Boule d'Amont
Un charmant petit village qui cache un trésor de l'art roman
Boule-d'Amont semble isolé et minuscule, perdu dans les collines des Aspres. Mais son église recèle une pièce d'orfèvrerie majeure dans l'histoire de l'art roman, et rien que pour cela, il vaut le coup d'être visité.
Boule-d'Amont semble isolé et minuscule, perdu dans les collines des Aspres. Mais son église recèle une pièce d'orfèvrerie majeure dans l'histoire de l'art roman, et rien que pour cela, il vaut le coup d'être visité.
Perché au cœur des Aspres, Boule-d'Amont est un petit village pittoresque et plutôt paisible. Il doit son nom à la rivière Boulès qui serpente au pied de l’agglomération, longeant la route départementale. Un champ étroit et des contreforts taillés de niches séparent cette route du centre du village. En bas, la mairie fait face au monument aux morts, tandis qu’une petite route pavée mène à une charmante place où trône un ancien puits. Les maisons, presque toutes en pierres apparentes, affichent des volets colorés typiques "à la catalane" et des façades envahies par le lierre, conférant au village un charme authentique et vivant.
L’église paroissiale Saint-Saturnin abrite des trésors exceptionnels. L’une des pièces maîtresses est un antépendium d’or représentant le Christ en majesté entouré des quatre évangélistes, plaqué sur l’autel du chœur. Parmi les autres richesses, on trouve une Vierge noire, des calices, des croix en argent, et bien d’autres objets d’art sacré. Bien que l’église soit de construction classique, son chevet orné d’arcades aveugles mérite une attention particulière.
Outre l’église, Boule-d'Amont est entouré de paysages propices à l’exploration. Le prieuré de Serrabone, l’un des joyaux du patrimoine local, se situe à proximité. Les Aspres offrent également de nombreux sentiers de randonnée pour les amateurs de marche, de VTT ou d’équitation. Les itinéraires conduisent vers des sources, des chapelles, des sommets comme le Puig de Santa Anna, et des villages voisins. Pour rejoindre le Bas-Conflent, on peut emprunter le col de "Les Arques", culminant à plus de 1000 mètres.
La commune se distingue aussi par le caractère dispersé de son habitat, typique des zones rurales isolées. Plusieurs mas épars, parfois regroupés en hameaux sans nom officiel, portent des appellations locales comme Salvetat (près de Bouleternère), le mas d'En Taix, ou le veïnat d'en Baix.
Boule-d'Amont est un lieu où le calme et la qualité de vie priment sur l’animation urbaine. On y vient pour se ressourcer, respirer l’air pur et apprécier la sérénité. Pour un séjour, seuls des gîtes sont disponibles, car le village ne dispose ni d’hôtel ni de camping. Respectez la quiétude des lieux et profitez pleinement de cette atmosphère apaisante.
Patrimoine, curiosités à voir sur place
Le patrimoine de Boule-d’Amont est relativement riche pour un village de petite taille.
Sa pièce maîtresse est sans conteste le fameux Prieuré de Serrabone, un prieuré fondé au XIe siècle par des moines suivant la règle de saint Augustin.
Le village lui-même recèle plusieurs éléments d’intérêt, à commencer par la « font vella » (« vieille fontaine » en catalan), située en haut du village, près de la sortie vers le chemin de randonnée. Le monument aux morts, quant à lui, est de conception classique. Le territoire de Boule-d’Amont abrite également une stèle gravée datant du Néolithique ainsi qu’un dolmen, malheureusement effondré, appelé le Dolmen du Cimetière des Maures. Par ailleurs, deux chapelles en ruines, Saint-Marc et Saint-André de Monistrol, sont présentes sur le territoire, tout comme une ancienne église devenue simple chapelle après avoir perdu son statut paroissial avec la dispersion de la population : Saint-Jean d’Arsus.
