"Tany" Zampa: la chute du parrain de Marseille
- ️Wed May 30 2018

L'arrestation de Tany Zampa à Marseille en 1983. © GARRIGUE XYZ/SIPA
Avec son clan, Tany Zampa a régné sur Marseille pendant près de vingt ans : meurtres, boîtes, filles, stups, rackets… Féroce et habile, il incarnait une aristocratie de la pègre. Sa route est jalonnée de cadavres, mais sur le Vieux-Port, on pardonne tout au voyou à la belle gueule
Lorsque les gardiens le ramènent dans sa cellule à 18 heures, ce 23 juillet 1984, l’homme a les yeux hagards, le visage mangé de tics et le dos voûté comme celui d’un vieillard. A 51 ans, « Tany » Zampa n’a plus rien à voir avec le flamboyant voyou qui, huit mois auparavant, négociait sa reddition avec les policiers de la brigade de répression du banditisme (BRB) venus l’appréhender dans un bungalow de Fos-sur-Mer. « M’arrêter un dimanche. Là, vous me surprenez ! » avait-il plastronné devant les fonctionnaires.
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Après cinq jours d’audience devant la 6e chambre correctionnelle de Marseille – transformée pour l’occasion en Fort Chabrol –, il n’est plus que l’ombre de lui-même : recroquevillé dans son box, sa figure émaciée à la Buster Keaton n’apparaissant que lorsqu’il répond laconiquement aux questions du président Albertini. Le « Grand » – il mesure 1,90 mètre – en a pris un coup, physiquement et psychiquement. Il déconne. Dès son incarcération, il se plaint de violents maux de tête, prétend entendre des voix, accuse les tuyauteries de lui transmettre des messages de mort et hurle qu’on veut l’assassiner. Il écrit au directeur de la prison pour qu’on le change de cellule, sous prétexte que la sienne – qui donne sur la rue – va être la cible d’une attaque à la roquette depuis l’immeuble d’en face. Ses avocats demandent bientôt une expertise psychiatrique : les médecins ne décèlent qu’une simple altération névrotique due à une fixation.
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Zampa affirme qu’il s’est livré – après une longue cavale – contre la promesse que sa femme, Christiane, ne serait pas inquiétée. Et elle est là dans le box, à ses côtés, comme son avocat et d’autres complices dans une affaire financière, où la découverte de comptes truqués, de bilans maquillés et de reconnaissances de dettes a mis au jour une partie de l’empire clandestin du caïd marseillais. « Tany est tombé fada », ricane-t-on sur le Vieux-Port. « Il simule », prétendent les plus marioles.
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Le jour de l’ouverture du procès, Zampa en rajoute une couche : il se jette tête la première contre un pilier du palais de justice de Marseille. Bilan : une grosse bosse, mais le gendarme auquel il était menotté a une épaule luxée et quinze jours d’arrêt de travail. Le soir même, il récidive en tentant de s’ouvrir les veines avec un petit canif émoussé. Une simple estafilade, mais qui émeut la chancellerie. L’administration pénitentiaire décide de le faire surveiller en permanence, en plaçant dans sa cellule un autre détenu, Marc-Robert Schandeler dit « Bob », un ancien videur du Krypton, une boîte de nuit aixoise, fleuron de l’empire Zampa. Sa mission : réconforter son ancien patron et l’empêcher de se donner la mort. Une tâche que Schandeler ne va pas remplir avec toute la vigilance souhaitée... Ce soir-là, une demi-heure après que Gaëtan a réintégré sa cellule, le gros bras se met à tambouriner à la porte : « Au secours ! Venez vite, Tany vient de se pendre ! » On trouve le « Grand » suspendu à une corde à sauter fixée à un tuyau de chauffage, les pieds encore coincés dans le radiateur. Zampa est inanimé et son visage bleuit : il a le larynx enfoncé. Un interne accouru en toute hâte tente une trachéotomie improvisée. Trop tard. Zampa n’est pas mort, mais l’étranglement a détruit ses cellules nerveuses, et c’est un légume que le Samu emmène à l’hôpital.
