Centre historique de Boukhara - UNESCO World Heritage Centre
- ️UNESCO Centre du patrimoine mondial
Brève synthèse
Le Centre historique de Boukhara, situé sur la Route de la soie, remonte à plus de deux mille ans. C’est un des meilleurs exemples de cités islamiques bien préservées d’Asie centrale du Xe au XVIIe siècle, avec un tissu urbain qui est resté largement intact.
Boukhara a longtemps été un centre économique et culturel important de l’Asie centrale. L’ancienne cité perse a servi de centre majeur de la culture islamique durant de nombreux siècles et est devenue un centre culturel majeur du Califat au VIIIe siècle.
À l’exception de quelques vestiges importants datant de la période antérieure aux invasions mongoles de Gengis Khan en 1220 et de Timour en 1370, la vieille ville est un témoin de l’urbanisme et de l’architecture de la période chaybanide des rois ouzbeks, à partir du début du XVIe siècle. La citadelle, reconstruite au XVIe siècle, marque le centre civique de la ville depuis ses origines.
Les monuments importants encore debout depuis ces temps anciens comprennent la célèbre tombe d’Ismail Samanai, impressionnante dans sa sobre élégance et plus bel exemple restant de l’architecture du Xe siècle dans tout le monde musulman. De la période karakhanide du XIe siècle date le remarquable minaret de Poi-Kalyan, chef-d’œuvre de la décoration en briques, de même que la plus grande partie de la mosquée Magoki Attori et du mausolée Chashma Ayub. La madrasa Ulugbek est un héritage survivant des Timourides. Aux Chaybanides sont dus certains des plus célèbres monuments de Boukhara : l’ensemble de Poi-Kalyan, l’ensemble de Lyabi-Khauz, la madrasa Kosh et la madrasa Gaukushon dans l’ensemble de Hodja-Kalon. Les édifices ultérieurs de cette période de l’histoire de Boukhara comprennent des madrasas monumentales aux carrefours importants : Taki Sarafon (Coupole des changeurs), Taki-Tilpak-Furushan (Coupole des chapeliers), Tim-Bazzazan et Tiro-Abdullah-Khan. Au début du XVIIe siècle, de belles constructions sont venues s’y ajouter, dont une nouvelle grande mosquée, Magoki Kurns (1637) et l’imposante madrasa Abdulazziz-Khan (1652).
Cependant, l’importance réelle de Boukhara tient non pas à ses édifices pris individuellement, mais plutôt à l’ensemble de son paysage urbain, démontrant le niveau élevé et constant de l’urbanisme et de l’architecture inauguré par la dynastie chaybanide.
Critère (ii) : L’exemple de Boukhara pour ce qui est du schéma urbain et des bâtiments a eu une profonde influence sur l’évolution et l’urbanisme citadin d’une grande partie de l’Asie centrale.
Critère (iv) : Boukhara est l’exemple le plus complet et le plus intact de ville médiévale d’Asie centrale qui a, jusqu’à aujourd’hui, conservé son tissu urbain.
Critère (vi) : Entre le IXe et le XVIe siècle, Boukhara est restée le plus grand centre de théologie musulmane, particulièrement pour ce qui est du soufisme, au Proche-Orient, avec plus de deux cents mosquées et plus de cent madrasas.
Intégrité
Le bien présente tous les attributs qui justifient sa valeur universelle exceptionnelle. Ses limites et sa zone tampon sont appropriées et adéquates. Malgré le défaut de sensibilité de nombre de constructions nouvelles de 1920 aux années 1950 et les dommages sismiques, Boukhara conserve dans une large mesure son ambiance historique et un tissu urbain pour l’essentiel intact.
Toutefois, l’intégrité du bien est menacée par l’impact agressif de la salinité et des eaux souterraines et par les termites qui causent une érosion des structures en bois. De plus, de très nombreux bâtiments remarquables en terre sont dans certains quartiers extrêmement vulnérables en raison de la détérioration du tissu historique.