En outre, le territoire de Boule-d’Amont est parsemé de cinq oratoires. Ils datent du XIXe siècle et ont été construits tout autour du village, sur les hauteurs des collines environnantes, afin de protéger les habitants. Ils sont à la Salvetat (Saint Anne), au mas d’Alços (près de Saint-Jean d'Arsus, Saint Jean), au mas Tarri (Saint Joseph) et au mas de l’Aiguader (deux oratoires, l’un dédié à la Vierge et l’autre à saint Roch). C'est le curé du village Joseph Vial qui fut à l'initiative de leurs constructions. Ils ont tous été restaurés en 1991. Et il ne faut pas oublier ceux jalonnant la route menant au prieuré de Serrabone, aussi. Deux croix en fer s’y ajoutent : une petite au sommet du pic Ambrosi et une autre, plus travaillée, à environ 700 mètres avant d’arriver à Serrabone.
Enfin il faut citer la présence de deux puits à glace sur le territoire de boule d'Amont. Plus exactement ils sont sur la crête de Roca Roja. L'un des deux est en très bon état.
Le prieuré de Serrabone
Le prieuré de Serrabone
Fondé en 1052 sur la base d’une petite église préexistante, le prieuré de Serrabone fut occupé par une communauté augustinienne qui obtint en 1082 la reconnaissance de la règle canoniale. Quelques travaux importants furent réalisés au XIIe siècle, notamment la construction de la galerie voûtée. La communauté occupa les lieux sans discontinuer jusqu’au début du XVIIe siècle, bien qu’un relâchement notable des mœurs ait été observé à la fin du XIVe siècle.
De nos jours, le prieuré est l’un des principaux sites touristiques du département. Il abrite une magnifique tribune en marbre rose sculpté, considérée comme la pièce la plus remarquable à découvrir sur place.
En savoir plus sur le prieuré de Serrabone.
L'église paroissiale Saint-Saturnin
L'église Saint-Saturnin
Dans le village, l’édifice principal est l’église paroissiale dédiée à Saint-Saturnin. Datant du XIe siècle, elle est donc d’origine romane.
Cette église abrite aujourd’hui une chaire intéressante datant du XVIIIe siècle, une porte avec ses pentures des XIIIe et XIVe siècles, ainsi que plusieurs retables : celui de la Sanch (1710), de Saint Joseph (1744), de la Vierge (1761), de Saint Antoine (XVIIIe siècle), du maître-autel (XVIIIe siècle), un autre de la Vierge (XVIIe et XVIIIe siècles), et du Christ (XVIIIe siècle). Saint-Saturnin possède également une statue de son saint patron (XVIIIe siècle) et quelques pièces d’argenterie de la même époque, telles qu’un reliquaire, un ostensoir, une pyxide et un plat de quête. Architecturalement, il s’agit d’un édifice à nef unique avec une abside semi-circulaire, un schéma classique des églises romanes du Roussillon. Le chevet fut construit en deux étapes : la partie basse probablement au début du XIe siècle, tandis que la partie haute fut érigée lors de l’installation des chanoines vers la fin du siècle.
L'Antépendium en or
L'Antépendium de l'église
Un antépendium est une décoration d'origine romane qui ornait la face avant de l'autel de certaines églises. Les plus remarquables sont en or et représentent des scènes de la vie chrétienne ou des personnages bibliques. Rares sont les églises qui en possèdent, et encore plus rares sont celles qui en conservent un en bon état. C'est le cas de Boule-d'Amont, qui en abrite un en or de très belle facture.
De format rectangulaire, il représente le Christ en majesté dans une mandorle. Sa tête est entourée d'une auréole, conformément aux représentations romanes tardives, et il fait le geste de bénédiction de la main droite, tandis que sa main gauche tient une Bible. Très coloré, le Christ est entouré des quatre évangélistes (Matthieu, Jean, Luc, et Marc), accompagnés de leurs symboles traditionnels : respectivement un ange, un aigle, un taureau, et un lion. Cette pièce d'orfèvrerie est un véritable chef-d'œuvre de l'art roman, malheureusement trop peu connu.