Après avoir grandi et vécu comme un loup solitaire, Gaëtan Zampa meurt sans gloire, le 16 août 1984
Que s’est-il passé au cours de cette demi-heure ? Bob prétend qu’il lisait un livre sur son lit et qu’il somnolait lorsqu’il a été alerté par les râles de son codétenu. Il n’a « rien vu, rien entendu » des préparatifs de Zampa qui, de surcroît, lui a chipé sa corde à sauter. On se demande d’ailleurs pourquoi elle est restée dans la cellule d’un détenu avec des tendances suicidaires ! Bob a-t-il laissé son ex-patron faire une nouvelle tentative ? Mystère. L’ancien videur sera abattu quelque temps après sa remise en liberté, le 21 décembre 1989, à Montpellier, où il s’était mis au vert. Le seul témoin des derniers moments lucides de Zampa emportera son secret dans la tombe.
Lors de la reprise des débats au palais de justice le lendemain de la tentative de suicide, le président accorde à la – presque – veuve, Christiane, la liberté provisoire que Gaëtan réclamait pour elle depuis des mois.
Après avoir grandi et vécu comme un loup solitaire, Gaëtan Zampa meurt sans gloire, le 16 août 1984, après une longue agonie, à l’hôpital Salvator de Marseille. Les circonstances de son décès ajoutent un chapitre de plus aux énigmes sanglantes qui ont accompagné l’existence du dernier des grands caïds du milieu marseillais.

Les filles, les jeux… Dans le Marseille de l’après-guerre, le clan Guérini prospère © DR
La vie de Gaëtan Zampa débute comme un conte de mauvaises fées, tant elles sont nombreuses à se pencher sur son berceau. Il voit le jour le 18 mars 1933. Son père, Mathieu, d’origine napolitaine, est un voyou marseillais qui a démarré sa « carrière » avant guerre, sous Carbone et Spirito, pour se mettre ensuite sous la tutelle des frères Guérini. Propriétaire du bar La Ruche, il est spécialisé dans le « trafic des Blanches » vers l’outre-mer. Sa mère, Lucia, est native des Pouilles, haut lieu des mafias italiennes. Le mois de mars étant un mois maléfique, on attend le 1er avril pour déclarer le petit Gaetano à la mairie. Il grandit à la Cayolle, dont la population est constituée de vagues migratoires successives d’Italiens, d’Indochinois, de juifs d’Europe centrale et d’Afrique du Nord, de Maghrébins… Sa petite enfance se déroule à l’ombre de l’énorme chantier de construction de la prison des Baumettes, qui démarre l’année de sa naissance pour s’achever en 1939. Gaëtan n’a que 7 ans lorsqu’il tombe brusquement malade après avoir bu l’eau polluée d’une fontaine. Il survit mais gardera à vie un zozotement, handicap majeur pour un futur cador.
« Tany » lance àGaston Defferre : « Vous êtes en dette avec moi. Ne l’oubliez pas ! »
Impétueux et ambitieux, il apprend à mesurer ses rares paroles, cachant ainsi ce défaut de prononciation en économisant ses mots. Beau garçon à défaut d’être beau parleur, il fait ses classes auprès des dames, en mettant quelques-unes sur le trottoir dans le quartier Saint-Lazare de Marseille. Le proxénétisme, s’il nourrit son homme, ne suffit pas à ses appétits qui le poussent à gravir les échelons de la « voyouterie ». Il présente des dispositions pour le métier : il est courageux, violent et sans pitié, mais aussi réfléchi et calculateur.
