Jade L., 26 ans, scénariste
- ️Michaël Degré
- ️Tue Mar 11 2025
Jade Foret, vous vous souvenez? L'ex-mannequin belge, devenue Madame Arnaud Lagardère en 2013, avec tout que cela impliquait de quolibets, se rappelle à notre bon souvenir avec Amber Blake, une… bande dessinée dont elle assure le scénario. Ou l'histoire d'une orpheline ballottée par la vie. Et, tenez-vous bien, un album plutôt bien fichu, dont elle nous a parlé, hier, à Bruxelles.
Jade, c'est une surprise de vous retrouver dans la bande dessinée: ça vient d'où?
D'abord de l'écriture. Toute petite, déjà, quand je sortais de l'école, j'écrivais. C'était des états d'âme, ou des histoires que j'inventais: j'avais besoin de créer. À 7 ou 8 ans, j'écrivais des sketches, et à 9 ans, quand j'allais chez ma grand-mère, j'organisais avec mon frère et ma cousine de petites pièces de théâtre que nous jouions devant ma maman, ma grand-mère et sa voisine. Et puis, j'avais déjà écrit un premier scénario à 18 ans, mais il n'avait pas vu le jour, car j'étais trop prise par mon mannequinat. Puis, en 2013, alors que j'étais enceinte de ma deuxième fille, cette envie d'écrire, de créer, m'a reprise.
Vous auriez pu écrire un roman?
C'est ainsi que je l'envisageais. Mais très vite, des images de mes héros me sont apparues et je me suis rendu compte que c'est la BD qui convenait le mieux. Je ne suis pas Belge pour rien, et j'ai grandi avec les séries de Van Hamme, comme Largo Winch, XIII ou Lady S., mais aussi Titeuf ou Julie, Claire et Cécile. Et puis les classiques: Tintin, Spirou, Lucky Luke.
Y avait-il aussi une envie de vous affirmer autrement que par l'image qui est renvoyée de vous?
Non, pas du tout. J'ai été tellement jugée, dans mon passé, en raison de mon physique que ça ne m'atteint plus. Avant, on parlait du mannequin qui écrit, maintenant, c'est la "femme de" qui écrit. J'y suis habituée. J'ai mis de côté mon mannequinat pendant cinq ans pour m'occuper de mes enfants, et j'écris l'histoire d'Amber depuis trois ans et demi: je suis vraiment habitée et passionnée par ça. Le reste…
Ça vous avait fait de la peine, quand même?
Plus jeune, c'est sûr. Quand vous entendez que vous êtes un "pseudo-mannequin" alors que vous avez quasi dix de carrière à haut niveau derrière vous, ça fait mal. Ou quand on dit que vous êtes vénale: ça fait mal aussi, à vous et votre famille. Mais aujourd'hui, le plus important, c'est le regard que mes proches portent sur moi et sur ce que je fais.
Y a-t-il des éléments biographiques dans cet album?
Des clins d'œil: par exemple, elle s'appelle Amber parce qu'Ambre est mon second prénom. Mais rien de plus…
Physiquement, l'héroïne vous ressemble, quand même…
C'est dingue, tout le monde dit ça (elle rit)! Mais je la trouve beaucoup plus belle et intelligente que moi. Et puis, je n'ai pas sa force de caractère, même si j'aimerais beaucoup.
Pourquoi signer Lagardère et non Foret, le nom sous lequel on vous connaît le mieux en Belgique?
Parce que c'est le nom que je porte depuis quatre ans. Et parce que c'est celui de mes enfants: ma fille aînée commence à reconnaître les lettres, et son nom, alors…
Quel rapport entretenez-vous à la Belgique, aujourd'hui?
Mon pays me manque. Et sa nourriture. Les frites, surtout. Chaque fois que je reviens, le premier soir, c'est soit mitraillette, soit une fricandelles et des frites!
"Amber Blake", tome 1: "La fille de Merton Castle", Lagardère/ Guice, Glénat, 48 p., 13.90€.
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