Le ciboire du XIIIe siècle et les objets liturgiques
Le ciboire du XIIIe siècle
L’église Saint-Saturnin ne se distingue pas uniquement par son magnifique antépendium, mais possède également un riche trésor composé de plusieurs pièces d’orfèvrerie et de statuettes en bois polychrome.
Ce trésor est exposé dans une vitrine, dont la pièce maîtresse est un somptueux ciboire du XIIIe siècle provenant de l’église de Prunet. Ce ciboire est orné d’émaux de tradition limousine, avec des couleurs éclatantes de rouge, bleu, et vert. Il se compose d’une coupe surmontée d’un couvercle à charnière, coiffé d’une tige se terminant par une boule qui portait autrefois une croix, aujourd’hui disparue. La tige présente un nœud hexagonal central représentant un pied en bas-relief.
La coupe dévoile une riche iconographie inspirée du message évangélique et des grandes scènes de la foi chrétienne. Sur le pied, on trouve la Flagellation, l’Annonciation, et l’Adoration des Mages. La partie supérieure de la coupe illustre le Couronnement d’épines, la Crucifixion, et le Christ en majesté. La partie inférieure représente les Corps glorieux sous forme d’anges exaltant le Christ en majesté. Ce précieux ciboire, caché par un paroissien lors des inventaires de 1906, fut restitué à l’église en 1951. D’autres ciboires similaires de la même époque se trouvent dans des musées, notamment à Carcassonne, Avranches (provenant du Mont-Saint-Michel), et au Louvre, mais leur iconographie est plus austère.
Parmi les autres pièces du trésor, on compte une statue en bois polychrome appelée « Notre-Dame de Serrabona » (XIIIe siècle), une statuette de Saint-Saturnin (datée de 1699), une croix de procession en argent repoussé (XVIIIe siècle), ainsi qu’une ampoule des malades (viatique) et une clochette d’autel en bronze, dont l’origine est inconnue. La vitrine contient également un plat de quête et un reliquaire de la Vraie Croix datant du XIXe siècle.
La chapelle Saint-Jean d'Arsus
La chapelle Saint-Jean d'Arsus
Mentionnée dès 1069, cette chapelle est attestée comme simple possession du prieuré de Serrabone en 1145. Son statut évolue au fil des siècles : en 1397, elle est citée comme église paroissiale, témoignant de l’émergence d’un noyau urbain suffisamment important pour justifier la présence d’un prêtre résident. Cependant, cette paroisse disparaît au cours de l’histoire, les habitants ayant préféré s’installer à Boule-d’Amont, un site moins isolé et probablement plus favorable à l’agriculture, principale raison des migrations de population aux XVe et XVIe siècles.
En savoir plus sur la chapelle Saint-Jean d'Arsus.
Histoire
Boule-d’Amont possède une origine préhistorique, remontant à l’ère néolithique. Cela est attesté par la présence d’une stèle gravée de graffitis datant de cette époque sur son territoire. Toutefois, après cette période, ni les Ibéro-Ligures, ni les Celtes (-500), ni les Romains (-121) n’ont laissé de traces à Boule-d’Amont. Bien que les Romains aient structuré la région et posé les bases des premiers villages, leurs prédécesseurs et successeurs (Wisigoths en 412, Sarrasins en 739) n’ont pas marqué de manière comparable la localité. En réalité, il faudra attendre l’arrivée de Charlemagne et l’instauration du système féodal (811) pour que les villages commencent à se développer. Boule-d’Amont est ainsi une fondation directement issue de l’époque carolingienne.
Les premiers Carolingiens commencèrent à peupler les collines des Aspres au IXe siècle. Cependant, la présence humaine attestée sur le territoire de Boule-d’Amont ne date que du XIe siècle, bien que le lieu soit cité en 942 (Bula) puis en 1062 (Bula Subirana). L'abbaye Saint-Michel de Cuxa possédait par ici des alleux au XIe siècle. Les deux églises alors existantes étaient celle de Saint-Jean-d’Arsus (attestée en 1069) et celle de Saint-Saturnin (attestée également au XIe siècle). Cependant, c’est au prieuré de Serrabone que la présence humaine fut la plus précoce : une communauté de chanoines s’installa dans une petite église préexistante en 1052, à la demande de la comtesse de Cerdagne. La multiplication des églises si proches les unes des autres répondait à la nécessité d’une organisation face à l’extrême éparpillement de la population locale.