En 1953, se produit un épisode qui va marquer les esprits. Gaston Defferre se présente aux municipales, sous les couleurs de la SFIO, pour reconquérir la mairie de Marseille tenue depuis 1945 par le Parti communiste français puis par le Rassemblement du peuple français. Lors d’un meeting, le candidat est acculé par des militants du PCF très hostiles, et son service d’ordre, fourni par les frères Guérini, est sur le point d’être submergé. Zampa, qui en fait partie, brandit alors une mitraillette (en plastique) et tient en respect les manifestants surexcités. Les Guérini parviennent ainsi de justesse à exfiltrer Defferre. L’exploit fait le tour de la cité phocéenne, mais lorsque le futur maire reçoit le jeune homme pour le féliciter, « Tany » lui lance : « Vous êtes en dette avec moi. Ne l’oubliez pas ! » Une réplique de voyou que celui qui deviendra le ministre de l’Intérieur de François Mitterrand en 1981 gardera en mémoire lorsqu’il le fera poursuivre et arrêter trois ans plus tard.

Du gros calibre pour « le Libanais », membre du clan de Tany, trop gourmand. © PIERRE CIOT / AFP
Le Marseille d’après-guerre, c’est la belle époque pour le milieu : prostitution, jeux, marché noir, reconstruction avec l’aide américaine du plan Marshall, racket et premières filières de la drogue. Gaëtan va prospérer sur ce terreau fertile solidement tenu par le milieu local traditionnel, que tente d’infiltrer la Camorra. Pour éviter un affrontement fratricide, les Italiens décident finalement d’aller tenter leur chance dans la capitale. En 1955, la bande des Trois Canards, du nom d’un cabaret parisien, accueille ce fils de Napolitain peu loquace mais efficace, qui va faire ses classes dans le racket des boîtes de nuit à Pigalle. Avec habileté et férocité, il s’impose dans le business préféré de la mafia, la « protection », jusqu’à diriger la redoutable bande des « Napos ». Marcel Francisci, l’empereur des cercles de jeu, impressionné par ses talents, lui confie la gérance du Cercle Montmartre. Zampa garde néanmoins un pied à Marseille où il est devenu le propriétaire du Réal, un hôtel de passe.
En 1967, Antoine Guérini est abattu, vraisemblablement par Jacky Imbert dit « le Mat », sur ordre de son ami Tany
Mais il n’a pas vocation à devenir un « rentier » du crime organisé, il vise l’aristocratie. Dans la nuit du 31 décembre 1960, Tany réalise un casse mémorable à la Caisse d’allocations familiales des Bouches-du-Rhône, qui lui rapporte un butin de 160 millions de francs... et son inscription au fichier du grand banditisme en tant qu’un des « chefs de la pègre marseillaise ». Ce n’est un secret pour personne que Zampa est l’organisateur du casse, mais aucune preuve ne peut être retenue contre lui.
En 1965, Robert Blémant, ancien commissaire de la Direction de la surveillance du territoire (DST) reconverti dans le crime organisé à Paris, est assassiné sur ordre d’Antoine Guérini. Ce Corse, associé de Marcel Francisci, tente de s’implanter à Marseille avec l’aide de Gaëtan Zampa. Dans le même temps, une « dénonciation anonyme » permet à la police au cours d’« un banal contrôle » sur le Vieux-Port, de découvrir des armes dans la Jaguar de Tany, qui est « lourdement » condamné à six ans de détention pour ce délit et incarcéré à la prison de Haguenau. Il y épouse une jeune Marseillaise, Christiane Convers, en 1966, et fait (déjà) une série de tentatives de suicide qui mèneront à son internement psychiatrique à l’hôpital de Strasbourg, en 1968. Dès lors, Il effectue le tour des maisons d’arrêt : il sera successivement détenu à l’hôpital des prisons de Fresnes, à la prison de la Santé à Paris, et à la centrale de Poissy. Ça ne l’empêche pas de continuer à diriger ses affaires.

Des fleurs et des couronnes pour la fin d’une époque. © GARRIGUE XYZ/SIPA
En 1967, Antoine Guérini est abattu, vraisemblablement par Jacky Imbert dit « le Mat », sur ordre de son ami Tany et avec la bénédiction du milieu qui n’a pas pardonné le meurtre de Blémant. C’est le début de la fin pour le clan Guérini qui se fait dépouiller de ses fleurons à Marseille par le trio constitué de Zampa (depuis sa prison), de Jacky le Mat et d’un troisième larron, Francis Vanverberghe, dit « le Belge », tous vétérans de la bande des Trois Canards. La libération de Gaëtan Zampa en 1970 – il est cependant interdit de séjour à Marseille – va provoquer une redistribution des ressources dans l’empire du crime. L’histoire se répète indéfiniment, toujours selon le même scénario, seuls les protagonistes changent au fur et à mesure que leur nom est gravé sur les stèles des cimetières.
