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« Democracy now » donne sa voix à la gauche américaine

  • ️Thomas Boothe & Danielle Follett
  • ️Tue Jan 01 2008

Une radio indépendante, des milliers de bénévoles

Le 3 janvier dans l’Iowa, puis cinq jours plus tard dans le New Hampshire, quelques centaines de milliers d’électeurs américains auront donné le coup d’envoi de la course à la Maison Blanche. Ces deux Etats ont beau être fort peu représentatifs de la population américaine, le choix qu’ils font crée un effet boule de neige aussitôt amplifié par les médias. Une émission de radio entend résister à ce matraquage et à quelques autres. A propos de la guerre d’Irak, par exemple.

« Notre région est très conservatrice, les républicains dominent la vie politique et la radio ; on n’entend que des gens de droite ou des évangélistes. Ici, la petite minorité de gens qui ne sont pas républicains se sentent tellement marginalisés qu’ils sont disposés à défendre coûte que coûte cet espace exigu qui nous appartient, à nous les progressistes. »

Joseph Fitsanakis, organisateur militant de l’émission de radio « Democracy now » à Tri-Cities, Etat du Tennessee.

Il y a deux ans, dans une petite communauté rurale du nord-est du Tennessee, un groupe de militants armés d’une simple pétition signée par soixante-dix personnes est parvenu à convaincre la radio locale de diffuser « Democracy now », une émission d’information progressiste rompant avec les programmes des radios privées. Pourtant, cette zone reculée des Appalaches ne semblait guère être l’endroit idéal pour ce genre d’initiative. Minière et agricole, la région vote massivement républicain (à 75 % lors de la dernière élection présidentielle). M. Joseph Fitsanakis rappelle d’ailleurs qu’« ici, il y a trente ans, les seules activités politiques tolérées étaient celles du Ku Klux Klan ».

Lui et d’autres militants ont récemment fondé Democracy now Tri-Cities (DNTC), une association destinée à défendre l’émission, qui est désormais régulièrement diffusée depuis 2005. Ce programme est menacé après que la radio locale, WETS, qui vit principalement des dons des auditeurs, eut reçu des appels réclamant son retrait des ondes. La zone de diffusion de WETS est en effet très conservatrice. Y militer signifie donc parfois risquer des agressions physiques (tirs dans les fenêtres, chiens empoisonnés, etc.). « Les syndicalistes de la région qui ont mené des luttes dans l’industrie minière auraient beaucoup d’histoires semblables à vous raconter », signale M. Fitsanakis. Ailleurs aussi, l’émission semble déranger : le 13 août dernier, une balle a traversé la fenêtre de la station de radio diffusant « (...)

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Thomas Boothe & Danielle Follett

Respectivement enseignante-chercheuse dans le département d’études des pays anglophones à l’université Paris-VIII, et cinéaste-photographe. Les auteurs remercient David Ramm pour son aide à la recherche.