Peu d’informations nous sont parvenues concernant l’histoire de Boule-d’Amont en tant que telle. Au XIIIe siècle certains droits seigneurieux étaient détenus par Arnau de Cortsavy, mais conjointement avec l'abbé de Saint-Michel de Cuxa et le prieur de Serrabona. Au Moyen Âge, la communauté locale fit construire deux puits à glace, dont les restes de l'un des deux sont particulièrement bien conservés de nos jours. Au XVIIIe siècle, l’église Saint-Saturnin était trop petite pour accueillir toute la population. Une seconde nef fut donc construite pour doubler sa capacité. Celle-ci fut érigée au nord de l’ancienne nef. Elle était en très mauvais état lorsqu’elle revint à la France après le traité des Pyrénées. Les travaux de restauration ne commencèrent qu’en 1947.
Population
Difficile de connaître l'évolution de la population d'un village aussi reculé dans les Aspres. Le document le plus ancien lui faisant référence est le fogatge de 1553 (Un fogatge, en catalan, c'est un recensement). A l'époque on comptait en "feux" (foyers) et on n'hésitait pas à fusionner plusieurs lieux qui vivait dans un même espace géographique. N'oublions pas que la notion de communes est très récente.
Ceci dit, le fogatge de 1553 nous apprend que les lieux de Boule d'amont, La Bastide et Casefabre totalisent 23 feux, soit entre 170 et 200 personnes. Les recensements officiels modernes présentent les chiffres suivants :
Années | Habitants |
1836 | 536 |
1846 | 561 |
1901 | 372 |
1975 | 47 |
1982 | 70 |
1990 | 71 |
1999 | 74 |
2006 | 56 |
Ce tableau montre une forte décroissance de la population à partir du début du XXe siècle, un dépeuplement dû à l'exode rural et à la fin de l'exploitation minière de masse. En effet, Boule d'Amont n'est pas un centre d'extraction du fer important mais cette activité à quand même existée ici, ce qui explique l'importance de la population aux XVIIIe et XIXe siècle. Depuis le milieu des années 80 la population ne cesse de décroitre lentement à cause du vieillissement naturel.
Etymologie
Boule-d'Amont vient d'un dérivé de "Bol" désignant un rocher en à-pic. Le mot "Amont" a été ajouté par la suite pour préciser le lieu dans la vallée. Le Boulès est le nom de la rivière qui se jette dans la Têt et qui passe aux pieds du village. Le Boulès serait donc la rivière qui prend sa naissance près d'un rocher à-pic.
Le village de Bouleternère, plus bas, a la même origine, "La terre noire du Boulès". Autrefois, les deux villages étaient désignés sous la même appellation de "Boule". On peut difficilement distinguer, sur les documents anciens, le lieu de "Boulès de la terre noire" du "Boulès d'Amont".
Situation et accès
Boule d'amont est un petit village situé dans les Aspres, entre Bouleternère et Calmeilles. C'est fait une sacrée distance, mais c'est un fait : Cette route est très longue il il n'y a pas d'autre village entre les deux, à moins de bifurquer vers les villages alentours. Nous sommes sur une des zones les plus dépeuplées des Pyrénées-Orientales.
Pour vous y rendre, si vous partez de Perpignan, il faut prendre la Nationale 116 en direction de l'Andorre et bifurquer à Bouleternère. Ensuite, ça sera indiqué, il faut prendre plus Sud. A vol d'oiseau, il n'y a que 25 Kms de Perpignan à Boule d'Amont, mais en pratique il y a une bonne quarantaine de kilomètres, que vous ferez entre une demi heure et trois quarts d'heure.
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