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La chute de l’école zeitounienne et la montée de l’islam radical et du terrorisme

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  • ️Fri Dec 23 2016


C’est grâce à une myriade de doctes tunisiens formés naguère et pré-indépendance à l’« Université Zeitounienne » que le tunisien a toujours pratiqué un islam tolérant et ouvert sur le monde.

La Chute de la Zeitouna
Le 26 Avril 1956, un mois après l’indépendance, l’« Université Ezzitouna » est créée par décret présidentiel.

Une décision fatidique, car commença alors la décadence sans fonds de cette illustre institution, dépositaire du vaste savoir arabo-islamique.

Le régime avait fait flèche de tout bois pour détruire cette université, et avec, un savoir accumulé pendant douze (12) siècles.

Le gouvernement de l’époque ne savait pas qu’il s’était tiré une balle dans le pied, un effet que l’on ressent aujourd’hui.

Les médias de l’époque, sous la férule du régime, en ont fait leur chou gras pour écorner l’image des Ulémas, des nationalistes irréprochables, causant des bourrasques sociales frondeuses à leur égard.

Ces érudits Zeitouniens constituaient des leviers de contrainte redoutables sur le régime, des contraintes qu’il fallait briser.

Effectivement, dans les années 1930 - 1950, la ZEITOUNA était l’épicentre de toutes les tensions qui secouaient la Tunisie, et un creuset de la résistance contre le colonisateur français.

Le 31 mars 1960, après la création de l’Université de Tunis, la «Faculté Zeitounienne de la Chari’a et de Théologie» vit le jour le 1er mars 1961, succédant ainsi à l’« Université Zeitounienne », balayant d’un revers de la main plus de 12 siècles d’autonomie et d’indépendance intellectuelle, car réduite à une simple composante du nouveau réseau universitaire Tunisien.

Depuis cette date, et plusieurs décennies durant, aucun savant ni docte de la foi musulmane n’a été produit en Tunisie, laissant ainsi un grand vide dans le monde de la théologie et de l’exégèse coranique où les savants tunisiens excellèrent des siècles durant.

La Prédication Télévisée
Avec l’accès à la télévision satellitaire dans les années 90, ce vide intellectuel a été évidemment comblé par des dizaines de chaînes de télévision où pullulent des prédicateurs de toutes les sectes connues, à l’instar de celles qui prolifèrent aux USA depuis les années 70.

Ces chaînes dont les animateurs sont stipendiés essentiellement par les régimes des pays du golfe, émettent du proche orient, d’Europe, d’Amérique et même d’Israël, surtout après la mise en orbite du satellite «Nilesat» en 1998, et du deuxième en 2000.

Maintenant il y en a trois (3), le dernier gravite depuis Août 2010 : Un marché très lucratif que contrôlent des opérateurs privés égyptiens.

Des dizaines de chaînes religieuses recrutèrent des prédicateurs prêchant un islam aussi archaïque qu’obscurantiste, dont le Wahhabisme.

Ainsi, la démocratisation des paraboles permit aux jeunes tunisiens de suivre chez lui, ces chaînes issues de cultures tout à fait différentes de la leur : Une opération de séduction fatale.

Les habitudes culinaires, la manière de s’habiller, de penser, du tunisien, furent influencés par des prédicateurs à l’intarissable faconde généreusement stipendiés par les pétromonarchies arabes.

Ces pays, qui cultivent la suprématie des souverainismes dogmatiques, avaient pour ultime objectif le façonnage des musulmans à leur image et les assimiler, afin de régner en maîtres absolus sur le vaste monde musulman.

Sur des années, ces programmes télévisés, ont réussi à endoctriner et contaminer toutes les strates de la société tunisienne, et en particulier les jeunes âgés maintenant entre 20 - 40 ans.

Hélas, une faction non négligeable de ces jeunes embrigadés, constitue aujourd’hui le noyau dur des fanatiques religieux de tous bords.

Et d’ajouter, l’Internet n’a fait qu’amplifier le phénomène, avec la prolifération de milliers de sites de prédication, avec leurs foires aux questions (FAQ), des questions que le tunisien pose sur des points aussi banals que la manière de s’habiller ou de manger.

Ressusciter et Réformer l’Université Zeitounienne !
Pour renverser la vapeur, il est capital de faire ressusciter et réformer l’« Université Zeitounienne » et la nantir de moyens pour que celle-ci retrouve son lustre d’antan et produise une nouvelle génération de Ulémas à laquelle incomberait la mission d’encadrer nos jeunes en leur inculquant un islam tolérant et moderniste, et de contenir une jeunesse désespérée et désemparée qui sombre dans l’intolérance et verse, hélas, dans le terrorisme.