administration nationale du patrimoine culturel a émis des Dispositions relatives à la gestion du Musée Palais en 1996 et le gouvernement populaire de la municipalité de Beijing a délimité la zone tampon du Palais impérial sur une aire de 1 377 hectares en 2005 ; en 2003, le gouvernement populaire de la ville de Shenyang a émis les Dispositions sur la protection du palais impérial, du tombeau Fuling et du tombeau Zhaoling de Shenyang. L’ensemble de ces lois et règlementations comprennent des dispositions précises sur la protection de l’environnement des palais impériaux, qui garantissent la protection optimale de l'authenticité et de l’intégrité du bien aux plans juridique, institutionnel et de sa gestion et qui permettent de mieux sauvegarder ce site exceptionnel du patrimoine culturel pour l’ensemble de l’humanité.

À l’avenir, c’est une protection globale des valeurs des palais impériaux des dynasties Ming et Qing qui sera mise en œuvre : en appliquant et en optimisant le plan de gestion de la conservation, en s’en tenant à la règle de l’intervention minimale qui préside à la conservation et en améliorant les procédures scientifiques et technologiques, de manière à garantir durablement la protection de l’authenticité et de l’intégrité des biens. Toutes les dispositions relatives à la protection et à la gestion des palais impériaux doivent être scrupuleusement mises en œuvre et le nombre de touristes, en particulier dans la Cité interdite, doit faire l’objet d’un réel contrôle pour limiter les nuisances subies par le bien. La protection de l’environnement spatial doit être renforcée, tout particulièrement pour le palais impérial de la dynastie Qing à Shenyang. Il faut coordonner les exigences des différentes parties prenantes pour préserver l’équilibre raisonnable et efficace qui doit prévaloir entre la protection des palais impériaux et le développement du tourisme et de l’urbanisation. Il convient de développer la recherche relative à l’interprétation et à la mise en valeur, pour que les valeurs scientifique, historique et artistique des palais apparaissent davantage aux yeux des touristes domestiques comme étrangers et pour que les gens en tirent à la fois élévation spirituelle et plaisir : de cette manière, les palais impériaux pourront jouer convenablement leur rôle d’utilité sociale et culturelle et l’on contribuera à leur garantir une protection durable dans le contexte de développement des villes.