Louise DECHÊNE - Dictionnaire créatrices
- ️Éditions Des Femmes - Antoinette Fouque
Louise Dechêne est déjà mère de trois enfants lorsqu’elle décide de poursuivre des études universitaires en histoire à l’université Laval. Elle se dirige d’abord vers l’enseignement, considérant que ce métier facilite l’articulation des rôles de mère et de travailleuse. Mais elle s’oriente rapidement vers l’histoire économique et réalise un mémoire de maîtrise sur William Price, fondateur de la compagnie Price (bois, pâtes et papier). Un emploi d’archiviste au service de Parcs Canada et des Archives nationales du Québec l’amène à s’installer en France avec ses enfants pour quatre ans. Elle fréquente alors les séminaires d’historiens des Annales tels Robert Mandrou, qui avait déjà enseigné à l’université Laval, ou Pierre Goubert. La découverte des nouvelles approches socio-économiques de l’histoire de l’Ancien Régime français la décide à faire un doctorat, dès son retour au Canada. Sa thèse en histoire canadienne dirigée par R. Mandrou, Habitants et marchands de Montréal au XVIIe siècle, publiée en 1974, fait date dans l’historiographie québécoise sur la Nouvelle-France. La perspective socio-économique, qui place à l’avant-scène les groupes sociaux plutôt que l’élite dirigeante, offre à L. Dechêne de rompre avec l’histoire politique dominante. La description de structures sociales, économiques et géographiques, lui permet notamment de remettre en cause les images stéréotypées de l’habitant de la Nouvelle-France insoumis et guerrier ou celle, idéalisée, du libre coureur des bois. L. Dechêne enseigne par la suite notamment à l’université McGill de Montréal. À la fin de sa carrière, elle réintroduit l’État dans ses réflexions et ses recherches, tout en conservant une perspective d’histoire sociale des groupes non privilégiés. Elle publie ainsi Le Partage des subsistances au Canada sous le régime français en 1994. Quelques mois après son décès paraît Le Peuple, l’État et la Guerre au Canada sous le régime français.
Hélène CHARRON