Thomas Ruff, photographe
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« Vos séries photographiques appartiennent au style documentaire. En même temps, vous êtes très méfiant par rapport aux informations contenues dans les images. Comment s'est forgée cette réflexion ?
En 1980, quand j'étais étudiant à Düsseldorf, j'étais influencé par la tradition documentaire, avec Sander, Renger-Patzsch, Blossfeldt, mais aussi la photographie américaine héritée de la Farm Security Administration et Walker Evans comme référence. Mes premières images, les Intérieurs, viennent de là. Quand mes amis étudiants venaient chez moi, ils ne reconnaissaient pas ce que j'avais photographié. Et pourtant je ne faisais aucune mise en scène. C'était la preuve qu'une image quelle qu'elle soit, portée par le cadrage et la lumière, ne restitue pas la réalité. Elle n'est qu'une construction, une fiction. Tous les photographes qui prétendent faire du documentaire usent d'artifices. Leur perception est façonnée par différents éléments, comme l'éducation du photographe ou celle du spectateur.
Comment interpréter alors vos photographies ?
Mon travail est une réflexion sur l'image. Depuis l'origine de l'art, que le portrait soit peint ou photographié, l'artiste a toujours le désir de faire ressortir une personnalité, souvent par le biais d'éclairages qui dramatisent le visage. Au contraire, je veux que le spectateur soit conscient qu'il regarde une photographie et non un sujet. Ainsi mes portraits ne disent rien de la personne. Ils sont en très grand format, frontaux et cadrés serré mais il est impossible de percevoir les sentiments du modèle, s'il va se marier la semaine prochaine par exemple. Mon portrait n'est qu'un parmi des milliers de versions possibles. Avedon, par exemple, croit que la photographie peut mettre à nu une psychologie. Ses portraits sont « attractifs », mais c'est de la propagande. J'essaie de montrer l'impossibilité qu'il y a à prendre un portrait.
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