Le Grand et le Belge s’embrouillent à propos d’une cargaison d’héroïne et la guerre éclate. Zampa tire le premier et fait abattre plusieurs hommes du Belge qui riposte en faisant exécuter les tireurs. Zampa réagit en tuant successivement trois hommes de Vanverberghe. L’affrontement atteint son point culminant en mars 1973 avec la fusillade du Tanagra. Une équipe du Belge, lourdement armée, fait irruption dans le bar, tuant trois hommes dont Lomini, un lieutenant de Tany, et la gérante. Francis Vanverberghe est arrêté à Paris, inculpé pour des délits mineurs et condamné à trois ans de prison. Il en fera onze après avoir été condamné, pendant sa détention, pour trafic de drogue sur dénonciation d’un repenti aux Etats-Unis. Pendant le conflit qui l’opposait au Belge, Gaëtan Zampa s’était prudemment réfugié en Italie. Il aurait mieux fait d’y rester : dès son retour à Marseille, les policiers l’arrêtent en possession d’un « malheureux » Smith & Wesson qui l’expédie huit mois aux Baumettes.
Le Grand se méfie dorénavant autant de ses amis que des forces de l’ordre. Jacky Imbert, qui s’était « retiré des affaires », sort de sa retraite et se lance dans le milieu hippique. L’ancien jockey, associé à Pierre-Désiré Allaire, s’est reconverti dans l’élevage et l’entraînement de chevaux de trot attelé, fondant un haras près d’Aix-en-Provence où Alain Delon et Mireille Darc ont mis en pension 15 pur-sang. Imbert s’y illustre en gagnant 29 courses comme gentleman driver et devient champion de France de sulky en 1973. Las, en décembre de la même année, il est chassé des hippodromes après le scandale d’une course truquée, le prix Bride abattue (le bien nommé), où 22 parieurs – dont lui-même – se sont partagé un gain de 5 millions de francs en misant sur la victoire de trois tocards.
Le Mat revient à Marseille. Zampa prend rapidement ombrage des velléités de son ex-associé et, quelques embrouilles plus tard, décide de résoudre définitivement le problème. Le 1er février 1977, trois motards criblent Jacky Imbert de balles, à Cassis, alors qu’il descend de sa BMW et le laissent pour mort. Mais l’un des tireurs relève la visière de son casque avant de redémarrer : c’est Tany Zampa. Or Jacky respire encore. Il est opéré en urgence à l’hôpital de la Timone. Les chirurgiens retirent 22 balles de son corps et le miraculé y gagne un nouveau surnom : « l’Immortel ».
Zampa, lui, est passé en mode clandestin. Le loup se sent traqué. Il ne dort plus deux fois dans le même lit, se fait accompagner d’une escorte armée pour ses déplacements et effectue de fréquents séjours en Italie. Le mitan marseillais retient son souffle.
