Moscou lâche ses chiens de guerre en Syrie
- ️Philippe CHAPLEAU.
- ️Fri Feb 16 2018
Des citoyens russes combattant aux côtés des troupes du régime syrien ont été tués lors d’un raid aérien américain. Qui sont ces employés de la société militaire privée Wagner ?
Des employés de la société Wagner. | AFP
Combien de Russes parmi la centaine de combattants des forces pro-gouvernementales syriennes tués il y a une semaine dans la province de Deir Ezzor (nord-est) ? Huit comme le montrent des photos sur Facebook, treize selon des sources russes en Syrie ou cent comme le dit la rumeur ?
L’imprécision du bilan de la contre-offensive aérienne américaine, en riposte à une attaque contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) alliées de Washington, incite à la prudence.
Servir les services russes
Mais les pertes avérées démontrent l’engagement direct dans des opérations de combat de ressortissants russes. Moscou a réfuté toute implication de ses soldats mais a reconnu que « de nombreux compatriotes » sont présents en Syrie. Dont des employés d’une société militaire privée russe appelée Wagner.
Ce sont des mercenaires de cette société qui auraient péri lors des frappes américaines de mercredi dernier. Ces frappes ont officiellement été menées pour protéger un poste de commandement des FDS mais surtout pour stopper une avancée des forces pro-gouvernementales vers les champs pétroliers et gaziers voisins.
Wagner n’est pas inconnue. Elle a été créée en 2014 par le lieutenant-colonel Utkin, un ancien des forces spéciales russes. Ses Kontraktniki (employés sous contrat) ont déjà été engagés en Crimée, au Soudan, dans l’est de l’Ukraine et désormais en Syrie où ils ont contribué à la reprise de Palmyre.
Toujours pour servir les intérêts de Moscou et de ses services spéciaux dont elle ne serait, pour les mauvaises langues, qu’un faux nez.
Comment réguler ces activités ?
L’existence de sociétés comme Wagner (on pourrait citer aussi Oryol, Moran, RSB Group…), et l’externalisation de certaines fonctions militaires, font débat en Russie depuis 2008. Il ne s’agit plus de savoir s’il faut légaliser de telles sociétés, mais plutôt comment en réguler les activités.
D’où des dépôts à répétition (mais sans succès pour l’instant) de projets de loi pour préciser le champ d’action de ces sociétés et établir le statut des Kontraktniki.
Fin janvier, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ainsi proposé une loi pour protéger les citoyens russes travaillant à l’étranger pour des sociétés militaires privées. « Il faut s’assurer qu’ils ont droit à une protection juridique, une couverture sociale, des assurances, et que leurs familles touchent des pensions en cas de décès », a précisé Anton Morozov, un député de la Douma.