Yves Montand, le maître du music-hall
- ️Charles Van Dievort
- ️Thu Mar 20 2025
Avec Un soir avec Yves Montand, le comédien Pierre Cassignard fait revivre le tour de chant tel que le proposait la star.
Le 9 novembre 1991 disparaissait Yves Montand. Si les quadras et plus se souviennent parfaitement de l'immense vedette que c'était, les jeunes générations, elles, ne retiennent souvent de lui qu'une scène du film La folie des grandeurs, celle où il réveille Louis de Funès en faisant tinter des pièces de monnaie. L'inoubliable "Il est 'l'or', Monseignor". C'est oublier qu'avant le cinéma, c'est en chanson qu'Ivo Livi, de son vrai nom, s'est fait connaître. Plus exactement dans le music-hall. Et c'est cet Yves Montand-là que Pierre Cassignard, comédien et metteur en scène qui a largement roulé sa bosse au théâtre (Molière du comédien en 1997) comme au cinéma et à la télévision, va faire revivre sur la scène du centre culturel d'Auderghem le 19 mars prochain avec Un soir avec Yves Montand.
Il paraît que vous rêvez de ce spectacle depuis des lustres. Combien de temps vous a-t-il fallu pour le monter ?
"Ce qui a pris le plus de temps, c'est de me décider à le faire. De façon inconsciente, j'y travaille depuis l'âge de 15 ans. À l'époque, j'étais un peu paumé et je vois Yves Montand à l'Olympia. Cette vision a été un coup de foudre. Ce type-là m'a structuré. Je me suis dit que c'est ça que je voulais faire plus tard : des claquettes, chanter, raconter des histoires aux gens en musique. Je suis devenu acteur et j'ai été super gâté mais il m'a toujours manqué le music-hall. Au départ, ce spectacle, je devais le faire avec un petit orchestre, mais très vite je me suis dit qu'il fallait en réalité le faire comme Yves Montand le faisait à l'époque, c'est-à-dire avec rien."
Rien ?
"La scène, un piano à queue, un chapeau claque, son parapluie et mes chaussures de claquettes. C'est tout."
Son parapluie ?
"Oui, j'ai son parapluie. J'ai rencontré le cercle qui était autour de lui et donc Carole, la mère de Valentin, son fils. Nous sommes devenus copains et elle m'a donné le parapluie de Montand. Je fais donc le spectacle avec le parapluie qu'il avait sur scène lorsque je l'ai vu à l'Olympia en 1981."
Vous n'avez jamais rencontré Yves Montand ?
"Je ne suis pas un groupie mais j'aurais apprécié, pour lui poser des questions sur son boulot. Et puis, sa vie a épousé tous les moments importants du XXe siècle. Son parcours, c'est fou. Italien, immigré, son père qui tenait une fabrique artisanale de balais, l'arrivée à Marseille, les chantiers navals à l'âge de 11 ans, ses premières prestations dans des petites fêtes foraines. Ensuite, il y a eu Paris et Édith Piaf. Il a commencé à être acteur et il est parti aux États-Unis. Passer de la petite fabrique de balais à Hollywood qui était son rêve de toujours et jouer avec Marilyn Monroe, c'est fou."
C'est audacieux de reprendre Yves Montand sur scène tel qu'il se produisait…
"Je ne m'en suis pas rendu compte en décidant de le faire et en le travaillant. C'est venu le soir de la première. D'un coup, j'ai réalisé que j'allais chanter devant 500 personnes et que j'étais à poil. Je n'avais même plus les ficelles auxquelles je pouvais me raccrocher en tant qu'acteur. On l'a joué trente fois et encore maintenant, ça me procure un trac que je n'ai jamais connu au théâtre."
Un soir avec Yves Montand, au centre culturel d'Auderghem le 19 mars. Infos et rés. : www.ccauderghem.be ou 02.660.03.03.