Pierre Michel est assassiné, lui aussi, le 21 octobre 1981 alors qu’il circule à moto boulevard Michelet
Le Mat termine à peine sa convalescence que la guerre éclate le 3 mars 1977 avec le meurtre de Gaby Regazzi – l’un des trois motards –, abattu sur la tombe de son fils. Les morts s’entassent des deux côtés. Jacky est arrêté alors qu’il se trouve, armé, à proximité du domicile de Gaëtan. Pendant les six mois d’incarcération que lui vaut son arrestation, les hostilités se poursuivent. En un an, douze hommes seront victimes de cet affrontement fratricide sous le regard goguenard des policiers, qui s’en frottent les mains. A sa sortie de prison, Imbert met les voiles à bord de son bateau « Le Kallisté ». Il investit dans la Caraïbe et en Italie, loin de Marseille où Tany Zampa semble avoir gagné la partie. Mais le dernier soubresaut de leur conflit sera sanglant. Le 3 octobre 1978, dix personnes sont froidement abattues dans le Bar du Téléphone par trois hommes encagoulés. Ce massacre provoque le départ instantané de toute la voyoucratie marseillaise, qui file se mettre au vert. Qui a fait le coup ? Sur les dix hommes assassinés, seuls quatre sont connus des services de police pour des délits mineurs, les autres sont des consommateurs, et le patron du bar n’est qu’un simple commerçant. Malgré les efforts des enquêteurs, cette tuerie reste inexpliquée, il n’y a pas la moindre rumeur parmi les indics, ni la moindre piste. Le milieu semble tout aussi tétanisé que la criminelle. Parmi toutes les hypothèses, la plus simple est la plus vraisemblable : il pourrait s’agir d’une bavure. Des tireurs mal renseignés, une erreur de localisation ou de cibles… Il y a bien des bavures policières, aucune raison que les voyous soient plus à l’abri.
Cependant, le magistrat chargé d’instruire l’affaire n’aura jamais le loisir de clore son dossier. Pierre Michel est assassiné, lui aussi, le 21 octobre 1981 alors qu’il circule à moto boulevard Michelet. Deux motards l’exécutent de trois balles, dont l’une dans la nuque, et parviennent à s’enfuir. Ce juge de choc instruisait les dossiers les plus chauds de Marseille. Ses méthodes musclées, son langage direct, sa connaissance du milieu et son efficacité en faisaient le magistrat le plus craint du gangstérisme. Les pistes ne manquent pas, il y en a même trop. Le juge Michel s’est fait des ennemis mortels dans toute la pègre. Mais de là à le faire assassiner... un tabou a été brisé. Il semblerait que ce soit son acharnement à empêcher une résurgence de la « French Connection » qui lui ait valu sa condamnation à mort. La mafia italienne aurait exigé sa tête. Et, qui est l’œil de la mafia à Marseille, sinon Tany Zampa ? Même si aucun indice n’a pu être relevé contre lui, il est ouvertement désigné comme le commanditaire du crime. Face à ces accusations, Zampa sort du bois et poursuit en justice tous ceux, journalistes ou écrivains, qui évoquent cette hypothèse. Puis, fidèle à son habitude, il part se réfugier en Italie, laissant son empire fragilisé. Faute de preuve, il n’est pas poursuivi, mais ses jours sont comptés.
Tout comme pour Al Capone, ce sont des délits financiers qui vont faire tomber Tany Zampa
Le 6 octobre 1983, trois hommes à moto abattent Gilbert Hoareau, dit « le Libanais », sur la Canebière. Cet associé de Zampa aurait voulu s’émanciper et l’aurait fait savoir en ouvrant, au rasoir, un large « sourire » sur la gorge d’un des hommes du Grand. Tany n’aurait pas apprécié. Alors que l’enquête criminelle patauge, la brigade financière du SRPJ frappe comme l’éclair. Elle perquisitionne au domicile du mort et c’est le jackpot : une bonne partie de la comptabilité occulte de l’empire Zampa est découverte.
Deux semaines plus tard, 21 personnes, toutes des proches de Tany dont Christiane, sa femme, et Philippe Duteil, son avocat, sont interpellées. Ce coup de filet s’accompagne de perquisitions dans une douzaine d’établissements à la mode contrôlés par Zampa et ses acolytes. Abus de biens sociaux, faux en écriture, infraction sur les sociétés... Ces délits financiers et fiscaux semblent bien dérisoires au vu de la réputation criminelle de leur auteur. Mais, tout comme pour Al Capone à Chicago dans les années 1930, c’est ce qui va faire tomber Tany Zampa. Un mandat d’arrêt international est délivré contre lui. Zampa se rend, ultime tentative pour que sa femme – qu’il avait utilisée comme prête-nom – soit épargnée. Le piège a refermé ses mâchoires d’acier sur la patte du loup. Il n’y survivra pas.
Ce récit est tiré du hors-série de Paris Match "Crimes"

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