Authenticité
Boukhara a préservé en grande partie son schéma urbain qui date de la période chaybanide. Des bâtiments modernes ont été édifiés dans le centre historique, qui ont détruit l’apparence de certains quartiers, mais dans d’autres le paysage médiéval a survécu. La proportion de constructions anciennes, en particulier les édifices publics et religieux, reste néanmoins considérable, et le centre historique présente incontestablement un intérêt majeur en tant qu’exemple exceptionnel d’une ville musulmane essentiellement médiévale en Asie centrale.
Si l’on considère le Centre historique de Boukhara comme une entité complète – exprimée par divers attributs, parmi lesquels le contexte urbain, la forme et la conception, l’utilisation des matériaux et des techniques, les fonctions et la tradition – il est possible de discerner certains facteurs qui pourraient avoir un impact défavorable sur l’authenticité du bien, à savoir (i) le recul de l’utilisation des matériaux traditionnels et des techniques de construction traditionnelles et l’introduction de nouveaux matériaux de construction ainsi que de nouveaux détails architecturaux, (ii) l’insuffisance de la documentation sur les principaux monuments et le tissu urbain, et (iii) les pressions de l’urbanisation entraînant des conceptions inappropriées pour les nouvelles constructions.
Eléments requis en matière de protection et de gestion
Les lois et règlements nationaux pertinents concernant le bien du Patrimoine mondial comprennent la Loi sur la protection et l’exploitation des biens du patrimoine culturel, de 2001. Les lois en vigueur ainsi que les codes d’urbanisme prévoient la protection des monuments du patrimoine culturel et de leurs zones tampons. Ces documents sont reflétés dans le Plan directeur de la ville de Boukhara (2005). De plus, le Conseil des ministres de la République d’Ouzbékistan a approuvé le Décret spécial N° 49 du 23 mars 2010, relatif au « programme de l’Etat sur la recherche, la conservation, la restauration et l’adaptation à l’utilisation moderne des biens du patrimoine culturel à Boukhara jusqu’à 2020 ». Actuellement, ce programme en cours d’exécution renforce la protection et la conservation du bien.
La gestion des monuments du patrimoine culturel de Boukhara relève du Ministère de la culture et des sports de la République d’Ouzbékistan au niveau national et de l’Inspection régionale de Boukhara pour la protection et l’utilisation des monuments du patrimoine culturel et des autorités locales au niveau régional.
Dans le cadre de la protection du patrimoine culturel du centre historique de Boukhara, le Conseil des ministres de la République d’Ouzbékistan a adopté un programme d’Etat pour les activités complexes de recherche, de conservation et de restauration des monuments du patrimoine culturel du centre historique de Boukhara et leur adaptation aux besoins modernes pour la période 2010-2020. Les interventions sont strictement réglementées afin de garantir l’intégrité et les éléments caractéristiques des monuments. Durant la mise en œuvre du programme d’Etat, le suivi des monuments sera assuré en permanence. Un plan de gestion, qui doit comprendre une base de données informatisée, un plan directeur de conservation et de développement, un système de suivi scientifique, un plan d’infrastructure, des principes directeurs de conception et des directives et des règlements pour tous les services touristiques, est nécessaire pour préserver la valeur universelle exceptionnelle du bien et équilibrer les besoins du développement durable. Pour maintenir les conditions d’intégrité et d’authenticité, il faut une stratégie de conservation détaillée, en particulier pour enlever les couches culturelles construites à des époques ultérieures et abaisser la surface des rues à leur niveau historique. Un autre aspect important est de renforcer les capacités dans les techniques de construction traditionnelles. L’Institut de recherche scientifique et de projets en urbanisme est en train d’élaborer un projet d’urbanisme détaillé du centre historique de Boukhara qui traitera ces questions de manière plus approfondie.